Flunixine : que faire de vos stocks ? - La Semaine Vétérinaire n° 1777 du 14/09/2018
La Semaine Vétérinaire n° 1777 du 14/09/2018

MÉDICAMENTS VÉTÉRINAIRES

ACTU

Auteur(s) : MICHAELLA IGOHO-MORADEL 

En cas de suspension d’autorisation de mise sur le marché, le vétérinaire qui choisit d’utiliser ses stocks engage sa responsabilité. Exemple.

Entre fin juillet et début août, l'Agence nationale du médicament vétérinaire (ANMV) a suspendu pour 12 mois, les autorisations de mise sur le marché (AMM) de 12 médicaments vétérinaires contenant de la diéthanolamine comme excipient. Les centrales d’achat et les dépositaires ont été invités à retourner leurs stocks de neuf solutions injectables de flunixine seule : Finadyne de MSD et ses huit génériques, Antalzem® (Virbac), Cronyxin® (Bimeda), Fluniject® (Axience), Flunixine 5 % Norbrook, Flunixyl® (Audevard), Genixine® (Ceva), Meflosyl® (Zoetis), Wellicox® (Ceva). Et trois solutions injectables en associations : Duoprim® (MSD), à base de sulfadoxine et de triméthoprime, Primazine® (Biové), à base de sulfadiazine et de triméthoprime, Tribrissen® injectable (MSD), à base de sulfaméthoxypyridazine et de triméthoprime. Les vétérinaires ne sont pas concernés par cette mesure. S’est alors posée la question du sort des stocks détenus par les praticiens. Peuvent-ils ou non légalement détenir, prescrire et utiliser les médicaments en leur possession ?

La responsabilité du vétérinaire engagé

Interrogée par le Syndicat national des vétérinaires d’exercice libéral (SNVEL) sur le sort des médicaments encore détenus par les vétérinaires, l’ANMV rappelle que l’article L.234-2 du Code rural et de la pêche maritime prévoit notamment qu’un médicament vétérinaire soumis à une AMM ne peut être administré à un animal que si cette autorisation a été délivrée et dans les conditions prévues par elle ou par la prescription d’un vétérinaire. Concrètement, cela signifie qu’un médicament sans AMM ne peut pas être administré par un vétérinaire sauf s’il s’agit d’une préparation magistrale. Ainsi, le produit industriel qui a des propriétés pharmaceutiques doit disposer d’une AMM pour être utilisé, que ce soit par le vétérinaire ou l’éleveur. En théorie, dans le cas précis de cette décision touchant certains produits à base de flunixine, il est à noter aussi que l’absence de rappel de lots de l’agence jusqu’au vétérinaire ne signifie pas que le praticien peut utiliser ces médicaments. L’agence n’a d’ailleurs pas encouragé les vétérinaires à finir leurs stocks. Elle indique au SNVEL que le vétérinaire engage sa responsabilité tant civile que déontologique s’il choisit de prescrire ou d’utiliser les produits qu’il détient. Mais dans la pratique, le vétérinaire a-t-il une marge de manœuvre ?

Des alternatives possibles

Si un vétérinaire possède encore des stocks, il peut choisir de les détruire ou de les retourner au titulaire de l’AMM. Dans le dernier cas, les vétérinaires ont entrepris cette démarche, mais certains d’entre eux ont rencontré des difficultés pour se faire reprendre leurs produits. Il peut aussi décider de les utiliser, et cela sous son entière responsabilité. En cas de contrôle, il devra justifier son choix. Le praticien peut aussi opter pour des solutions alternatives à la flunixine injectable destinés aux bovins, aux équins ou encore aux porcs, disponibles sur le marché. Il s’agit notamment d’anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS) injectables à base d’acide tolfénamique (Tolfine® [Vétoquinol], Tolfedol® [Virbac]), de carprofène (Rimadyl® injectable [Zoetis] et ses génériques), de kétoprofène (Ketofen® injectable [Ceva] et ses génériques), de méloxicam (Metacam® [Boehringer Ingelheim] et ses génériques), de firocoxib (Equioxx® [Merial]). à noter aussi la solution pour on de flunixine, Finadyne® Transdermal (MSD), qui peut constituer une alternative chez les bovins, notamment pour réduire la fièvre associée à une maladie respiratoire. Pour remplacer le Duoprim® (MSD), il existe les médicaments Borgal® (Virbac) et Amphoprim® (Virbac), à base de sulfadoxine et de triméthoprime. À la place du Tribrissen® injectable (MSD), le praticien a à sa disposition le Septotryl® injectable (Vetoquinol) et le Trisulmix® injectable (Boehringer Ingelheim), à base de sulfaméthoxypyridazine et de triméthoprime. Le Diatrim® (Dechra) et le Sulfacycline® (Biové), à base de sulfaméthoxypyridazine et de triméthoprime, sont aussi des alternatives possibles, mais qui ne sont pas référencés en centrales.

Lire aussi :

- La Semaine Vétérinaire n° 1757 du 30/3/2018, page 16, bit.ly/2JHfnJ6.

- La Semaine Vétérinaire n° 1762 du 4/5/2018, page 13, bit.ly/2QHE2RM.