CONFÉRENCE
PRATIQUE MIXTE
Formation
Auteur(s) : CLOTHILDE BARDE
En cas d’affections respiratoires chez les bovins, si les symptômes et les agents pathogènes impliqués sont bien connus, il est encore nécessaire de dresser un état des lieux des traitements recommandés pour raisonner la stratégie thérapeutique, car elle fait encore largement appel aux antibiotiques.
Afin de donner toutes ses chances à la thérapeutique antibiotique, il est recommandé d’y associer des anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS). En effet, ils permettent d’améliorer la distribution des antibiotiques dans l’organisme en agissant en synergie avec les antibiotiques. En cas de manifestations dyspnéiques ou de suspicion d’une infection primaire par le virus respiratoire syncitial, il conviendra de privilégier les AINS à durée d’action courtes. À l’inverse, les corticoïdes restent contestés, quelques essais faisant état d’un nombre de rechutes augmentées. De plus, ils sont formellement contre-indiqués lors de suspicion de rhinotrachéite infectieuse bovine. Concernant les analeptiques respiratoires, peu de données sont disponibles, mais il semblerait que leurs effets soient positifs en association avec les antibiotiques.
Pour traiter les affections respiratoires des bovins il convient de réaliser systématiquement un traitement antibiotique contre les pasteurelles, qui sont très souvent en cause ou à l’origine de surinfections.
Par ailleurs, certains protocoles de traitement peuvent être suivis. Ainsi, afin qu’un traitement de première intention soit efficace, il doit être initié rapidement avec une association d’antibiotiques concentration-dépendant (par voie intraveineuse) le premier jour, puis temps-dépendant (par voie intramusculaire) ensuite. L’approche conseillée est probabiliste, car elle permet d’obtenir des résultats cliniques et bactériologiques généralement excellents (supérieurs à 80 %) avec des molécules telles que les lactamines (à l’exception des céphalosporines de dernière génération), les aminosides, les cyclines, voire les macrolides ou apparentés, ainsi que le florfénicol. Il est d’ailleurs proposé d’utiliser, le premier jour, un antibiotique différent dans chaque case, puis, après 48 heures, d’administrer à tous les animaux celui qui a donné les meilleurs résultats. À l’inverse, le traitement de seconde intention a généralement un faible taux de réussite (au mieux 50 %) car, après une phase de rémission médiocre, le bovin rechute ou “ne profite plus”, puis perd du poids et devient une non-valeur économique. Le traitement individuel s’oriente alors généralement vers un antibiotique à large spectre (macrolides et phénicolés) permettant de traiter les pasteurelles, mais aussi les mycoplasmes (voire T. pyogenes) et les salmonelles. Il est alors préférable de ne pas tenter d’associer des antibiotiques et, sur un même animal ou un même groupe d’animaux, d’utiliser une molécule en première intention puis une autre en seconde intention avec un délai entre les deux de 48 à 72 heures. Le second traitement ne sera alors pas poursuivi plus de 5 à 10 jours. Dans un tel cas, les thérapeutiques adjuvantes ne sont pas recommandées, car le résultat est souvent médiocre en pratique et elles augmentent notablement le coût des interventions.
Les mycoplasmes (M. bovis), pathogènes opportunistes ou agents primaires à l’origine de pneumonies, ont pour spécificité d’être considérés comme “intraitables”. Lorsqu’une telle infection est suspectée, il sera alors important d’identifier le germe responsable, ainsi que son antibiosensibilité ; cependant, les cas chroniques ne pourront être traités correctement. Concernant la dictyocaulose (bronchite vermineuse), affection qui touche toutes les classes d’âge et que l’on retrouve une grande partie de l’année selon les conditions climatiques, elle nécessite un diagnostic spécifique avant la mise en place d’un traitement antiparasitaire (lévamisole ou avermectine).
Enfin, la vaccination des bovins contre la “grippe”, en théorie efficace pour réduire les traitements antibiotiques, est peu utilisée en France par rapport aux pays voisins. Cependant, une vaccination systématisée chez le naisseur avant les périodes de stress (sevrage, transport, mise en lot) et les périodes à risques (automne, hiver) est recommandée.
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