Les chiffres clés de l’activité vétérinaire - La Semaine Vétérinaire n° 1779 du 28/09/2018
La Semaine Vétérinaire n° 1779 du 28/09/2018

BAROMÈTRE DE L’ÉCONOMIE

DOSSIER

Auteur(s) : PAR MARINE NEVEUX 

Ce dossier s’appuie sur le baromètre annuel réalisé par La Semaine Vétérinaire , l’annuaire Roy et Ergone, association de vétérinaires entrepreneurs. Suivre l’évolution des structures et les tendances pour la profession est essentiel.

Le moral de la profession est majoritairement bon au regard de la situation en France. 73,7 % des praticiens interrogés se disent “plutôt optimistes” ou “optimistes” (infographie 1). Les chiffres d’affaires (CA) 2018 sont attendus en hausse ou devraient être maintenus dans la majorité des cas, avec la volonté annoncée de développer de nouveaux services. Les 145 praticiens qui ont répondu à notre sondage réalisé en partenariat avec Ergone, association dont la vocation est d’encourager l’esprit d’entreprise vétérinaire, sont, dans l’ensemble, confiants en l’avenir. Les plus pessimistes pointent la lourdeur des charges fiscales et administratives et le manque de temps pour soi. La gestion du personnel ou la difficulté à recruter plombe parfois aussi le moral.

Des chiffres d’affaires en hausse ou maintenus

Les CA sont, pour la plupart, maintenus ou en hausse (infographies 2 à 5). Les grandes structures tirent encore mieux leur épingle du jeu que les petites. Et les tranches de CA sont plus élevées pour les structures mixtes. La part du CA du médicament est aussi liée à l’activité (infographie 6 et 7).

Des praticiens entreprenants

Les nouveaux services

28,2 % des praticiens ont mis en place de nouveaux services en 2017, et pour 44 % d’entre eux le bilan de l’action est positif ; il est neutre pour 54,9 %.

Avant fin 2018, 32,6 % comptent intégrer de nouveaux services et 42,4 % ne se sont pas encore décidés. Ils sont moins nombreux en canine à envisager cette évolution (30,5 %).

Les plans de prévention sont régulièrement cités comme nouveautés. Les services bénéficient aussi de l’investissement dans le plateau technique : imagerie scanner, laser, cœlioscopie, échocardiographie, endoscopie, etc.

Des confrères développent également le parage en rurale, la consultation féline spécialisée, la formation pour les référents, l’ostéopathie, des audits biosécurité, le service de vaccination en élevage, le bilan junior et le bilan senior, la consultation en nutrition, l’acupuncture, etc.

Un investissement est envisagé dans le matériel en 2018, majoritairement dans l’amélioration du plateau technique (44,1 %), le réaménagement de la structure (22,4 %), dans un ou plusieurs véhicules (10,5 %) ou même dans une structure neuve (9,1 %). Un tiers des répondants ne le prévoient pas.

Regroupement

Les deux tiers des répondants à l’enquête adhèrent à une structure de regroupement d’achat, un quart y est opposé et environ 9 % ne sait comment s’y prendre (infographie 8).

14,3 % pensent se regrouper avec d’autres structures. Les objectifs sont alors, en général, un transfert du patrimoine professionnel vers du patrimoine privé (33,3 %), un refinancement de l’existant (22,2 %) ou encore le financement d’une croissance externe ou interne.

L’apport de capitaux extérieurs

12 % ont déjà été contactés par des apporteurs de capitaux extérieurs. Les capitaux investis dans les cliniques vétérinaires suscitent majoritairement une opposition pour 31,9 % des sondés, 31,2 % “demandent à voir” et 20,6 % estiment que cela peut être une solution pour la transmission (infographie 9).

La problématique de la transmission se pose à moyen terme pour 44,3 %, à court terme pour 22,1 % et pas du tout pour un tiers des confrères.

Recrutement et outils de fidélisation

Les difficultés de recrutement persistent : 61,7 % des vétérinaires interrogés sont confrontés à cette problématique au sein de leur structure (infographie 10). Elle est plus marquée dans les structures mixtes-rurales, qui rencontrent des difficultés “assez souvent” à 65,6 %. Globalement, 38 % ont pourtant fait évoluer leur processus de recrutement (infographie 11), et même 46,9 % dans les structures mixtes rurales. Ces dernières ont surtout recours aux réseaux sociaux (80,4 %) et à l’accueil de stagiaires (69,6 %).

En outre, 59 % ont mis en place des outils de fidélisation des employés (infographie 12), ce chiffre s’élevant même à 68,8 % dans les structures en pratique mixte-rurale, sans doute désireuses de garder leurs perles rares une fois passée la difficile étape du recrutement. Les actions de fidélisation comprennent en premier lieu (infographie 13) : la formation (64,6 %), l’évolution salariale (51,2 %), l’intéressement (43,9 %). Pour les structures en pratique mixte-rurale, le quatuor de tête se répartit même ainsi : formation (81,8 %), évolution salariale (54,5 %), intéressement (50 %), partage des contraintes professionnelles (40,9 %).

Ce souhait de fidélisation de l’équipe s’exprime aussi à travers plusieurs attentions, comme l’indiquent des confrères : convivialité dans l’équipe, restaurant d’entreprise, “tout gratuit” pour les animaux des membres de l’équipe, chèques-vacances ou cadeaux, participation, mutuelle santé, plan d’épargne entreprise (PEE), plan d’épargne pour la retraite collectif (Perco), calendrier modulable, primes, cadeaux, écoute et empathie, Ticket Restaurant®, convivialité, transparence.

Gardes et astreintes

En structure mixte-rurale, les gardes et astreintes sont majoritairement assurées par l’équipe vétérinaire (78,8 %) et seulement pour 3 % via la participation à un service de garde organisé avec plusieurs confrères voisins. Alors qu’en canine 17,2 % les assurent eux-mêmes, 39,8 % les délèguent à une équipe vétérinaire ou à un service organisé, et 36,3 % participent à un service de garde organisé avec plusieurs confrères voisins.

Internet

Les confrères sont de plus en plus sensibilisés à Internet. La moitié y voit une opportunité de communication (infographie 14).

Les 145 réponses exploitables pour le baromètre annuel économique réalisé par les équipes de La Semaine Vétérinaireet de l’annuaire Roy, avec le concours de l’association Ergone, ont été recueillies en mai dernier auprès de praticiens, toutes activités vétérinaires confondues.

TÉMOIGNAGES 

« Même si je suis optimiste et si j’ai une équipe top, toutes les contraintes réglementaires me donnent parfois envie d’arrêter l’activité. »

« Après un investissement matériel important fin 2016, nous avons connu une baisse de chiffre d’affaires après l’installation de deux concurrents, mais les clients reviennent et nous avons refait des investissements et des formations début 2017 (surtout pour l’intérêt intellectuel, même si l’intérêt économique n’est pas absent). Mais heureusement que nous n’avons plus d’emprunts et pas besoin de gros revenus pour vivre. »

« Je suis de nature optimiste, même si la législation et la gestion du personnel m’épuisent. »
« Nous venons d’ouvrir une nouvelle structure et nous débordons de travail (notamment administratif), donc nous abordons les problèmes les uns après les autres. »

« Nous connaissons une croissance autour de 8 % depuis des années et nous sommes toujours aussi heureux de pratiquer, même à l’âge de la retraite. Nous exerçons le plus beau métier du monde, seules les contraintes administratives et comptables plombent notre l’enthousiasme ! »

« J’en ai marre de travailler depuis 30 ans et de voir que plus j’avance et moins il y a de relève… Pour faire le travail que je fais et que j’ai fait depuis des années, il faudrait maintenant
deux à trois vétérinaires à ma place… (je travaille entre 60 et 120 heures par semaine). Maintenant c’est 35 heures ou moins et sans garde… Bisounours ! »

Le regroupement de structure devrait améliorer l’évolution de notre activité. Nous allons emménager dans de nouveaux locaux ; c’est une source de motivation et probablement d’augmentation de l’activité. Nous serons confrontés à la problématique d’un éventuel recrutement. »

« Il y a beaucoup trop de contraintes administratives et financières, un alourdissement conséquent de la charge de travail pesant sur le chef d’entreprise. »

« J’espère que la crise de l’influenza aviaire n’est qu’un lointain souvenir ! »
« Le modèle économique actuel est d’avoir un grand territoire servi de notre mieux par des actes et des gardes souvent peu rentables, mais permettant
la vente de médicaments ; l’investissement humain
n’est rentable actuellement que grâce à ces ventes qui risquent de diminuer plus que d’augmenter. »
« 70 % de mes bénéfices sont repris l’année suivante par l’Urssaf, la Caisse autonome de retraite et de prévoyance des vétérinaires (CARPV) et la caisse maladie, sans compter les impôts… »

« J’aimerais lever un peu le pied mais je ne vois pas comment. »