CONFÉRENCE
PRATIQUE MIXTE
Formation
Auteur(s) : TANIT HALFON
En décembre 2014, une souche recombinante entre deux souches vaccinales du virus du syndrome dysgénésique et respiratoire porcin (SDRP ; souches VP-046 Bis et DV, génotype 1) a été isolée dans un élevage porcin français. Ce phénomène de recombinaison avait déjà été documenté dans de précédentes études, notamment pour le génotype 2 du virus du SDRP. Il pose un problème en matière d’innocuité, un retour possible à la virulence après recombinaison ne pouvant être exclu. Dans ce contexte, une étude a cherché à évaluer le niveau de virulence de la souche recombinante identifiée. Pour ce faire, 42 porcelets exempts d’organismes pathogènes spécifiés ont été répartis de manière aléatoire en quatre groupes, dans les animaleries du laboratoire de l’Agence nationale de sécurité sanitaire (Anses) de Ploufragan-Plouzané. à 7 semaines d’âge, six animaux de trois groupes ont été inoculés soit avec un vaccin, à savoir 2 ml par voie intramusculaire (IM) du vaccin Porcilis PRRS (souche DV, groupe Porci) ou du vaccin Unistrain PRRS (souche VP-046 Bis, groupe Uni), soit avec la souche recombinante titrant 10 4,2 DCP50 /ml (2 ml par voie IM, groupe Rec). 24 heures après l’inoculation, six porcelets (non inoculés) ont été ajoutés à chacun des groupes, afin d’évaluer la transmission virale. Un dernier groupe composé de six porcelets faisait office de groupe témoin.
Aucun signe clinique ni modification de performances (température, gain moyen quotidien, score clinique) n’a été observé hormis ceux décrits dans les RCP des vaccins dans les quatre groupes1. En revanche, la virémie moyenne des porcelets du groupe Rec était 10 à 100 fois plus élevée que celles des deux autres groupes Uni et Porci, ce résultat étant statistiquement significatif. Dans le détail, un pic de virémie a été obtenu entre 2 à 7 jours après inoculation (jpi) pour les animaux des groupes Uni et Rec, et à 14 jours pour le groupe Porci. Quand le pic des groupes Porci et Uni montait respectivement à 10 2,0 et 10 2,7 eqDCP50/ml, la virémie moyenne du groupe Rec atteignait les 10 4,3 eqDCP50/ml. À 28 jpi, la virémie était quasi absente pour le groupe Porci. à 35 jours, les porcelets des groupes Uni et Rec présentaient respectivement une charge virale de 101,2 eqDCP50/ml et 10-3,0 eqDCP50/ml. Les délais de séroconversion étaient également significativement différents entre les trois groupes. Une réponse humorale a été détectée dès 10 jpi pour les animaux inoculés, et 14 jpi pour les animaux contacts. Les porcelets contacts du groupe Rec séroconvertissaient plus rapidement que ceux des autres groupes (10 jpi contre 21 et 28 jpi pour les groupes Porci et Uni).
L’analyse des écouvillons nasaux a montré une charge virale deux à quatre fois plus importante pour le groupe Rec par rapport aux deux autres groupes Uni et Porci, ce résultat étant statistiquement significatif. La durée d’excrétion était plus élevée, à savoir 12 jpi pour le groupe Rec et 8 et 10 jpi pour les deux autres groupes Uni et Porci. De plus, pour la souche recombinante, le taux de transmission instantanée (nombre de porcs infectés par porcs infectieux par jour) était cinq à sept fois plus élevé que ceux des souches SDRP des vaccins Porcilis PRRS et Unistrain PRRS. L’étude a ainsi montré l’obtention d’une souche avec une virulence accrue après recombinaison sur le terrain de deux souches vaccinales. De plus, l’excrétion virale est plus longue, à l’origine d’une persistance chronique de la souche dans l’élevage. Pour les auteurs, des mesures doivent être mises en place au sein des élevages afin d’éviter toute recombinaison. Il est souhaitable de ne pas changer de souche vaccinale SDRP-1 dans un laps de temps réduit et de ne pas vacciner les mêmes animaux avec deux souches vaccinales SDRP-1 différentes. Dans l’idéal, si une souche SDRP circule dans l’élevage, il faudrait confirmer son identité (souche d’origine vaccinale ?) par séquençage avant de vacciner. D’autres études sont nécessaires pour évaluer les capacités des autres souches vaccinales à recombiner entre elles ou avec une souche sauvage.
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1 Contrairement aux souches de génotype 2, les souches SDRP de génotype 1 (y compris les souches sauvages) induisent peu de clinique chez les porcs en croissance, en l’absence de co-infections bactériennes ou virales.