L’Occitanie toujours vigilante face à la rage - La Semaine Vétérinaire n° 1785 du 09/11/2018
La Semaine Vétérinaire n° 1785 du 09/11/2018

ZOONOSE

ACTU

Auteur(s) : CHARLES TOUGE  

Organisé à Montpellier par le GTV Occitanie et le Syndicat des vétérinaires praticiens de l’Hérault, le séminaire du 4 octobre sur la rage était destiné aux médecins, aux vétérinaires, aux pharmaciens et aux professionnels de la santé publique. Un sujet d’actualité qui mobilise.

Deux séances ont illustré le séminaire proposé à Montpellier (Hérault), le 4 octobre, par le groupement technique vétérinaire (GTV) Occitanie, le Syndicat des vétérinaires praticiens de l’Hérault (SVPH) et avec le soutien du préfet de la région Occitanie : « La rage, un problème de santé publique toujours d’actualité », « Se protéger de la rage : la stratégie de la surveillance et de la prévention ». Notre confrère Guy Deldem, président du SVPH, a introduit le sujet, devant l’assemblée de médecins, de pharmaciens ou encore de vétérinaires, par un film de 10 minutes, La rage, Pasteur et les vétérinaires, qui a été suivi par l’exposé de Florence Cliquet, biologiste (Agence nationale de sécurité sanitaire, laboratoire de la rage et de la faune sauvage de Nancy, unité des Lyssavirus) : « Épidémiologie de la rage ». « Les virus évoluent. Trois virus sont connus en France. L’an dernier, un est venu d’Espagne ! », explique-t-elle.

Son exposé a été suivi par la symptomatologie et la transmission de la rage animale. La multiplication du virus ne se fait pas dans les glandes salivaires, mais bien dans l’encéphale (ce qui provoque l’encéphalomyélite virale). Le virus atteint, en suivant les nerfs (la phase d’incubation asymptomatique), les glandes salivaires. Elles ne procèdent qu’à l’excrétion du virus par la salive. « L’absence de virus dans la salive ne signifie pas que l’animal n’est pas enragé (car l’excrétion n’est pas régulière). Elle ne permet pas de prédire depuis quand celui-ci est excréteur. L’excrétion virale commence avant l’apparition des premiers signes cliniques. Les diagnostics de confirmation se font au centre national de référence de Paris ou au laboratoire national de référence de Nancy. »

Notre confrère tunisien Mohamed Naceur Baccar, responsable formation GTV, a présenté un diaporama : « La rage chez nos voisins méditerranéens “une réalité quotidienne” ». « Par rapport à la rage de la rue, le chien est le principal vecteur et réservoir. Une centaine de cas sont enregistrés chez toutes les espèces et des dizaines de cas humains, sur tout chez les enfants, sont rapportés. C’est un risque pour l’Europe et pour les voyageurs », poursuit-il.

Surveillance en santé animale

Notre confrère Didier Bouchel, chef du service vétérinaire de la direction départementale de la protection des populations (DDPP) de l’Hérault, a abordé les bonnes pratiques pour l’importation des animaux en France et dans l’Union européenne. « La rage (vulpine et canine) est absente en France depuis 2001, le dernier cas humain remonte à 1924 ! Mais elle est encore présente dans certains pays des États membres (Hongrie, notamment), elle est endémique dans de nombreux pays tiers avec des cas humains… »

Les bonnes pratiques sont une vaccination valide administrée par un vétérinaire habilité sur un animal âgé de 12 semaines au moins, identifié préalablement par transpondeur, certifié sur un passeport européen.

En cas d’importation, la vaccination doit être valide avec une bonne identification.

Les documents qui accompagnent doivent être : un passeport conforme et un titrage d’anticorps antirabiques supérieur à 0,5 UI/ml.

Concernant la surveillance des animaux mordeurs, elle requiert : trois visites par un vétérinaire sanitaire aux frais du propriétaire pendant 15 jours (pour un animal domestique) ou pendant 30 jours (pour un animal sauvage apprivoisé ou tenu en captivité). Les visites s’effectuent à J0, J7, J15 et/ou J30, avec des certificats établis par le vétérinaire sanitaire. S’il y a abattage ou mort pendant la surveillance de l’animal suspect, la tête ou le cadavre est adressé par le laboratoire départemental à un laboratoire agréé pour la confirmation de la rage.

Notre consœur Nathalie Guerson, directrice de la DDPP de la Loire, a détaillé le cas importé survenu en France en 2015.

Dans le débat qui a suivi, la responsable de la Société protectrice des animaux (SPA) a exprimé ses regrets quant au mode de contrôle de l’importation des chiens, c’est-à-dire à travers l’identification, alors que 60 % des chiens recueillis dans son centre ne sont pas identifiés. « Un contrôle “local” devrait s’imposer et faire respecter la réglementation ».