Congrès de l’Avef : un excellent cru De la nécessité d’une vermifugation adaptée Congrès de l’Avef : un excellent cru De la nécessité d’une vermifugation adaptée - La Semaine Vétérinaire n° 1785 du 09/11/2018
La Semaine Vétérinaire n° 1785 du 09/11/2018

PRATIQUE MIXTE

L'ACTU

Auteur(s) : MARINE NEVEUX , MICHAELLA IGOHO-MORADEL  , MARINE NEVEUX , MICHAELLA IGOHO-MORADEL  

Les journées annuelles de l’Association vétérinaire équine française (Avef) se sont tenues du 6 au 8 novembre à Bordeaux. Une édition riche en nouveautés et en sujets d’actualité.

Des sujets novateurs, des synthèses, des nouveautés techniques, des formats de conférences différents et une assemblée générale riche en échanges, voilà qui a retenu l’intérêt des congressistes, assidus aux exposés lors des dernières journées annuelles de l’Association vétérinaire équine française (Avef), qui se sont déroulées du 6 au 8 novembre.

Notre confrère Charles-François Louf, président de l’Avef, a eu l’occasion de revenir sur les dossiers clés lors de l’assemblée, dont l’ostéopathie et les techniciens dentaires équins. Ces derniers ont jusqu’à fin décembre pour s’inscrire auprès de la Fédération française des techniciens dentaires équins (FFTDE) : les jurés examinent les dossiers de validation des acquis de l’expérience (VAE). Après cette période de VAE, un diplôme sera codélivré par le Groupement d’intérêt public formation santé animale et auxiliaire vétérinaire (Gipsa) et la FFTDE.

Création du Repaas

Le Réseau de phyto-aromathérapie (Repaas) est créé sous l’impulsion de notre consœur Isabelle Lussot-Kervern, qui a fédéré l’Avef, l’Association française des vétérinaires pour animaux de compagnie (Afvac) et la Société nationale des groupements techniques vétérinaires (SNGTV) autour de ce thème. Une subvention a été attribuée par le plan ÉcoAntibio2. En projets : un site internet, des thèmes de travaux de recherche, un guide de bonnes pratiques, etc.

Au niveau des habilitations sanitaires, les praticiens équins doivent suivre désormais une formation obligatoire tous les cinq ans. La première a eu lieu en septembre (formation d’une demi-journée). Elle aborde l’identification, la pharmacie, le rappel sur les ordonnances, etc. Le pendant est la visite sanitaire obligatoire pour les détenteurs de trois équidés ou plus. Cette visite sera biennale et prise en charge par l’État.

Les contrôles des praticiens équins et de la pharmacie, menés par les directions départementales de la protection des populations (DDPP), l’an passé, avaient provoqué des réactions vives. Les DDPP sont aujourd’hui plutôt dans un processus d’apaisement ; elles pointent les démarches à effectuer pour l’exclusion des chevaux de la filière bouchère, les bonnes pratiques de rédaction des ordonnances, avec un objectif pédagogique.

Délégation des actes

Le sujet de la délégation des actes concerne aussi les équins. Au niveau des équidés, cela inclura : les prélèvements sanguins, les raclages, l’assistance à l’anesthésie, les soins, les pansements, les injections sous-cutanées et intramusculaires, ainsi que des actes de physiothérapie. Seuls les auxiliaires de niveau 5 pourront y avoir accès.

En outre, l’Avef mène une enquête sur les anesthésiques volatiles. Quant à la télémédecine, courant 2019, les termes seront définis dans le Code rural et de la pêche maritime (téléconsultation, téléexpertise, télésurveillance médicale, téléassistance médicale, réponse médicale).

Le dossier de la radioprotection est aussi suivi par l’Avef pour rendre les mesures obligatoires plus adaptées aux conditions d’utilisation des confrères équins. Le régime administratif d’enregistrement va être créé (démarche en ligne et avec un dossier simplifié d’enregistrement des appareils mobiles). Par ailleurs, il est possible en équine d’avoir recours à des organismes de radioprotection externes.

Enfin, rendez-vous est donné au Salon du cheval de Paris, du 24 novembre au 2 décembre, pour des conférences sur la santé du cheval, ainsi qu’à Roissy (Val-d’Oise), en mars prochain, pour des interventions sur la reproduction. Les prochaines journées annuelles auront lieu à la mi-novembre 2019.

Une première session sur la vermifugation a apporté des réponses pratiques aux questions des praticiens, tout en leur donnant les clés pour procéder à une vermifugation raisonnée. Guillaume Sallé, de l’Institut national de la recherche agronomique (Inra), est revenu sur la problématique de la résistance aux vermifuges. Il note notamment que les larves strongles ont une très bonne résistance aux conditions environnementales et, pour certaines d’entre elles, aux anthelminthiques disponibles. Par exemple, la résistance au fenbendazole est présente sur tous les continents, et certains pays comme le Brésil connaissent des taux de résistance élevés à tous les principes actifs présents sur le marché. En France, la situation semble mieux contrôlée. Le pyrantel, par exemple, conserve son efficacité et une augmentation de la prévalence des cas de résistance sur le territoire est constatée. Toutefois, face à l’évolution de la résistance, il est préconisé de mettre en place des traitements ciblés et de limiter la diffusion des populations résistantes.

Plusieurs préconisations

Le recours à la coproscopie individuelle avant la vermifugation, afin d’identifier les chevaux forts excréteurs, est vivement recommandé. Marie Delerue, de l’Institut français du cheval et de l’équitation (IFCE), rappelle par ailleurs qu’il est conseillé d’éviter les traitements préventifs lors de l’hiver. À cette période, la présence de populations “refuges” est plus faible dans l’environnement. Autre préconisation : il est conseillé de changer de parcelle après le traitement, afin de limiter la pression parasitaire. Le praticien est également invité à mettre en place un audit parasitaire pour évaluer de manière grossière la pression parasitaire et le risque de résistance. En outre, une attention particulière a été apportée à la problématique de la vermifugation du poulain. Marie Nielsen rappelle, entre autres, que les Strongyloides westeri et les Parascaris equorum sont les premiers parasites affectant les poulains à la naissance. Ils sont ensuite plus tardivement infestés avec des petits strongles. Un protocole spécifique de vermifugation, qui tient compte de l’âge du poulain, doit être mis en place. Des mesures sanitaires complémentaires, comme le ramassage des crottins, peuvent aussi limiter la pression parasitaire.

DES THÉMATIQUES PHARES

Les sujets d’actualité ne manquent pas en filière équine, après notamment l’épizootie de rhinopneumonie survenue cette année, qui rappelle tous les enjeux de la vaccination collective et la place pivot du praticien dans la détection des cas et la gestion. Si France Galop a rendu la vaccination obligatoire pour les courses et si le trot évolue dans la même direction, la prise de conscience n’est toutefois pas encore totale dans la filière équine.
La génétique, la réhabilitation et la physiothérapie ont fait aussi l’objet de thèmes de sessions mettant en avant les démarches de recherche.
Des sessions sur la dermatologie et la parasitologie ont également apporté des réponses très concrètes et pratiques pour le quotidien des confrères. Notre consœur Valérie Picandet a présenté le compte rendu de la table ronde en parasitologie, issu d’un questionnaire repris d’il y a 10 ans. Cette année, ce questionnaire a fait l’objet d’un travail de thèse vétérinaire de notre consœur Julie Roels. Il révèle, entre autres, que 80 % des répondants réalisent des coproscopie avant vermifugation, et la majorité des confrères ont adapté leurs prescriptions avec les recommandations des bonnes pratiques en vermifugation.
En outre, autre rendez-vous utile de ce congrès de l’Avef, celui sur la responsabilité civile professionnelle, pour comprendre comment éviter les mises en cause et réagir le cas échéant. Notre confrère Philippe Lassalas a notamment rappelé l’importance du consentement éclairé.
M. N.