Comment êtes-vous informé des décisions de retrait ou de suspension de l’AMM d’un médicament ? - La Semaine Vétérinaire n° 1785 du 09/11/2018
La Semaine Vétérinaire n° 1785 du 09/11/2018

FORUM

@... VOUS !

Auteur(s) : MICHAELLA IGOHO-MORADEL 

LES LABORATOIRES SONT LA PREMIÈRE SOURCE D’INFORMATIONS

Quand la décision de suspension ou de retrait est française, l’Anses-ANMV1 et les organisations professionnelles, telles que l’Association vétérinaire équine française (Avef), sont des sources régulières d’information. En général, si la décision est européenne, nous en sommes d’abord avertis par d’autres associations européennes, telle la British Veterinary Association (BVA). Ce fut le cas lors des suspensions d’autorisation de mise sur le marché (AMM) de solutions injectables à base de flunixine, qui furent immédiates dans tous les pays européens. À chaque fois, les laboratoires sont la première source d’information. Ils préviennent les vétérinaires en amont qu’il y aura un retrait d’AMM ou une rupture de stock, car ils sont les premiers concernés. Sur le terrain, ces décisions ne sont pas toujours simples à gérer pour le maintien des standards de soins et dans le respect du bien-être animal. Il faut d’abord en comprendre la portée et agir en fonction. Généralement, les médicaments ne sont pas complètement interchangeables, ce qui engendre des difficultés dans la réalisation des soins. Il y a toujours des solutions transitoires mais pas forcément adaptées. Certains laboratoires peuvent ne pas avoir d’alternatives à nous proposer. Parfois, nous n’avons pas d’autre choix que de recourir à la cascade.


Thomas LAUNOIS

IL SERAIT INTÉRESSANT D’ÊTRE INFORMÉ PLUS EN AMONT

En général, nous sommes informés par le Conseil national de l’Ordre des vétérinaires (CNOV) des décisions de suspension ou de retrait d’AMM. La suspension des AMM de solutions injectables à base de flunixine est la dernière décision en date dont nous avons pris connaissance. En réalité, c’est un peu par hasard que nous l’avons apprise, bien avant de recevoir l’alerte de l’Ordre. Les laboratoires auprès desquels nous nous fournissions nous ont indiqué qu’il n’était plus possible d’en commander. Peu de temps après, cette décision a été confirmée par l’Ordre via une alerte reçue par e-mail. Puis ce sont des confrères qui ont fait remonter l’information. Nous n’avions pas reçu de messages particuliers de nos fournisseurs. Par la suite, nous avons compris que le problème venait de l’excipient possiblement cancérogène utilisé dans ces produits, la diéthanolamine. à l’époque, nous n’avions pas de stocks disponibles. à défaut de pouvoir utiliser des produits injectables à base de flunixine, nous avons employé les molécules à notre disposition. Il serait intéressant d’être informé plus en amont des décisions de retrait ou de suspension d’AMM. Cela nous permettrait de mieux nous y préparer.

élodie PERRAULT

LE BOUCHE-À-OREILLE EST TRÈS EFFICACE

La plupart du temps, la remontée d’informations se fait a posteriori et rarement en temps réel. Les laboratoires, habituellement concurrents, sont notre première source d’information. Les fabricants nous communiquent aussi principalement des modifications d’une AMM d’un de leurs produits. La presse professionnelle est également un canal de renseignements à ce sujet. Généralement, le bouche-à-oreille est très efficace. Un confrère peut m’informer du retrait ou de la suspension d’une AMM d’un médicament. Il est très rare que nous recevions des alertes de l’Anses-ANMV1. Ces e-mails d’alerte concernent généralement les retraits ou suspensions d’AMM en lien avec l’activité rurale. C’est plus occasionnel en activité canine. La dernière en date concernait sans doute la suspension de plusieurs AMM de solutions injectables à base de flunixine. Lorsque nous sommes confrontés à une telle décision, nous tentons de trouver la même molécule chez un laboratoire concurrent. S’il reste des stocks, nous parvenons à gérer la situation sur le terrain. Si nous n’y arrivons pas, nous optons pour des alternatives thérapeutiques disponibles sur le marché.

1 Agence nationale de sécurité sanitaire-Agence nationale du médicament vétérinaire.
Pierre DANIEL