ÉCOLOGIE
ACTU
Auteur(s) : MARINE NEVEUX
Le sort de la faune sauvage et des animaux d’élevage était au centre des débats organisés par l’association des Journaliste-écrivains pour la nature et l’écologie début septembre.
Comment faire avancer la condition animale ? », tel était le thème du colloque organisé le 7 septembre, à Paris, par l’association des Journalistes-écrivains pour la nature et l’écologie (JNE) avec le soutien du groupe des Verts-Alliance libre européenne du Parlement européen. L’occasion de débats autour de questions comme : quelles conséquences les découvertes sur la sensibilité animale ont-elles en matière d’éthique ? Comment sensibiliser le public au sort de la faune sauvage ? Comment améliorer celui des animaux d’élevage ? Quels droits pour les animaux ?
Jacques Boutault, maire Europe écologie-les Verts du deuxième arrondissement de Paris, a accueilli les participants en évoquant une « période où l’on parle beaucoup d’écologie, mais où l’on a du mal à la mettre en œuvre de façon concrète et politique ». Alors que l’inquiétude de la sixième extinction des espèces est prégnante, « le monde politique est très en retard ». Allain Bougrain Dubourg, président de la Ligue pour la protection des oiseaux (LPO), s’est ensuite interrogé sur les moyens de sensibiliser le public. « Il y a un moment où l’on ne peut plus cacher la misère sous le tapis, les images choc de l’association L214 ont permis une prise de conscience », a-t-il estimé. « Depuis la marée noire de l’ Erika, je me rends compte de l’individualité de chaque animal », a-t-il ajouté, dénonçant l’habitude qu’ont certains de considérer la faune sauvage « comme une globalité d’espèces, de quotas, de populations ».
Notre confrère Manuel Mersch a abordé le rôle du vétérinaire, garant du lien homme-animal, dans ces changements sociétaux. Président de Véthique, association vétérinaire pour le respect et la dignité animale créée il y a un an et demi, il a souligné que « le vétérinaire est convaincu du devoir de soigner, mais aussi de protéger ». Manuel Mersch a été marqué par la marée noire de l’Amoco Cadiz en 1978, les trafics d’animaux sauvages, la déforestation massive au Cameroun, etc. « Les études vétérinaires ont transformé ma passion en vocation », a-t-il poursuivit. Sa thèse de doctorat sur la réapparition du lynx en France lui a permis d’appréhender l’angle politique et scientifique. « J’ai vu que les affirmations reposaient souvent sur des préjugés. »également vétérinaire pompier, il a insisté sur nos devoirs fondamentaux vis-à-vis de tout animal : intervenir lors d’urgence vitale, être une sentinelle de la faune sauvage, effectuer une biosurveillance en s’intéressant aux facteurs de risques et aux écosystèmes, etc. Les populations sauvages pouvant être révélatrices de problème de santé publique, de pollution, la communication est pour lui essentielle. « Les vétérinaires peuvent être amenés à expliquer la règlementation sur la faune sauvage ». Et de marteler qu’il faut s’adresser au jeune public, réadapter le système scolaire trop tourné vers la dématérialisation et revenir au vivant.
« La souffrance animale est le miroir de ce que nous avons laissé faire. Beaucoup de jeunes s’insurgent contre cela aujourd’hui. » a déclaré Corine Pelluchon, philosophe, pointant une société civile convaincue et des représentants qui ne font rien. Pour elle, la condition animale est « une question philosophique et sociétale ». « Les éleveurs sont aussi victimes du système », a-t-elle ajouté. « Au lieu d’opposer les courants de pensée, il faut les faire se chevaucher, réorienter la PAC [politique agricole commune, NDLR ] et les aides pour le bio. »
éleveur et président de l’association Quand l’abattoir vient à la ferme, Stéphane Dinard a prôné l’abattage à la ferme, pratiqué dans d’autres pays européens. « J’avais le sentiment de ne pas aller au bout de ma démarche d’éleveur et d’abandonner mes animaux quand je les laissais partir à l’abattoir. » L’éleveur s’attache aussi à ce que les animaux vivent en plein-air, que la castration passe par un vétérinaire, que les veaux soient sevrés, etc. « La France est en retard, a-t-il alerté. On relance aussi le pastoralisme. Il faut arrêter l’élevage industriel, consommer moins de viande mais de meilleure qualité. C’est au consommateur de dire quelles sont aujourd’hui ses priorités. »
En France, 80 % des animaux sont en élevage industriel a constaté Léopoldine Charbonneaux de l'association Compassion in World Farming (CIWF). Créée par un éleveur laitier il y a cinquante ans afin d’améliorer l’élevage en faveur du bien-être animal, mais aussi de l’environnement, de la santé publique, de la planète et de la juste répartition des ressources, CIWF travaille à court terme avec les entreprises agro-alimentaires et s’engage sur l’étiquetage du mode d’élevage et l’information du consommateur. Un dernier point qui permettra au public de choisir en connaissance de cause
•