PESTE PORCINE AFRICAINE
PRATIQUE MIXTE
L'ACTU
Auteur(s) : TANIT HALFON
Face aux cas de peste porcine africaine signalés en Belgique, la France a mis en place un plan d’actions de prévention, de surveillance et de lutte contre la maladie. Les mesures passent notamment par un renforcement de la surveillance de la faune sauvage, et une sensibilisation des éleveurs.
Le 12 septembre, la Belgique confirmait deux cas de sangliers contaminés par le virus de la peste porcine africaine dans la commune d’Etalle, à proximité des frontières française et luxembourgeoise. Le 24 septembre, le nombre de sangliers infectés passait à 9, selon l’Agence fédérale pour la sécurité de la chaîne alimentaire. Le 13 septembre en France, le ministre en charge de l’Agriculture, Stéphane Travert, appelait à « une mobilisation collective, notamment des éleveurs et des chasseurs, pour éviter l’introduction ou la propagation de cette maladie sur notre territoire ». Ainsi, un plan d’action renforcé et spécifique 1 à la maladie a été mis en place dans les quatre départements proches de la zone infectée, à savoir les Ardennes, la Meuse, la Moselle, et la Meurthe-et-Moselle, avec pour objectif premier la détection précoce de la maladie. Ce plan s’inscrit dans un contexte de préparation croissante de la France face à l’extension de la maladie en Europe. Au printemps, une campagne de sensibilisation à l’intention des voyageurs et des chauffeurs routiers en provenance des pays infectés avait été lancée. Fin juillet, une instruction technique de la Direction générale de l’alimentation (DGAL) faisait le point sur les modalités de dépistage de la maladie, et indiquait qu’un réseau de laboratoires agréés pour la maladie était en cours de construction. Ce dernier est théoriquement prévu pour le mois d’octobre.
Aux mesures générales et habituelles de biosécurité 2 concernant l’ensemble des élevages porcins du territoire national s’ajoute un suivi rapproché des exploitations de la zone d’observation renforcée 3. Les directions départementales de la protection des populations sont ainsi en charge d’informer les éleveurs de la situation en cours en Belgique et de leur rappeler les voies de contamination et les critères de suspicion de la maladie, ainsi que les mesures de biosécurité obligatoires en élevage. Une enquête téléphonique permettra également d’évaluer le niveau de biosécurité de ces élevages. De plus, le vétérinaire sanitaire fait partie intégrante du processus de surveillance. La DGAL prévoit ainsi une visite obligatoire du praticien dans les élevages porcins de la zone, avec pour objectif de contrôler la mise en œuvre des mesures de biosécurité. En outre, il devra contacter une fois par semaine ses éleveurs afin de s’assurer de l’absence de signes cliniques évocateurs et/ou de mortalité. A noter que, dans cette zone, une mortalité d’au moins deux animaux de plus d’un mois sur une période d’une semaine suffit pour déclencher une suspicion.
Côté faune sauvage, les quatre départements passent en niveau de surveillance 2b, du fait de leur proximité géographique avec la zone touchée en Belgique 4. Cela implique un renforcement de la surveillance évènementielle, notamment sur les zones à risque et de regroupements d’animaux (forêts, points d’eau), via l’élargissement du réseau des observateurs de terrain aux fédérations de pêcheurs, aux forestiers et aux associations de protection de la nature. Un renforcement de la collecte des cadavres est aussi prévu, tous ceux signalés devant être obligatoirement traités. En pratique, pour chaque commune, des personnes désignées par les fédérations de chasseurs et l’Office nationale de la chasse et de la faune sauvage devront patrouiller une fois par semaine, pendant quatre semaines. En cas de découverte de cadavre, les prélèvements devront être réalisés sur place. En parallèle, la chasse au sanglier et aux cervidés et les lâchers de grands ongulés sont suspendus. Pour finir, des actions de sensibilisation des chasseurs et des promeneurs sont prévues dans les quatre départements concernés.
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1 Le plan d’action renforcé et spécifique a été validé le 14 septembre par le comité de pilotage sanitaire porcin et les membres du Comité national d’orientation de la politique sanitaire animale et végétale. (CNOPSAV).
2 https://bit.ly/2xNiKts.
3 https://bit.ly/2OP2ek5.
4 https://bit.ly/2pC8UH3.