Gestion de la pathologie respiratoire chez les bovins (partie 1) - La Semaine Vétérinaire n° 1786 du 16/11/2018
La Semaine Vétérinaire n° 1786 du 16/11/2018

CONFÉRENCE

PRATIQUE MIXTE

Formation

Auteur(s) : CLOTHILDE BARDE 

En cas d’affections respiratoires chez les bovins, si les symptômes et les agents pathogènes impliqués sont bien connus, il est encore nécessaire de dresser un état des lieux des traitements recommandés pour raisonner la stratégie thérapeutique, car elle fait encore largement appel aux antibiotiques.

Une symptomatologie commune

Les affections respiratoires qui touchent les bovins peuvent être superficielles (jetage, toux et/ou cornage) ou plus profondes. Elles se caractérisent par des symptômes souvent frustes en début d’évolution (modifications subtiles des comportements et hyperthermie continue pendant plus de 6 heures consécutives). Les agents responsables peuvent être viraux (virus respiratoire syncytial bovin [VRSB], herpèsvirus bovin 1 [BoHV1], responsable de la rhinotrachéite infectieuse bovine [IBR], virus para-influenza de type 3 [PI-3] et virus influenza de type D), mais aussi bactériens. Dans ce cas, ce sont les pasteurelles, considérées comme agents de surinfection après un passage viral, ainsi que les mollicutes/mycoplasmes (Mycoplasma bovis), agents pathogènes primaires ou de surinfections, qui sont retrouvées le plus fréquemment. Lors de pneumonie, en cas d’évolution longue et sans succès thérapeutique, les bovins hébergent généralement des “germes de sortie” (colibacilles, bacilles de la nécrose, des actinobacillus, etc.). Enfin, certains agents infectieux sans tropisme pulmonaire direct peuvent altérer la fonction respiratoire et induire une symptomatologie en partie respiratoire comme Anaplasma phagocytophillum et Mycoplasma wenyonii.

Un traitement antibiotique probabiliste

Le panel d’antibiotiques indiqués pour traiter les affections respiratoires pulmonaires les plus fréquentes (Manheimia haemolytica, Pasteurella multocida, Histophilus somni et Mycoplasma bovis) est large. Le praticien aura, par conséquent, l’embarras du choix. Cependant, comme, à l’exception de certains antibiotiques récents, peu de données pharmacologiques sont disponibles et que les résultats cliniques ne sont pas toujours corrélés aux résultats de l’antibiogramme, certains antibiotiques devront être privilégiés. De plus, des règles communes doivent être suivies. Ainsi, quel que soit l’agent pathogène responsable, le choix rationnel de l’antibiotique devra se fonder sur son efficacité en tenant compte de 5 paramètres essentiels : la rapidité d’intervention, le choix d’un schéma posologique adapté, les traitements éventuellement effectués antérieurement, les données d’examens complémentaires et, enfin, le choix de la molécule la plus adaptée. En ce qui concerne la pasteurellose, les vétérinaires ont souvent recours à des traitements de longue action à dose unique ou répétées deux fois à 48 heures d’intervalle. Malgré ces données, contrairement à la médecine humaine, il n’y a pas de consensus quant au traitement chez les bovins. Il est admis que l’antibiothérapie doit se faire individuellement et, en pratique, la couverture antibiotique probabiliste sera de règle car, sur le terrain, les examens de laboratoire, bien que conseillés, ne sont généralement réalisés qu’en seconde intention. Par conséquent, comme la bactérie M. haemolytica présente des résistances vis-à-vis de molécules anciennes (pénicillines G, ampicilline, streptomycine et certaines cyclines), il sera intéressant d’avoirs recours à des molécules plus récentes pour traiter les pasteurelloses.

Une métaphylaxie sous certaines conditions

Pour les pasteurelloses, afin de réduire la morbidité et la létalité sous un seuil économiquement supportable, d’augmenter les performances (élévation du gain moyen quotidien ou GMQ), de réduire le temps des soins et les coûts thérapeutiques globaux, le recours à une métaphylaxie est conseillée chez les bovins à l’exception des groupes de jeunes en lot. Ainsi, elle sera mise en œuvre si l’incidence de la morbidité des affections respiratoires est de 10 % sur plus de 2 jours consécutifs ou de 25 % dès le premier jour, ou si l’on constate que 10 à 20 % des animaux présentent des températures supérieures à 39,5 à 40 °C. Le traitement peut alors s’effectuer per os ou par voie injectable (tétracyclines, florfénicol, tulathromycine et tilmicosine).

Renaud Maillard Vétérinaire, maître de conférences, pathologie des ruminants. Bertrand Guin Vétérinaire, président du GTV Bourgogne- Franche-Comté. Article rédigé d’après une présentation faite lors des journées nationales des GTV à Nantes (Loire-Atlantique), du 16 au 18 mai.