Le réseau Agri-sentinelles contre le suicide - La Semaine Vétérinaire n° 1781 du 11/10/2018
La Semaine Vétérinaire n° 1781 du 11/10/2018

AGRICULTURE

ACTU

Auteur(s) : TANIT HALFON  

Allice et Coop de France, en collaboration avec l’Institut de l’élevage, ont décidé de mettre en place un réseau de techniciens, conseillers et vétérinaires pour améliorer la détection des agriculteurs en détresse.

L’agriculture est particulièrement touchée par le suicide. Selon les données de l’Institut de veille sanitaire (INVS), le suicide constituerait la troisième cause de décès chez les agriculteurs exploitants. Entre 2007 et 2009, l’INVS enregistrait 485 décès d’agriculteurs par suicide, un phénomène plus marqué chez les hommes âgés de 45 à 54 ans. Pour la seule année 2010-2011, ce chiffre s’élevait à 296. Dans ce contexte, Allice et Coop de France1, en collaboration avec l’Institut de l’élevage, ont récemment annoncé la construction du réseau Agri-sentinelles2. L’idée : mieux informer les partenaires des agriculteurs des dispositifs d’accompagnement existants.

Accompagner les acteurs de l’élevage

Agri-sentinelles vise deux objectifs : faciliter la détection des situations de fragilité des agriculteurs et contribuer à prévenir les situations de détresse. « Les personnes du réseau seront uniquement des partenaires gravitant autour des exploitants, comme les salariés des chambres d’agriculture, du contrôle laitier ou encore les vétérinaires », explique Véronique Maeght-Lenormand, médecin-conseil en charge du risque psycho-social à la Caisse centrale de la Mutualité sociale agricole (CCMSA). Dans un premier temps, un recensement de tous les dispositifs existants sur le terrain sera effectué. Ensuite, une formation spécifique pour les salariés volontaires sera proposée, avec pour objectif de les aider à comprendre les comportements à adopter face à des agriculteurs en détresse, à repérer les signes d’une crise suicidaire et à orienter les exploitants vers un dispositif d’accompagnement adapté. Le lancement de la formation est prévu pour le début de l’année 2019. « Cette initiative doit être vue comme une démarche complémentaire aux dispositifs existants, car elle permet l’extension de leurs champs d’action », poursuit la médecin. À noter que la construction du réseau découle de plusieurs difficultés rencontrées sur le terrain par les dispositifs d’accompagnement : absence d’implications de certains acteurs dans les cellules de prévention des MSA, manque d’acteurs de confiance pour les éleveurs, dispositifs nationaux ou locaux mal connus, pas de prise en compte du couple humain-animal, pas de gestion des signalements dans les coopératives, pas de prévention des risques psychosociaux et insuffisances des dispositifs actuels dans les postures de repli sur soi.

1 Fédération professionnelle regroupant les coopératives de sélection et de reproduction des animaux d’élevage (bovins, caprins, ovins et porcins), syndicat d’entreprises agricoles et agroalimentaires.

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