La consommation d’antibiotiques en Europe baisse, la France stagne - La Semaine Vétérinaire n° 1782 du 19/10/2018
La Semaine Vétérinaire n° 1782 du 19/10/2018

MÉDICAMENTS VÉTÉRINAIRES

ACTU

Auteur(s) : MICHAELLA IGOHO-MORADEL 

Le dernier rapport de l’ESVAC indique que la tendance à la baisse, observée au cours des dernières années, des ventes globales d’antibiotiques vétérinaires en Europe se poursuit. La France stagne, mais les résultats du premier plan é coAntibio sont cités en exemple par l’Agence européenne des médicaments (EMA).

Le 8e rapport de l’ESVAC 1 (European Surveillance of Veterinary Antimicrobial Consumption) sur la surveillance européenne de la consommation d’antibiotiques en productions animales, publié le 15 octobre par l’Agence européenne des médicaments (EMA), montre que les ventes globales d’antibiotiques vétérinaires en Europe ont diminué de plus de 20 % entre 2011 et 2016. Elles sont passées de 162,0 (mg/kg PCU) en 2011 à 129,4 (mg/kg PCU) en 2016. Au total, 30 pays ont soumis leurs données à l’agence. Selon l’EMA, la réduction montre que les efforts déployés par l’UE, ses États membres et divers acteurs pour promouvoir l’utilisation prudente des antibiotiques dans le secteur de l’élevage ont un impact positif. « La réduction des ventes est le résultat des efforts combinés de la Commission européenne, de l’EMA, des États membres de l’UE, des vétérinaires, des agriculteurs et d’autres acteurs du secteur de l’élevage », a déclaré l’agence dans un communiqué de presse. « Nos actions de sensibilisation, notamment sur l’amélioration de la prévention des maladies animales dans les exploitations agricoles, montrent clairement une plus grande adoption dans de nombreux pays d’Europe des principes d’utilisation responsable en matière de santé animale », a déclaré Roxane Feller, secrétaire générale d’AnimalhealthEurope. Sur les ventes totales d’antibiotiques en 2016, les plus fortes quantités, exprimées en milligrammes par unité de correction de population (mg/PCU) concernent les tétracyclines (32 %), les pénicillines (26 %) et les sulfamides (12 %). Ces trois classes représentent 70 % des ventes. Les données obtenues ciblent particulièrement les porcs (32 %), les bovins (31 %), les volailles (14 %) et les ovins/caprins (14 %).

La France à la 19e place

En France, les ventes totales en milligrammes par unité de correction de population (mg/PCU) d’antibiotiques ont diminué de 47 % entre 2010 et 2016. Les tendances à la baisse ont été observées pour presque toutes les classes d’antibiotiques. L’Hexagone se maintient à la 19e place sur les 30 pays dont les données ont été analysées avec une consommation moyenne de 71,9 mg/PCU en 2016. Une légère hausse reste toutefois à signaler. En comparaison, sur l’année 2015, cette référence s’élevait à 70,2 mg/PCU. Cette moyenne reste bonne face à celle de certains de ses voisins. Par exemple, la Belgique enregistre une consommation de 140 mg/PCU et l’Allemagne 89 mg/PCU. Mais la moyenne française reste en-deçà de celle des champions européens comme les Pays-Bas (53 mg/PCU) ou encore de la Norvège dont la consommation est de 2,9 mg/PCU en 2016. L’agence européenne attribue cette baisse de l’exposition des animaux aux antibiotiques en France à l’action collective de toutes les parties prenantes pour la mise en œuvre du plan « écoAntibio » 2012-2017. « Au cours des cinq dernières années, l’exposition globale aux antibiotiques a diminué de 36,6 %. L’objectif du premier plan é coAntibio vi sant à réduire de 25 % l’utilisation d’antibiotiques en cinq ans a donc été largement dépassé », note l’EMA. Dans le détail, les ventes de céphalosporines de 3e et 4e génération (mg/PCU) ont diminué de 82 % entre 2010 et 2016. Celles des fluoroquinolones ont baissé de 66 % sur la même période et de 68 % pour les polymyxines. L’agence ajoute que le plan écoAntibio 2 prévoit d’autres objectifs comme la réduction de 50 % en cinq ans de l’exposition à la colistine, notamment dans les élevages de porcs et de volailles avec comme référence l’exposition moyenne pour 2014-2015. Entre 2015 et 2016, les ventes de colistine ont déjà diminué de 32 %.

Une tendance globale à quelques exceptions près

Globalement, la vente d’antibiotiques a diminué de 20,1 % entre 2011 et 2016 en Europe. Les antibiotiques critiques représentent 15,9 % des ventes (0,2 % pour les C3G/C4G, 2,6 % pour les fluoroquinolones, 5,1 % pour la colistine et 7 % pour les macrolides). La consommation européenne s’élève désormais en moyenne à 124,6 mg/PCU en 2016 contre 135,5 mg/PCU en 2015, pour une médiane de 57 mg/PCU. Une ventilation par classe d’anti-biotiques montre une baisse de près de 40 % des ventes de polymyxines à usage vétérinaire (principalement la colistine). Les ventes de céphalosporines de 3e et 4e géné-rations ont diminué de 15,4 %, tandis que celles de quinolones ont diminué de 13,6 %. La Norvège reste le bon élève avec une consommation moyenne de 2,9 mg/PCU, identique à celle de 2015. En comparaison, les ventes déclarées par les autorités chypriotes restent élevées à 453,4 mg/PCU. Plus de 16 pays ont vu leurs ventes d’anti-biotiques vétérinaires chuter de plus de 5 % entre 2011 et 2016, des baisses notables ayant été observées en Allemagne (58 %), aux Pays-Bas (54 %) et en France (38 %). Ces pays notent une réduction comprise entre 8,7 % et 57,8 %. Mais tous les pays ne bénéficient pas d’une telle réduction. Six pays ont enregistré une augmentation de leurs ventes de plus 5 %, variant ainsi de 7,9 % à 67,7 %. Il s’agit notamment de la Bulgarie (+ 27 % en un an) et du Portugal. En référence à 2011, l’EMA note que les ventes déclarées par les autorités bulgares ont augmenté de 68 % en 2016. Cette différence dans les ventes peut être partiellement expliquée par une sous-déclaration importante des ventes des années précédentes, en particulier pour les préparations et les prémélanges hydrosolubles. Le rapport note toutefois que la comparaison directe entre pays est difficile en raison des différences dans la composition des populations animales, des systèmes de production et de la collecte de données.

1 bit.ly/2PIGzKC

L’ESSENTIEL


• En France, les ventes totales en milligrammes par unité de correction de population (mg/PCU) d’antibiotiques ont diminué de 47 % entre 2010 et 2016. Cette tendance a été observée pour presque toutes les classes d’antibiotiques. En 2015, cette réduction était de 48 %.

• L’Hexagone se maintient à la 19e place sur les 30 pays dont les données ont été analysées, avec une consommation moyenne de 71,9 mg/kg PCU en 2016.

• En Europe, la vente d’antibiotiques a diminué de 20,1 % entre 2011 et 2016. Les antibiotiques critiques représentent 15,9 % des ventes européennes (0,2 % pour les C3G/C4G, 2,6 % pour les fluoroquinolones, 5,1 % pour la colistine et 7,0 % pour les macrolides).