ABEILLES
PRATIQUE MIXTE
Formation
Auteur(s) : TANIT HALFON
En filière apicole, si la prescription d’un traitement vise une colonie, et non pas un individu, la différence s’arrête là avec les autres filières de production. Ainsi, la réglementation générale sur le médicament vétérinaire s’applique-t-elle. Les bonnes pratiques d’utilisation des médicaments vétérinaires doivent s’accompagner de bonnes pratiques apicoles, l’enjeu étant d’éviter le développement de résistances pour préserver l’arsenal thérapeutique disponible. En pratique, il s’agit d’adopter des stratégies d’alternance des molécules sur le long terme, au cours de la saison apicole et par familles de molécules. En cas de traitement, toutes les ruches d’un rucher sont concernées. Un traitement raisonné est d’autant plus nécessaire, car il assurera la sécurité de l’utilisateur et du consommateur, ainsi que la protection de l’environnement.
Actuellement, 45 produits bénéficient d’une autorisation de mise sur le marché (AMM) en Europe. Depuis 2009, une augmentation progressive du nombre de produits disponibles par pays est observée, notamment en Hongrie, en Roumanie et en Slovaquie. Elle se caractérise par une absence de nouveaux principes actifs et la commercialisation de génériques. La Finlande, l’Islande et la Norvège ne disposent d’aucun médicament vétérinaire pour la ruche. La plupart des produits vétérinaires autorisés sont des insecticides/acaricides, représentés majoritairement par l’amitraz (11 médicaments), suivi des pyréthrinoïdes (tau-fluvalinate et fluméthrine ; 10 produits en tout) et de l’organophosphoré coumaphos (4). Le thymol est la molécule présente dans le plus grand nombre de pays (27 États membre, sauf la Finlande), suivie de la fluméthrine (22). La majorité des produits concerne la lutte contre Varroa destructor, et sont indiqués pour la prévention, le diagnostic ou la détection du parasite. En France, 12 produits vétérinaires sont commercialisés, le coumaphos étant le seul principe actif non disponible (tableau). La majorité d’entre eux ne sont pas soumis à prescription1. De plus, tous sont accessibles aux groupements agréés.
En théorie, en cas d’échec thérapeutique, le vétérinaire est libre d’appliquer le principe de la cascade, à condition qu’une limite maximale de résidus (LMR) soit définie. Actuellement, six substances disposent d’une LMR “miel”, à savoir l’amitraze (200 μg/kg) et le coumaphos (100 μg/kg). La fluméthrine, l’acide oxalique, le tau-fluvalinate et l’acide formique étant exempt de LMR “miel”, considérant l’absence de danger pour le consommateur. Le tau-fluvalinate est aussi employé en tant que produit phytosanitaire ; il dispose d’une LMR phyto de 0,05 mg/kg. À noter que le règlement d’exécution (UE) n° 2018/470 autorise de prendre en compte la plus petite LMR établie pour la denrée alimentaire la plus proche, mais uniquement pour les contrôles et non pas pour les prescriptions de médicaments vétérinaires.
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