ABATTAGE
ACTU
Auteur(s) : LORENZA RICHARD
CET’automatique est un nouvel outil de contrôle systématique de l’étourdissement des animaux. Il a déjà été testé pour vérifier la perte de conscience des bovins et des porcins.
Depuis quelques années, les pratiques d’étourdissement en abattoir sont sujettes à polémiques et l’attente sociétale est forte dans la prise en compte de la protection des animaux. Dans ce contexte, la direction générale de l’alimentation du ministère de l’Agriculture a missionné l’Idèle, institut de l’élevage, et l’Ifip, institut du porc, pour améliorer la protection animale en abattoir. C’est pour répondre à cet objectif du ministère que le CET’automatique a été développé. Créé par l’entreprise Neotec-Vision, cet outil a pour objectif d’assister l’évaluation de l’efficacité de l’étourdissement de tous les animaux sur la chaîne d’abattage, en vérifiant l’absence de réflexe cornéen. Ce dernier est en effet l’un des signes de perte de conscience d’un animal. Afin d’éviter les cas douteux, cette technologie envoie un jet d’air sur l’œil de chaque animal de la chaîne, puis analyse, via une caméra vidéo connectée à un ordinateur, la présence ou non d’un clignement de l’œil. Si un réflexe cornéen est détecté, un signal lumineux (rouge, par exemple) ou sonore est alors envoyé à l’opérateur afin qu’il réalise un nouvel étourdissement. Ce prototype a été primé par un trophée Innov’Space lors du dernier salon international de l’élevage (Space) qui a eu lieu du 11 au 14 septembre 2018 à Rennes (Ille-et-Vilaine).
Un prétest réalisé dans 4 abattoirs du Grand Ouest montre que l’outil permet de détecter les yeux des bovins dans 76 % des cas, et dans 61 % des cas chez les porcins. « Un éclairage proche infrarouge est utilisé pour faire ressortir la rétine, qui est repérée par le système, mais cela ne fonctionne pas chez certains animaux, qui ont des yeux “ternes”, sans que nous puissions pour l’instant expliquer pourquoi, » précise Mathieu Monziols, ingénieur d’études en protection animale à l’Ifip et coordinateur du projet. Les rétines “ternes” sont à l’origine de tous les cas d’yeux de bovins non détectés, et de la moitié chez les porcins. Pour ces derniers, dans l’autre moitié des cas, l’œil est détecté mais il est ensuite caché par une oreille ou la patte d’un congénère (détection instable). Cette configuration peut également être à l’origine de faux positifs, le mouvement étant confondu avec un réflexe cornéen. « Pour améliorer l’efficacité du dispositif, un autre signal, orange par exemple, pourrait être envoyé au personnel pour signaler que l’œil n’est pas détecté, et ce problème pourrait être amélioré par un aménagement de la chaîne d’abattage », propose l’ingénieur. Ces premiers résultats restent cependant très intéressants, car tous les clignements d’œil ont été mis en évidence. à noter que ce prototype comprend également un capteur de respiration à l’étourdissement et à la saignée chez les bovins, grâce à un anémomètre. Ce système, développé en parallèle de la détection des yeux, est en cours de test. Il ne semble cependant pas adapté aux porcins, le débit d’air expiré étant trop faible.
Une seconde étude va être menée dans les prochains mois afin d’améliorer les résultats et les algorithmes et de déterminer formellement la sensibilité et la spécificité de l’outil.
Aucune législation n’oblige les abattoirs à s’équiper de telles technologies. Toutefois, le règlement du Conseil européen n° 10099/2009 du 24 septembre 2009 impose la réalisation d’un contrôle par échantillonnages ponctuels et représentatifs, afin de vérifier que les animaux sont inconscients jusqu’à l’abattage. Pour Mathieu Monziols, «
devant la pression des autorités sanitaires et des clients, certains abattoirs souhaiteraient un contrôle permanent sur tous les animaux, et cet outil pourrait l’effectuer. Il permettrait, de plus, d’établir des statistiques à partir de résultats systématiques, fiables et précis
». Certains établissements sont ainsi très curieux de ce dispositif et pourraient à l’avenir l’intégrer à leurs chaînes d’abattage. Le prototype étant encore en phase d'étude, la date de mise en fabrication n’est pas encore connue.
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