VIRUS DE SCHMALLENBERG
PRATIQUE MIXTE
L'ACTU
Auteur(s) : CLOTHILDE BARDE
La plateforme d’épidémiosurveillance de santé animale (ESA) vient de publier un bilan saisonnier de la circulation du virus de Schmallenberg, responsable de malformations graves chez les ruminants. Un état des lieux positif qui l’amène à préconiser une suspension de son dispositif de surveillance.
Identifié pour la première fois en Allemagne, en novembre 20111, le virus de Schmallenberg (SBV) se manifeste généralement chez les ruminants par des malformations graves, formes congénitales de la maladie (SBV congénital) qui résultent d’une infection in utero. Or, comme cette forme clinique se transmet essentiellement par des vecteurs culicoïdes, la surveillance de la maladie doit avoir lieu pendant la “saison vectorielle” de circulation du virus, c’est-à-dire du printemps à l’automne.
Face à une menace clinique persistante, la surveillance événementielle du SBV congénital, qui avait débuté au début du mois de janvier 2012 dans le cadre de la plateforme d’épidémiosurveillance en santé animale (ESA)2, s’est poursuivie jusqu’à nos jours. Cette dernière a permis, chaque année pendant la période d’activité des vecteurs, de détecter le virus chez des veaux, des agneaux et des chevreaux malformés avec quelques fluctuations du nombre de cas suivant les années. Ainsi, en 2011 et 2012 le virus avait circulé de façon plus intense qu’en 2013, ce qui s’explique probablement par la proportion importante d’animaux infectés (et donc immunisés) en 2011 et 2012. Puis, en 2014, dans un contexte de circulation à bas bruit et avec le risque de flambées épizootiques dues notamment à une baisse d’immunité dans la population et au renouvellement des troupeaux, il a été décidé de maintenir une surveillance a minima (par des vétérinaires sentinelles) pour la saison 2015-2016. Les résultats ont alors montré une circulation de faible intensité en 2015, puis plus intense en 2016. Les enquêtes de surveillance d’élevage considérés comme “cliniquement atteint” (au moins une malformation caractéristique observée sans nécessitée de confirmation biologique) ont par conséquent été poursuivies pour la saison dernière (de septembre 2017 à 2018) en s’appuyant sur un réseau de vétérinaires sentinelles – un praticien par (ancienne) région – et grâce aux retours informels (via les réseaux des groupements de défense sanitaire et des vétérinaires non sentinelles).
Au cours de cette enquête, des formes cliniques de SBV congénital (principalement arthrogrypose d’une ou plusieurs articulations) ont été observées dans 21 élevages de bovins et 1 élevage d’ovins (dont 7 par les vétérinaires sentinelles) tandis que, lors de la saison précédente, 42 élevages cliniquement atteints avaient été rapportés par les vétérinaires sentinelles. Les experts ont pu en conclure que le virus avait du circuler de façon moins intense cette année, un résultat conforté par un plus faible nombre de remontées d’informations informelles pour la saison de surveillance 2017-2018. Cependant, au vu de la non exhaustivité des déclarations et de l’absence de vétérinaires sentinelles dans deux régions, le nombre d’élevages atteints a certainement été sous estimé. Par ailleurs, le virus a probablement circulé sur l’ensemble du territoire métropolitain (présence du virus dans 12 régions françaises), et ce, notamment, pendant la période hivernale, comme cela avait déjà été observé les années précédentes (découverte de veaux malformés fin juin 2018).
Ces résultats semblent donc indiquer que le virus a circulé à bas bruit sur une grande partie du territoire métropolitain. Cependant, compte tenu de l’absence de mesures de prévention disponibles vis-à-vis de cette maladie et des connaissances déjà acquises, les experts ont proposé que le dispositif de surveillance du SBV congénital soit désormais « mis “en dormance” (avec possibilité de réactivation de la thématique si un changement important dans l’épidémiologie de la maladie se produisait) » tout en maintenant en parallèle une vigilance informelle de l’ESA.
•
1 Note de service DGAL/SDSPA/N2012-8007 du 4 janvier 2012.