Désobéissance civile

Avec sa sélection au Festival de Cannes, le film Libre a bénéficié d’un coup de projecteur inespéré. Ironiquement, c’est dans la même ville que quelques mois plus tôt, Cédric Herrou était menotté et embarqué par la police. Figure emblématique de l’aide aux migrants à la frontière franco-italienne, il est le personnage central de ce documentaire. Voisin et ami du cultivateur, le réalisateur Michel Toesca a accompagné son combat pendant trois ans : l’hébergement des premiers réfugiés arrivés à pied dans son exploitation de la vallée de la Roya (Alpes-Maritimes), puis, le flux s’intensifiant, sa ténacité à continuer de leur porter assistance en dépit de l’obstruction exercée par les instances administratives, sa condamnation enfin par la cour d’appel d’Aix-en-Provence et le verrouillage de la zone. Partie prenante de cette aventure qui a dû s’organiser en bravant des pouvoirs publics sous l’autorité d’un préfet zélé, lui-même condamné deux fois pour violation du droit d’asile, le film, moins militant que témoin, montre la détermination d’un héros ordinaire, qui ne cède rien de ce qu’il juge humainement légitime. En faisant le portrait en action de cette liberté, le documentaire prend aussi celle de ne pas se soucier de la forme. Le citoyen – plus que le cinéphile – y fera l’expérience vivante d’un engagement collectif (que l’on pensait éteint) dont la sincérité humaniste est manifeste. En neutralisant en juillet le délit de solidarité, le Conseil constitutionnel a semblé lui donner raison.
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Libre, de Michel Toesca, France, 1 h 40, sortie le 26 septembre.