PROFESSION
ACTU
Auteur(s) : MICHAELLA IGOHO-MORADEL
Le secteur d’activité vétérinaire, porté par les animaux de compagnie, enregistre une hausse de 3,6 % par an entre 2000 et 2016, selon l’Insee.
Le secteur d’activité vétérinaire est dynamique. Cette branche, créatrice d’emplois, a progressé de 3,6 % par an entre 2000 et 2016. À en croire les données publiées dans une étude1 de l’Institut national de la statistique et des études économiques (Insee), le 3 octobre, cette croissance est principalement portée par la médecine des animaux de compagnie. Les prix des services vétérinaires qui leur sont destinés ont progressé de 2 % en moyenne entre 2000 et 2016. Les Français apportent aussi de plus en plus d’importance aux soins de leurs compagnons à quatre pattes. À noter aussi que la France regroupe la plus grande population d’animaux de compagnie dans l’Union européenne. Leur nombre y augmente de façon constante (0,8 % en moyenne annuelle). Cet engouement est d’ailleurs confirmé par le succès des programmes télévisés dédiés au quotidien des vétérinaires. À l’inverse, les vétérinaires ruraux dégringolent. C’est sans surprise que l’Insee relève que leur activité décroît depuis 2008. Autre constat, la profession se féminise (encadré). L’institut note que 72 % des diplômés primo-inscrits à l’Ordre des vétérinaires en 2016 sont des femmes.
En 2016, le secteur d’activité vétérinaire a généré un chiffre d’affaires de 3,6 milliards hors taxes, soit une progression de 3,6 % par an entre 2000 et 2016. Une progression qui repose largement sur l’activité liée aux soins des animaux de compagnie (deux tiers de l’activité). Cette branche connaît, à elle seule, une croissance de 4,8 % en moyenne par an. Une dynamique également portée par la demande des ménages. Entre 2000 et 2016, leurs dépenses vétérinaires représentent respectivement 0,17 % et 0,24 % de leur budget. Les chiffres affinés de l’Insee révèlent que la médecine féline constitue une activité importante (31 % des ventes) en raison de la forte population de chats au sein des foyers. La médecine canine la talonne avec 28 % des ventes. Toutefois, l’Insee indique que cet écart n’est pas très représentatif, car « les frais vétérinaires moyens par chien sont sensiblement plus importants que ceux par chat ». Pour l’institut, la population des félins représente le double de celle des canidés, ce qui explique la part croissante des soins aux chats. Autre tendance, l’activité des nouveaux animaux de compagnie est en croissance, bien qu’elle soit plus faible (7 %) que celles des autres animaux de compagnie, et sa progression semble prometteuse.
A contrario, les vétérinaires ruraux peinent à tirer leur épingle du jeu. Depuis 2008, ce secteur d’activité décline « aussi bien en valeur qu’en volume, en raison de la baisse du cheptel français ». Cette baisse est constante malgré « les crises sanitaires qui entraînent occasionnellement des pics d’activité ». Pourtant, l’Insee note que parmi les animaux de rente, les bovins représentent une part importante de l’activité des vétérinaires ruraux (80 % de leur chiffre d’affaires et 23 % de celui du secteur vétérinaire), bien avant les autres espèces (porcins, volailles, caprins, ovins et lapins). « Le cheptel français, notamment bovin, porcin et avicole, est davantage présent dans le quart nord-ouest de la France et dans le Massif central. Ainsi, 16 % du chiffre d’affaires des vétérinaires ruraux est réalisé en Bretagne, 15 % en Auvergne-Rhône-Alpes, 13 % dans les Pays de la Loire, 12 % en Nouvelle-Aquitaine et 9 % en Normandie », relève l’Insee. Mais pour les vétérinaires ruraux, la vente de médicaments vétérinaires, qui représente 80 % de leur chiffre d’affaires, ne suffit pas à inverser la tendance. Cette part atteint 95 % du chiffre d’affaires lié aux porcins et aux volailles, contre 75 % pour les bovins. Selon l’Insee, « la hausse continue des prix, notamment ceux des médicaments vétérinaires, ne compense pas le recul de l’activité en volume. » L’activité équine n’est pas en reste. Cette dernière, qui représente 6 % du chiffre d’affaires du secteur vétérinaire, est réalisée par des structures et des « praticiens plus diversifiés ». « Le budget moyen par animal est élevé ; en effet, l’investissement qu’il représente pour son propriétaire est important et les opérations délicates, comme le poulinage, sont onéreuses », souligne l’étude.
Fin 2016, le secteur vétérinaire compte 17 450 salariés (vétérinaires salariés, auxiliaires vétérinaires et autres employés-ouvriers), soit une hausse de 17 % par rapport à 2009. 18 400 vétérinaires exercent dans le secteur, dont 12 900 à titre libéral (non-salariés) : 9 100 associés gérants de sociétés et 4 200 entrepreneurs individuels. Les entreprises individuelles, 55 % des structures, restent majoritaires. Selon l’Insee, ce statut juridique représente 20 % du chiffre d’affaires et des salariés du secteur. Mais cette tendance est à la baisse au profit de la forme sociétale. Les sociétés d’exercice libéral (SEL) rencontrent un fort succès et se sont fortement développées au détriment des sociétés civiles professionnelles (SCP) et des autres formes de sociétés. En 2016, ces structures (SEL) ont réalisé 40 % du chiffre d’affaires du secteur, contre 7 % en 2003. L’institut explique cette réussite des SEL par «
les avantages offerts : facilitation de l’exercice en commun, de la transmission, exploitation de plusieurs domiciles professionnels d’exercice (DPE), possibilité pour un vétérinaire d’exercer dans plusieurs SEL, ouverture du capital à des associés non vétérinaires restant minoritaires
». Pour ces sociétés, une partie de la rémunération des dirigeants peut figurer comptablement dans les frais de personnel. Ce qui explique un taux de marge brut (8 % en 2016) moindre par rapport aux entreprises individuelles (27 %) ou aux SCP (32 %).
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LA PROFESSION SE FÉMINISE