CYBERCRIMINALITÉ
PRATIQUE CANINE
L'ACTU
Auteur(s) : CHANTAL BÉRAUD
Conçus dans le but premier de ne plus perdre les chiens ou les chats, les traceurs GPS connectés peuvent-ils être utilisés à mauvais escient par des esprits malveillants ? Et si oui, faut-il vraiment s’en inquiéter ?
L’alerte a été lancée par Kaspersky Lab, une société de cybersécurité mondiale. En analysant plusieurs marques répandues de traceurs GPS connectés, ses chercheurs ont découvert des failles numériques. Selon eux, « les traceurs sont des balises GPS utilisées par les propriétaires d’animaux familiers pour veiller à leur sécurité ou suivre leur déplacement. Les coordonnées de l’animal sont alors envoyées minute par minute à l’application du propriétaire. Le risque est donc qu’un individu malveillant intercepte ces informations pour connaître à tout moment la position de l’animal, avec la possibilité de le kidnapper. Le cybercriminel peut aussi pister les sorties journalières de son propriétaire, pour repérer ses absences ».
Roman Unuchek, de Kaspersky Lab, précise : « Nous n’avons pas encore observé d’utilisation d’une balise pour kidnapper un chien, mais celle-ci peut néanmoins donner accès à des informations transmises sur le propriétaire, telles que son mot de passe ou son adresse e-mail, qui ont de la valeur pour des malfaiteurs. » Et David Emm, l’expert principal de la sécurité informatique de cette même société, de compléter : « Les GPS pour animaux sont encore des produits de niche et ceux qui les utilisent ont peu de raisons de s’inquiéter. Mais tout appareil qui se connecte à un réseau domestique, ou tout smartphone, peut devenir le maillon faible qui laisse entrer des pirates informatiques sur le réseau. »
« De plus, il faut savoir que la sécurité coûte très cher dans la fabrication d’un objet connecté, analyse pour sa part Annick Valentin-Smith, vétérinaire qui consacre son activité à la e-santé animale. Vraisemblablement, si les grosses sociétés se préoccupent de cet aspect des choses, c’est peut-être moins vrai pour des fabricants de moindre envergure. Il serait donc utile de mettre en place un processus de labellisation, qui comprendrait des points de sécurité, que des organismes certificateurs agréés seraient tenus de vérifier. Aujourd’hui, je pense que nos instances vétérinaires devraient soulever ce problème. De manière à ce qu’en santé animale on suive ce qui se fait déjà en santé humaine, sous l’égide de la Haute Autorité de santé. »
Cependant, il est certain que les hackers ont déjà à leur disposition quantité d’autres objets, encore plus intéressants et également vulnérables ! « Tous les objets connectés, munis d’un micro ou d’une caméra, posent parfois encore plus de problèmes, confirme Annick Valentin-Smith. Par exemple, à Noël 2017, une poupée “espionne”, Cayla, d’origine chinoise a été retirée du marché français par la Commission nationale de l’informatique et des libertés (Cnil), car son micro était susceptible d’enregistrer ce qui se passait autour de l’enfant, et qu’une personne sans avoir à s’authentifier, grâce au Bluetooth, pouvait même parler directement à l’enfant ! »
Qu’en est-il des trackers d’activité pour animaux ? Actuellement, certains ont des micros, d’autres pas. De même, ils n’ont pas de GPS, mais on peut supposer que cela viendra aussi ! Dans le futur, ces trackers d’activité vont également gagner en précision de détection des comportements, et finiront par savoir si le propriétaire est présent à son domicile ou pas… La question de la protection des données se posera donc certainement tôt ou tard en ce qui les concerne aussi.
En conclusion, si les objets connectés sont des portes d’entrée sur nos vies privées, il ne faut pas oublier qu’ils apportent des avantages par ailleurs. « Pour les traceurs GPS connectés, je pense que le rapport bénéfice/risque est en faveur du bénéfice
», conclut pour sa part Annick Valentin-Smith.
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« LES FABRICANTS DOIVENT S’ASSURER QUE L’APPLICATION EST SÉCURISÉE »
LE FABRICANT DE TRACEURS GPS WEENECT EXPLIQUE SA STRATÉGIE DE DÉFENSE