Radiologie numérique : ne pas tomber dans les pièges - La Semaine Vétérinaire n° 1777 du 14/09/2018
La Semaine Vétérinaire n° 1777 du 14/09/2018

CONFÉRENCE

PRATIQUE CANINE

Formation

Auteur(s) : MYLÈNE PANIZO  

Actuellement, près de 80 % des vétérinaires français sont équipés d’une radiographie numérique. Ce système comporte de nombreux avantages par rapport à la radiographie analogique : rapidité d’obtention des images, disparition des problèmes liés au développement, identification, archivage et entretien simplifiés, possibilité de mise en réseau, etc. Cependant, la radiographie numérique présente d’autres contraintes qu’il convient de connaître. Si le numérique simplifie la réalisation des clichés, il ne faut pas oublier qu’il nécessite autant de rayons X que la radiographie conventionnelle. Il est donc essentiel de bien respecter les principes de la radioprotection.

Pièges à éviter lors de l’achat du matériel

Le choix du système doit se faire selon la qualité voulue des images, qui dépend des besoins de la clinique. Les systèmes direct digital radiography (DDR) sont plus performants que les systèmes à cassettes (CR). Il est primordial de prévoir les coûts indirects : écran(s) adapté(s) à la lecture des images, logiciel de mise en réseau, nombre et taille des cassettes (en système CR). Pour un système DR, il est nécessaire de vérifier l’efficacité du traitement d’image, qui efface le rayonnement diffusé (ce qui permet d’enlever la grille antidiffusante). Si le générateur est en fin de vie ou de faible puissance (inférieure à 100 mA), il convient d’en acheter un de haute fréquence (afin de maximiser l’exposition), ce qui représente un coût caché important.

Pièges lors de la réalisation des clichés

Les constantes d’exposition sont à adapter en fonction des régions de l’organisme (milliampères-seconde [mAs] élevés et kilovoltage faible lors de la réalisation d’un cliché abdominal, l’inverse pour une radiographie thoracique). En radiologie numérique, la noirceur de l’image ne dépend pas du niveau d’exposition. La qualité de l’exposition s’évalue en observant le détail des structures moins atténuantes et par la présence éventuelle de bruit sur l’image.

- La surexposition : les régions anatomiques les plus minces apparaissent totalement noires par saturation du détecteur (perte d’informations).

- La sous-exposition : elle donne une image granuleuse, souvent au niveau des tissus mous. Le signal-to-noise ratio (SNR) mesure si le signal nécessaire aux capteurs numériques pour représenter l’échelle des gris est suffisant. Ce dernier dépend du niveau d’exposition. Lorsque le SNR est trop bas, il convient soit d’augmenter l’exposition en doublant les milliampères-seconde, soit de changer de générateur.

Pièges à l’analyse et au post-traitement des images

En numérique, une radiographie trop sombre ou trop claire est due à un mauvais ajustement de la courbe look-up table (LUT), qui correspond à une courbe idéale à laquelle l’image obtenue est comparée. Il convient de faire attention lors de certains traitements d’image, notamment ceux de soustraction qui renforcent les contours mais qui entraînent en même temps une perte de certains détails et une image avec du bruit.

La radiologie numérique permet d’obtenir des nuances de gris plus importantes qu’en radiographie conventionnelle. Afin d’affiner une image affichée sur l’écran, il peut être nécessaire de régler la luminosité (WL-windows level) et le contraste (WW-windows width). En numérique, des détails sont plus perceptibles, ce qui entraîne parfois des erreurs de diagnostic : il y a, par exemple, une tendance générale à surinterpréter des opacifications interstitielles pulmonaires.

Artefacts

- En système CR : une cassette sale, usée, positionnée à l’envers ou doublement exposée peut engendrer des artefacts sur l’image. Si la collimation est trop forte, l’image apparaîtra sombre et granuleuse ; si elle est faible, l’image sera trop claire.

- En système DR : le cache de calibration peut apparaître, la présence d’interférences de radiofréquence induit des lignes sur l’image. Des saletés entre le tube et le détecteur peuvent conduire à des zones radiotransparentes sur l’image.

Hélène Gallois-Bride Praticienne à la clinique Olliolis à Ollioules (Var). Article rédigé d’après une présentation faite au congrès de l’Afvac à Nantes (Loire-Atlantique), en novembre 2017.