MANAGEMENT
ÉCO GESTION
Auteur(s) : MARINE NEVEUX
Attirer le jeune candidat idéal et le fidéliser, tels sont les nouveaux défis du marché du travail pour les employeurs vétérinaires. Un thème qui a retenu l’attention des congressistes lors du forum de l’association Ergone à Lyon le 12 octobre.
Entreprise vétérinaire cherche talents pour développement durable ! » Face aux difficultés de recrutement du secteur, l’association Ergone, dédiée à l’entrepreneuriat dans notre profession, s’est emparée du sujet lors de son forum organisé les 11 et 12 octobre dans les locaux de Boehringer Ingelheim à Lyon.
« Pourquoi recruter ses futurs talents est-il devenu un casse-tête ? », questionne en introduction Benjamin Dargaud, directeur associé en charge du recrutement des profils comptables et financiers chez Co-Efficience. Le préalable est aussi de savoir ce qu’est un talent… « C’est avant tout quelqu’un de compétent dans son métier. Il faut donc que l’entreprise puisse qualifier sa vision de talents, des salariés motivés et engagés, qui travaillent dur et dans l’intérêt de l’entreprise. » Recruter et fidéliser est devenu un enjeu de croissance et de compétitivité. La carence des recrutements pénalise les entreprises.
Pour Mathilde Le Coz, directrice du développement des talents et innovation R&H chez Mazars, « Au-delà du parcours de recrutement, il convient aussi d’avoir des profils différents et de savoir comment prendre des risques sur les profils recrutés pour avoir plus de diversité. » « Le marché de recrutement est en pleine reprise et devient donc plus agressif. Aujourd’hui, le rapport de force s’est inversé. C’est désormais l’apanage des jeunes diplômés qui choisissent l’entreprise où ils ont envie de travailler », ajoute Benjamin Dargaud.
Mathilde Le Coz constate que les jeunes posent de nouvelles questions à l’employeur : « Quelle expérience allez-vous me permettre de vivre ? Donc, quelle organisation me proposez-vous ? » Les jeunes de la génération Y ont tendance à butiner d’un employeur à l’autre. Ils veulent un équilibre entre la vie professionnelle et la vie personnelle, recherchent des missions plus qu’un travail. Il peut y avoir un risque de rupture de dialogue avec les générations précédentes. En résumé, « les jeunes vétérinaires sont pleins de bonne volonté, ils souhaitent plus que tout investir leur énergie dans une équipe avec une mission collective, mais ils peuvent déplorer l’organisation dans laquelle s’inscrit leur travail, qui les bride, les frustre et finit par les démotiver ».
En outre, les jeunes ont aujourd’hui plus d’attrait pour les petites structures, ce qui va dans la voie d’un besoin de sens. La quête du mouton à 5 pattes aboutit aussi à des exigences parfois trop élevées chez l’employeur. « Se réinventer n’est plus une option, mais une obligation », affirme Benjamin Dargaud. L’objectif du triptyque gagnant est de savoir mieux capter, convertir et fidéliser.
95 % des candidats font aujourd’hui des recherches sur l’entreprise avant de postuler. 41 % d’entre eux recherchent une culture d’entreprise, la moitié estime que la réputation de l’employeur est importante. Près des deux tiers des employeurs estiment que la cooptation est le meilleur moyen de recruter.
Pour Mathilde Le Coz, les partenariats avec les écoles sont devenus indispensables. « Il faut créer le contact physique, c’est important pour redonner du sens humain et de la rencontre. » Par exemple, les praticiens employeurs qui donnent des cours dans les écoles vont alors devenir des ambassadeurs de leur marque employeur.
Bien évidemment, le développement de la présence numérique intervient. « Instagram marche très bien pour les nouvelles générations. Vous pouvez poster des photos de votre quotidien. » Chaque réseau social va avoir une utilité différente. LinkedIn apporte une vision corporate. Facebook peut être un outil pour les candidats. « Sur les réseaux sociaux, tous vos collaborateurs peuvent être ambassadeurs de votre marque. » Il faut aussi avoir conscience des bad buzz, et dans ce cas, il convient de contrebalancer les mauvaises expériences par des expériences positives de vos collaborateurs. « N’attendez pas d’être victime de votre e-réputation » : Mathilde Le Coz invite à communiquer sur son métier, son ADN social, sa politique R&H sur le site web, les réseaux sociaux.
Fidéliser, c’est aussi s’intéresser au bien-être au travail et à l’équilibre de vie : autant de facteurs d’attractivité, de fidélisation et des avantages qui donnent envie de s’engager sur le long terme. Le bien-être, c’est par exemple la possibilité pour les jeunes parents de bénéficier d’une certaine autonomie, de flexibilité pour organiser leur travail. «
Le bien-être, c’est se sentir épanoui et respecté au quotidien.
» La quête de sens est la capacité à être son propre driver. Il convient aussi de faire confiance à l’autre, de lâcher prise : «
Conservez l’esprit start-up, les salariés préfèrent être dans la découverte perpétuelle. La nouvelle génération aime être multicasquettes.
» Elle apprécie aussi la transparence. Les salariés ont besoin de savoir à quoi sert leur travail. La notion de transparence et d’horizontalité dans le management sont deux facteurs clés pour répondre à cet objectif. Un manager doit féliciter, soutenir et coacher. En outre, il est essentiel de favoriser une relation de confiance et un management collaboratif dans lequel les salariés s’épanouissent. «
Halte aux jugements et aux caricatures. Il ne faut pas épiloguer sur le thème
“
C’était mieux avant
”
», conclut Benjamin Dargaud. «
Ne jugez pas les jeunes collaborateurs sur le fait qu’ils soient de cette génération
Y.
» Et de renchérir : «
Faites partie des cliniques qui auront le choix des collaborateurs qu’elles recruteront.
»
•