60 Millions de consommateurs dresse un état des lieux sans concession de l’élevage en France - La Semaine Vétérinaire n° 1781 du 11/10/2018
La Semaine Vétérinaire n° 1781 du 11/10/2018

BIEN-ÊTRE ANIMAL

ACTU

Auteur(s) : LORENZA RICHARD 

Dans son hors-série « Bien-être animal, ces vérités que l’on vous cache » , le magazine dénonce l’insuffisance de considération des besoins des animaux, d’élevage comme de compagnie, de laboratoire et de cirque.

Le milieu de l’élevage est essentiellement mis à mal, par l’énumération de pratiques considérées comme maltraitantes. L’enquête de 60 Millions de consommateurs, publiée dans son hors-série de novembre-décembre 2018, montre qu’il est impossible pour toutes les espèces élevées dans des conditions intensives d’exprimer leur comportement naturel et de ne pas ressentir de la douleur ou du stress, alors que cela fait partie des cinq libertés fondamentales pour le bien-être animal établies par le Farm Animal Welfare Council (FAWC).

La filière porcine est particulièrement pointée du doigt, à la fois pour ses pratiques, les conditions de vie des animaux, et le manque d’implication des industriels dans des démarches favorisant le bien-être des porcs. L’enquête souligne toutefois une évolution de la filière agroalimentaire dans son ensemble, qui met en place des chartes sur le bien-être animal. Le magazine pointe également les efforts en faveur d’une production bio d’ovins, de l’augmentation du pâturage chez les vaches laitières ou du refus des producteurs d’œufs d’investir dans des cages, par exemple, et délivre pour chaque espèce les noms des marques qui progressent en ce sens, par des mesures effectives ou en cours. Toutefois, toutes ces démarches sont considérées comme insuffisantes en pratique ou longues à mettre en place, malgré une communication importante auprès des consommateurs sur les initiatives qui respectent le bien-être animal. Pour 60 Millions de consommateurs, seul le label Agriculture biologique assure une prise en compte relativement satisfaisante des besoins des animaux, alors que les autres n’apportent aucune garantie en ce sens ; le Label rouge atteste de conditions d’élevage respectueuses pour les bovins, mais pas forcément pour les porcs. Le magazine appelle les consommateurs à encourager les efforts de certaines marques ou à recourir à des réseaux de distribution directe auprès d’éleveurs bientraitants.

élevages maltraitants, manque de vétérinaires et législation à la traîne

De plus, l’enquête indique que, selon le Syndicat national des inspecteurs en santé publique vétérinaire (SNISPV), il manquerait au moins 500 vétérinaires inspecteurs en abattoirs. Pour cette raison, nos confrères ne pourraient assurer l’ensemble de leurs missions, privilégiant la sécurité sanitaire au détriment de la protection animale. Le contrôle sanitaire ante-mortem ne serait pas réalisé dans certains abattoirs, par manque d’effectif. Certains confrères auraient avoué faire au mieux en inspectant les postes d’étourdissement ou de saignée une fois par semaine ou par mois. Le manque de formation des techniciens vétérinaires et l’insuffisance de suivi de la part des directions ou des préfectures sont également soulignés.

Enfin, le magazine déplore que la législation n’évolue pas aussi vite que les mentalités. Ainsi, les amendements de la loi agriculture et alimentation en faveur du bien-être animal ont été rejetés, et le Sénat a supprimé celui qui imposait l’information sur le mode d’élevage.