Acheter malin - La Semaine Vétérinaire n° 1777 du 14/09/2018
La Semaine Vétérinaire n° 1777 du 14/09/2018

FINANCES

ÉCO GESTION

Auteur(s) : FRANÇOISE SIGOT  

Au sein des petites cliniques, les achats représentent souvent un poste qui reste à optimiser. En réalisant une analyse fine des besoins et en mettant les fournisseurs en concurrence, voire en se groupant, il est possible de gagner un peu d’argent.

Si beaucoup de dirigeants du secteur vétérinaire comme ailleurs rivalisent d’initiatives pour augmenter leur chiffre d’affaires, bien moins nombreux sont ceux qui pensent à agir sur leurs achats. Pourtant ils représentent en moyenne entre 40 % et 60 % des charges d’une entreprise, et une amélioration des conditions d’achat de 15 % peut générer entre 6 % et 9 % de rentabilité. Cela étant, il convient d’agir avec méthode sur le poste achats afin de ne pas pénaliser la productivité de la clinique ou la qualité des biens et des services vendus.

Identifier les vrais besoins

Avant toute chose, il est nécessaire de se poser et d’analyser ce que l’on achète et surtout pourquoi on l’achète, autrement dit de mener une sorte d’audit des achats de la clinique. « Bien acheter revient à comprendre ce que l’on achète et à acheter au regard de ses besoins », résume Yann Le Coz, expert de la fonction achats, dirigeant de YLC conseil. Cette étape peut être réalisée en interne en mettant simplement en regard achats et besoins et l’inverse. Une fois achevée, cette analyse permettra non seulement d’avoir une idée précise des besoins de la clinique sur chaque poste de charges, mais aussi de pouvoir ensuite dresser la liste des achats véritablement indispensables.

Faire un cahier des charges

En disposant de la liste précise des besoins de la clinique, il sera facile de dresser le cahier des charges des achats à réaliser. Un outil indispensable pour optimiser ses achats. Ce document liste les attentes et les moyens de les satisfaire. Car avant d’entamer des négociations avec ses fournisseurs, il est essentiel de bien cibler ses priorités. « L’aspect financier n’est pas le seul à prendre en compte, car mal acheter peut avoir des répercussions sur la qualité du service rendu aux clients. Il faut donc s’interroger sur les enjeux et les risques d’un achat et définir ensuite le type de produits ou de services qui va répondre à ces attentes », explique Yann Le Coz. En effet, dans le domaine des achats comme ailleurs, le low-cost gagne du terrain, mais mieux vaut parfois miser sur la qualité et la disponibilité des produits plutôt que de voir ses clients déçus et donc partir vers la concurrence.

Faire jouer la concurrence

Vient ensuite l’étape de la négociation avec les fournisseurs. Plusieurs techniques s’affrontent chez les vétérinaires. Sur leur cœur de métier, certains optent sans hésiter pour les centrales d’achats (voir interview ci-dessous). Aujourd’hui environ 60 % de la distribution des médicaments vétérinaires passent par des centrales d’achats et 95 % des vétérinaires s’approvisionnent principalement auprès de ces structures. D’autres préfèrent les centrales de référencement, un regroupement de cliniques qui s’accordent sur leurs besoins et négocient ainsi des quantités importantes. Enfin, certains continuent de conduire des négociations individuelles avec les laboratoires. Des solutions diverses, mais plutôt efficaces, alors que sur les achats ne visant pas directement la pratique du métier, les organisations sont moins ciselées.

Acheter groupés

Pourtant, signer un contrat avec un fournisseur d’énergie ou une société de nettoyage tout comme acheter des articles de papeterie sont aussi optimisables. « Massifier les achats reste la solution la plus avantageuse. De plus en plus d’acteurs proposent ce type de services évitant aux dirigeants de s’organiser en interne pour négocier des achats groupés. De surcroît, nombre d’entre eux se rémunèrent sur les économies générées par leur intervention, donc ces solutions sont très rentables », fait valoir Yann Le Coz. Enfin, il ne faut pas oublier qu’être client procure un certain poids face à son fournisseur. Dès lors, établir une grille d’évaluation de chaque fournisseur permet, chaque année, de faire le point avec lui sur les éléments à améliorer, aussi bien en matière de qualité des produits que de qualité des services.

Pour ceux qui se risquent à l’exercice de la négociation, quelques règles de base : réduire le nombre de fournisseurs, et donc acheter de plus gros volumes chez un ou deux fournisseurs seulement, est en général une source d’économies significatives. L’autre point sur lequel la vigilance est de mise porte sur les tarifs. Il ne suffit pas d’obtenir de belles remises pour faire une affaire. C’est pourquoi le pourcentage de remise doit systématiquement être recalculé en valeur absolue rapporté au montant de son achat. Les enjeux sont importants car les experts considèrent que la différence peut aller de 15 % à 25 % de remise entre un piètre et un brillant négociateur.

TROIS QUESTIONS À NATHALIE LEJEAU 

« UN TRÈS LARGE ÉVENTAIL DE RÉFÉRENCES »

Coopérative vétérinaire fondée en 1972, Centravet livre chaque jour quelque 3 000 structures vétérinaires sur l’ensemble du territoire, y compris dans les Drom-COM. Avec un stock de 15 000 références, cette structure garantit la disponibilité des produits permettant aux vétérinaires d’optimiser leurs achats et leurs stocks. Pouvez-vous nous dresser la carte d’identité de Centravet ?
Nous sommes une coopérative de vétérinaires, grossiste-répartiteur en médicaments et pet food, mais aussi en consommables et matériel médico- chirurgical. Nous sommes présents sur toute la France avec nos 4 établissements pharmaceutiques et nos 3 dépôts d’aliments. Nous avons aujourd’hui plus de 3 500 clients vétérinaires sous contrat.
Comment évoluent les attentes des vétérinaires en matière d’achats ?
Le nombre de références est une véritable attente, mais la disponibilité et les modalités de livraison peut-être plus encore, surtout en zones urbaines où les cliniques ne peuvent pas stocker énormément faute de place. Nous notons également un besoin de simplification des démarches d’achats. C’est notamment dans ce but que nous avons lancé l’interface TransNet. A cela s’ajoute une attente toujours très forte sur les délais de livraison.

Quelles solutions proposez-vous aux vétérinaires pour les accompagner dans l’optimisation de leurs achats ?
Notre objectif est de leur proposer toujours plus
de références et de les aider à optimiser leurs achats avec des outils de suivi. Et ce, en agissant en totale neutralité, car notre vocation n’est pas d’assurer la promotion des produits que nous commercialisons, mais bien de proposer les meilleures conditions d’achat de ces produits. C’est pourquoi, nous leur assurons d’abord un très large éventail de références. A ce jour, nous avons plus de 15 000 produits référencés. Ce chiffre est en constante augmentation. Cette année, 600 nouvelles références sont venues s’ajouter à notre offre. Au-delà du nombre, nous proposons surtout une disponibilité des produits permettant à nos clients de limiter leurs stocks internes, nous avons augmenté notre niveau de stock dans ce sens. Enfin, nous accompagnons également nos clients dans la gestion de leurs stocks, en mettant à leur disposition une interface dont la vocation est de rationaliser l’acte d’achat. Autrement dit, cet outil leur permet de consulter en temps réel l’ensemble des références de notre catalogue, leurs disponibilités, les promotions proposées par les laboratoires et surtout d’avoir l’historique de leurs commandes. Reste bien évidemment la politique commerciale, qui, chez nous, passe par des remises en fin d’année calculées en fonction du chiffre d’affaires, hors antibiotiques, et une remise à taux fixe correspondant à la redistribution des résultats de la coopérative.