Le chien à trois pattes n’est plus une fatalité en cas d’amputation - La Semaine Vétérinaire n° 1786 du 16/11/2018
La Semaine Vétérinaire n° 1786 du 16/11/2018

APPAREILLAGE

PRATIQUE CANINE

L'ACTU

Auteur(s) : CHARLOTTE DEVAUX 

Si à l’étranger la pose de prothèses est monnaie courante, avec même des réalisations spectaculaires comme des prothèses de mandibule ou de nageoire de dauphin, en France, la pratique est encore peu connue. Notre confrère Artem Rogalev la développe pourtant depuis 8 ans au centre Alforme, dans le Val-de-Marne.

C’est au centre de rééducation Alforme, à Maisons-Alfort (Val-de-Marne), que la première prothèse française a été posée au chien… d’un orthoprothésiste. Depuis, la pose de prothèses et d’orthèses se développe sur demande des clients ou des confrères. Pour le chien, Artem Rogalev, vétérinaire en charge des consultations du centre, propose des prothèses externes pour remplacer le membre en cas d’amputation. Ces prothèses ne sont pas fixées à l’os, comme cela se fait en humaine ou dans d’autre pays comme le Royaume-Uni, mais peuvent être articulées, par exemple pour se plier au niveau du tarse, si l’amputation a eu lieu à mi-métatarse. Le moignon s’emboîte dans la prothèse et le tout est maintenu avec des sangles et des scratchs.

Intervenir au plus vite après l’amputation

«   Chez le chien, le système de maintien par ventouse ne marche pas à cause des poils. De plus, la patte est de forme conique, donc plus fine à son extrémité distale. Tout cela rend le maintien de la prothèse compliqué, ainsi elle ne pourra être mise en place que pour une amputation en dessous de la moitié du tibia ou du radius. Plus le moignon est long, plus on a de chance que la prothèse tienne bien sur la patte   », précise Artem Rogalev. La prothèse doit par ailleurs être mise en place le plus tôt possible après l’amputation afin d’éviter que le chien ne réorganise tout son schéma postural pour ne plus s’appuyer sur le membre amputé. Un chien sera un bon candidat s’il s’appuie sur son moignon ou s’il vient juste d’être amputé. Dans le cas contraire, il y aura un risque qu’il ne s’appuie pas sur la prothèse mise en place. «   Lorsque l’amputation est soumise au propriétaire, il est important de lui proposer de mettre une prothèse à son chien avant l’opération pour ne pas systématiquement désarticuler. Un animal sur trois pattes présentera beaucoup de contractures, ainsi qu’une modification de la répartition de son poids, qui pourront user prématurément les autres membres. En proposant une prothèse, on offre de réels bénéfices à l’animal, qui portera sa prothèse pour les promenades et à la maison la journée, mais pas la nuit   », analyse notre confrère.

Un dispositif conçu sur mesure

Pour équiper un chien, un premier rendez-vous a lieu entre le propriétaire, l’orthoprothésiste et Artem Rogalev afin d’évaluer la faisabilité de l’appareillage, les résultats attendus et de proposer un devis au propriétaire. Si celui-ci accepte, l’orthoprothésiste effectue un moulage en plâtre de la patte, cela lui permet de tenir compte des éventuelles déformations de l’animal et de faire une prothèse sur-mesure. Une première séance d’essayage est réalisée, pour estimer les éventuelles corrections à effectuer, puis une visite de livraison est prévue. Le coût d’une prothèse se situe entre 1 500 et 2 000 € en fonction de sa complexité. Un remboursement est possible par certaines mutuelles.Il existe aussi des orthèses pour maintenir une articulation en position physiologique, comme un carpe hyperlaxe, un genou dont la rupture du ligament croisé n’est pas opérable, avant une arthrodèse ou en cas d’échec de celle-ci. Les indications sont nombreuses. Certaines de ces orthèses peuvent être utilisées chez les chats si l’individu est particulièrement coopératif et tolère les pansements. Une orthèse sera facturée autour de 600 à 1 000 €.