ONE HEALTH
ACTU
Auteur(s) : CLOTHILDE BARDE
L’Académie vétérinaire de France a souligné, le 18 octobre, la progression du concept “Une seule santé”, relayant plusieurs initiatives innovantes qui impliquent médecines humaine et animale.
L’étude collaborative et multidisciplinaire des risques sanitaires à l’interface animal-humain-environnement ou One Health 1 peut être déclinée dans les domaines de la recherche, de l’enseignement et de la santé publique. C’est ce que les membres de l’Académie vétérinaire de France2ont tenté, le 18 octobre, d’illustrer avec des exemples de démarches françaises novatrices.
Ainsi, les médecins du centre national de référence (CNR) de la toxoplasmose, du centre hospitalier universitaire (CHU) de Reims (Marne), et les vétérinaires du laboratoire national de référence (LNR) dédié aux parasites transmis par les aliments, de l’Agence nationale de sécurité sanitaire (Anses)/École nationale vétérinaire d’Alfort (ENVA), collaborent pour mieux comprendre l’épidémiologie de la toxoplasmose (Toxoplasma gondii), infection parasitaire animale et humaine, sur le territoire3. Bien que sa prévalence diminue régulièrement depuis 20 ans, c’est un véritable enjeu de santé publique, surtout pour les populations à risque (individus immunodéprimés et femmes enceintes). Or, la contamination humaine se fait via les hôtes intermédiaires (consommation des kystes dans de la viande peu ou pas cuite), mais aussi par contacts avec l’hôte définitif (oocystes sporulés excrétés par le chat), avec un environnement contaminé (eaux, végétaux, etc.) et, plus rarement, par voie transplacentaire. 20 % des Français mangent de la viande de bœuf crue, conduisant à un risque de 1 % d’être contaminé et la prévalence importante du parasite, surtout chez les chevaux et les ovins (24 %), peut être à l’origine de toxi-infections alimentaires collectives. Pour lutter contre ces contaminations, des mesures de prévention sont déjà organisées et financées par les politiques publiques françaises, notamment dans le cadre de la prévention de la toxoplasmose congénitale. Mais leur coût étant important, de nouvelles pistes de prévention (dont un possible vaccin chez le chat) et de nouveaux outils de détection et de caractérisation des parasites sont actuellement étudiés par les médecins et les vétérinaires.
De même, un autre exemple de programme collaboratif en recherche, cité par Pascal Boireau, directeur du laboratoire de santé animale à l’Anses à Maisons-Alfort, est le domaine d’intérêt majeur (DIM1Health) de la région Île-de-France sur le thème One Health. Il « répond à la vision de la région pour soutenir la recherche en infectiologie humaine et animale et construire un réseau fort autour de cet enjeu “Un monde, une santé” », selon lui. Dans le domaine de la formation, le cursus commun pour les étudiants vétérinaires, les médecins et les ingénieurs du programme Man-Imal mis en place dans les Pays de la Loire a été évoqué4. Il a permis de créer une nouvelle modalité d’« enseignement hybride » (dispositifs numériques et animations en présentiel) pour répondre aux attentes des responsables d’entreprises et de l’Administration qui souhaitent pouvoir employer des professionnels pouvant s’adapter aux changements et travailler en équipes pluridisciplinaires orientées vers l’international.
Enfin, le projet européen de programmation conjointe et de financement de la recherche sur les zoonoses alimentaires, présenté par André Jestin (Anses), est l’illustration d’une application en politique publique du concept One Health à l’échelle européenne. Cette approche dite Med-vet impliquant un binôme médecin-vétérinaire (CNR et LNR) pour les actions de recherche sur les zoonoses alimentaires a permis d’aborder des problématiques de santé publique en réponse aux attentes des agences européennes d’évaluation des risques (Autorité européenne de sécurité des aliments et Centre européen de prévention et de contrôle des maladies).
Le concept One Health tend donc à se développer auprès de divers nouveaux acteurs. Mais, comme l’a conclu André Jestin à la fin de son exposé, on peut s’interroger sur les objectifs des pouvoirs publics : leur implication se fait-elle réellement «
au service de la santé publique ou plutôt d’économies générales ?
».
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1 Définition du One Health par l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture.
2 Section recherche et enseignement supérieur.
3 Présentation faite par Isabelle Villena (médecin, CHU de Reims, CNR toxoplasmose) et Radu Blaga (vétérinaire, Anses/Enva, LNR parasites transmis par les aliments).
4 Catherine Magras (université de Nantes, Loire-Atlantique).