ENTRETIEN
PRATIQUE MIXTE
L'ACTU
Auteur(s) : PROPOS RECUEILLIS PAR TANIT HALFON
Pour éviter l’introduction de la peste porcine africaine (PPA) sur le territoire national, les autorités sanitaires ont mis en place un plan de surveillance renforcée à la frontière belge, qui mobilise les praticiens. Alain Mayer, référent local des groupements techniques vétérinaires (GTV) du Grand-Est, nous explique la situation sur le terrain.
Comment se sont organisées les visites obligatoires des élevages dans la zone d’observation renforcée ?
En tant que membre du conseil d’administration de la fédération régionale des GTV du Grand-Est (FRGTV), j’ai été informé dès le 13 septembre au soir de la découverte de sangliers infectés par le virus de la peste porcine africaine en Belgique. Dès le lendemain, nous diffusions l’information aux vétérinaires sanitaires du Grand-Est, en leur demandant de renforcer leur travail de sensibilisation des élevages à la biosécurité. Par la suite, en complément de la direction départementale de la protection des populations (DDPP), nous avons contacté tous les vétérinaires habilités à effectuer les visites sanitaires dans les élevages porcins de la zone d’observation renforcée (ZOR), à savoir une quinzaine de vétérinaires, auxquels nous offrons notre appui technique. La permanence de la FRGTV a été d’une grande efficacité. Grâce à une mobilisation massive des praticiens, toutes les visites ont été réalisées dès la première semaine. Pour le suivi, les éleveurs sont appelés une fois par semaine. Certains d’entre eux sont soumis à des visites de contrôle si la DDPP estime que les mesures de biosécurité sont insuffisantes. Pour les parcs de sangliers, les agents de la DDPP se sont chargés des visites.
Comment les éleveurs ont-ils réagi au plan ?
Plusieurs petits détenteurs élevant des porcs “de basse-cour” ont décidé de procéder à l’abattage de tout leur cheptel, afin de protéger l’ensemble de la filière porcine. Car si un seul porc domestique est infecté, c’est bien le statut indemne de tout le territoire qui saute ! J’observe aussi une grande cohésion entre les éleveurs et les chasseurs. Tout le monde veut faire face ensemble, en découle un grand élan de solidarité dans la région.
Quelle est la suite ?
La direction générale de l’alimentation vient de donner son accord pour financer une formation pour apprendre aux vétérinaires le geste technique de la prise de sang chez les porcs, une compétence que le praticien a perdue faute de l’exercer. Nous attendions cette décision avec impatience, étant bien entendu inconcevable que cette formation soit à la charge du praticien, alors qu’elle rentre dans le cadre de son mandat sanitaire.
Ces mesures seront-elles suffisantes pour prévenir l’introduction de la maladie ?
A priori, on peut raisonnablement espérer que la faune sauvage ne sera pas touchée, car jusqu’à présent la surveillance n’a rien révélé d’anormal et les résultats des analyses sont négatifs. Du reste, en dehors de la ZOR, les fédérations de chasseurs ont demandé aux chasseurs de faire baisser la densité des sangliers. Cependant, une partie de la ZOR, où la chasse est interdite, fait face à une zone en Belgique, entre Bouillon et Florenville, où elle est autorisée ! Côté français, il me paraît déraisonnable de ne pas autoriser la chasse sous certaines conditions, d’autant plus que la zone présente une forte densité de sangliers1. Du côté des élevages de porcs, la menace me semble minime, il faut simplement continuer de serrer les rangs, comme nous avons pu le faire pour la fièvre aphteuse en 2001. Malgré tout, nous attendons toujours une présentation des mesures comme un tout cohérent, mais aussi des réponses plus rapides de la part des autorités sanitaires : les arrêtés initiaux ne sont valables que jusqu’à la mi-octobre, et pour l’instant, l’après reste flou hormis la biosécurité des élevages en ZO-ZOR réglementée par les arrêtés ministériels du 8 octobre 2018. Les mesures concernant la faune sauvage ne sont valables que jusqu’au 20 octobre prochain.
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Depuis l’interview, Stéphane Travert a annoncé l’installation de clotûres frontalières pour reprendre la chasse intensive dans la ZOR.
DEUX ZONES DE SURVEILLANCE