Edito
Auteur(s) : TANIT HALFON
En cas de mal de tête, prendre un antibiotique semble bien mal approprié ; votre médecin ou votre pharmacien vous conseillera de choisir plutôt un anti-inflammatoire non stéroïdien. Pourquoi ? C’est la méthode scientifique qui le dit. Partant d’une hypothèse, un protocole expérimental amènera le scientifique à la confirmer ou pas. Et permettra, in fine, à votre médecin ou à votre pharmacien de vous donner le traitement le plus adapté. La médecine vétérinaire s’inscrit totalement dans cette démarche scientifique. Soigner ne s’improvise pas. Et tout protocole thérapeutique doit faire la démonstration expérimentale de son efficacité. Pourtant, dès les années 1960, ont émergé des pratiques, à la limite du médical, qui reposent sur une approche semblant plus “intuitive” que scientifique : la médiation animale. L’objectif : aider un individu en faisant intervenir un animal. Au sein de cette nouvelle discipline, la thérapie assistée par l’animal (AAT) intègre ce dernier au protocole thérapeutique, le tout encadré par un professionnel de santé. Actuellement, cette pratique n’a pas satisfait aux exigences scientifiques de démonstration reconnue par l’ensemble de la communauté des “savants”. En clair, on ne sait pas vraiment comment ça marche. Qu’importe, l’AAT continue à prendre de l’ampleur, s’invitant jusque dans les hôpitaux, des lieux “scientifiques” par excellence. Car de l’avis de nombreux professionnels de santé1, l’AAT a fait la preuve de son efficacité… sur le terrain ! La preuve… Pourquoi, après tant d’années, tarde-t-elle à arriver ? Comme cela est évoqué par le sociologue Jérôme Michalon dans sa thèse2, peut-être parce que la méthode scientifique expérimentale basée sur le modèle pharmacologique, qui recherche les « bénéfices physiologiques du contact animalier »et laisse, de fait, de côté la « relation de soin » au profit de l’« effet thérapeutique », n’est-elle pas la plus appropriée pour expliquer l’AAT. Peut-être faudrait-il alors envisager un autre modèle, une « alternative crédible » dans les pratiques et recherches en AAT, comme le propose Véronique Servais3, professeure en anthropologie de la communication à l’université de Liège, qui réunirait praticiens et chercheurs. ●
1 Lire le dossier pages 38 à 44.