Nous mangeons de moins en moins de viande - La Semaine Vétérinaire n° 1777 du 14/09/2018
La Semaine Vétérinaire n° 1777 du 14/09/2018

ALIMENTATION

ACTU

Auteur(s) : CLOTHILDE BARDE 

Les différentes études récemment publiées concernant la consommation de viande en France arrivent au même constat : les Français mangent globalement moins de viande d’année en année.

Alors qu’il est admis actuellement que certaines maladies (notamment le cancer colorectal) sont liées à une consommation excessive de viande rouge ou de charcuterie1 et que les consommateurs sont de plus en plus sensibles à l’impact de l’élevage, les tendances de consommation de viande par les Français sont régulièrement étudiées. Ainsi, le Centre de recherche pour l’étude et l’observation des conditions de vie (Crédoc)2 a évalué, à la demande de l’Interprofession bétail et viande française (Interbev), la consommation individuelle de produits carnés des Français entre l’automne 2015 et l’été 2016. Ses résultats viennent d’être publiés, ils sont sans appel : la consommation de viande estimée à partir des données individuelles (consommation alimentaire réelle) diminue régulièrement depuis une vingtaine d’années. Cette baisse touche principalement la viande de boucherie (bœuf, veau, agneau, porc frais et viande chevaline), en recul de 12 % en dix ans (58 g par jour en 2007, 46 g en 2016).

Une baisse plus marquée chez les cadres et les ouvriers

Selon les résultats de cette enquête, certaines catégories socioprofessionnelles sont davantage concernées. En effet, la consommation de viandes, chargée de symbolique, semble être devenue un marqueur de niveau social fort. Ces inquiétudes pour la santé, la sensibilisation à l’impact de l’élevage sur l’environnement et la place du bien-être animal sont de plus en plus prégnantes chez les catégories socioprofessionnelles supérieures, leur consommation de viande a, par conséséquent, beaucoup diminué (baisse de 19 % de 2000 à 2016). S’agissant des ouvriers, grands consommateurs depuis plusieurs décennies, on constate aussi une diminution (15 % en dix ans) qui peut alors certainement s’expliquer par une chute de leur pouvoir d’achat.

Des modes de vie en pleine mutation

Dans le même temps, les modes de vie évoluent : les jeunes cuisinent moins que les anciennes générations au même âge. Ceux que l’on appelle les “pressés” sont aujourd’hui les plus gros consommateurs, mais se tournent vers les viandes faciles à préparer et la restauration rapide, seuls secteurs dont les données de consommation progressent (volaille, viande sous forme d’ingrédient ou de viande hachée). À l’inverse, les “gastronomes”, qui ont encore un attrait pour les produits bruts et la cuisine, sont aujourd’hui âgés de 75 ans et plus ; ils ont un peu abandonné les fourneaux.

Une image toujours très positive

Cependant, l’étude révèle que, malgré cette forte baisse de la consommation globale de viande en France, et en particulier de viande bovine, son image demeure très positive auprès des consommateurs. Ainsi, en 2015, 81 % des acheteurs déclaraient avoir une bonne ou une excellente image de la filière viande.

Des résultats concordants

Les données publiées par le ministère de l’Agriculture en juillet dernier3 sur la consommation en 2017 témoignent aussi de cette même tendance. Ainsi, du côté des données d’achats (volume de viande d’un panel de consommateurs, reflet des consommations à domicile), on constate que les volumes de viande dans les paniers des Français ont diminué pour la troisième année consécutive. De plus, les données de “consommation” apparente, dont il est intéressant de voir l’évolution et non la valeur apparente, sont aussi concordants. Les achats sont globalement stables si l’on considère tous les produits carnés et occasions de consommation (domicile et hors foyer). Seule la consommation de viande de volaille, dont la progression est quasiment continue depuis 40 ans, augmente légèrement en 2017 (+ 2,2 %), entraînée par une forte hausse du poulet (+ 4,9 %), tandis que, de son côté, la viande de boucherie connaît une diminution (- 0,8 %), expliquée notamment par les moindres consommations de viande bovine et ovine.

1 Organisation mondiale de la santé : who.int/features/qa/cancer-red-meat/fr.

2 Système d’enquête sur les Comportements et consommations alimentaires en France (CCAF).

3 agreste.agriculture.gouv.fr.