CONFÉRENCE
PRATIQUE CANINE
Formation
Auteur(s) : GWENAËL OUTTERS
La radiothérapie est utilisée en traitement curatif ou palliatif (dans le but de stabiliser une tumeur ou d’améliorer la qualité de vie, sans chercher de guérison), unique (utilisée seule), adjuvante (après une chirurgie en marges non saines) ou néoadjuvante (avant une chirurgie, pour réduire le volume tumoral et faciliter l’accès chirurgical).
La radiothérapie palliative consiste à utiliser un traitement hypofractionné avec peu de séances (1 à 6, versus 10 à 20 pour un protocole curatif) et une dose élevée par séance (5 à 8 grays versus 2,5 à 4,8 pour un protocole curatif). En radiothérapie curative, qui vise la guérison et l’augmentation de l’espérance de vie, les effets secondaires aigus sont fréquents dans la seconde moitié du traitement (inflammation de la peau et des muqueuses) et “autorisés”. Au contraire, en radiothérapie palliative, qui vise une amélioration de la qualité de vie, ceux-ci doivent être réduits (alopécie ou changement de coloration du pelage). Les effets secondaires chroniques (nécrose cérébrale, osseuse ou cutanée) peuvent être évités par une planification prudente. Généralement, les symptômes cliniques reculent peu de temps après la mise en place de la radiothérapie palliative. Ainsi, il est primordial d’évaluer la situation et d’expliquer toutes les approches possibles au propriétaire, d’autant qu’une fois le choix fait, il n’est pas possible de changer de protocole en cours de traitement. Chaque cas doit être réfléchi individuellement.
Les indications de la radiothérapie palliative sont nombreuses : ostéosarcome, mélanome oral, sarcome histiocytaire, tumeur nasale, adénocarcinome des sacs anaux, lymphome localisé, thymome, fibrosarcome, mastocytome, métastases osseuses, arthrose.
- Pour l’ ostéosarcome, par exemple, le mécanisme analgésique consiste en une libération immédiate des médiateurs chimiques (prostaglandines E2 apportant une modulation de la perception de la douleur), une recalcification et une réparation des lésions ostéolytiques dans les 2 semaines qui suivent l’initiation du traitement. Les protocoles rapportés utilisent deux à quatre séances de 6 à 10 grays pour une réponse de 74 à 92 % après une médiane de 11 à 15 jours. La chimiothérapie, dans ce cas, ne semble pas nécessaire. L’utilisation des biphosphonates peut être bénéfique et doit être évoquée avec les propriétaires.Les antalgiques et les anti-inflammatoires complètent le traitement. Ce protocole peut être intéressant, car les radiographies ne montrent pas forcément exactement l’étendue de la tumeur. La radiothérapie doit intéresser des champs larges, au-delà de 3 cm de la tumeur. Les risques de fractures pathologiques sont décrits dans 13 à 20 % des protocoles classiques et dans 36 % en radiothérapie stéréotaxique (guidée par l’image).
- Lors de sarcome histiocytaire, tumeur localement invasive qui a déjà souvent métastasé au moment du diagnostic, cinq ou six séances sont préconisées, parfois en association avec une chimiothérapie (lomustine) pour une régression de la douleur et un pronostic de 8 à 12 mois.
- Les lymphomes locaux répondent bien et vite à la radiothérapie (apoptose). Pour les tumeurs de gros volume, le syndrome de lyse tumorale doit être prévenu par d’autres traitements.
- La radiothérapie palliative peut également être indiquée dans les mélanomes, surtout oraux, en association avec l’immunothérapie, bien qu’ils soient souvent accompagnés de métastases.
- En quatre à sept traitements, la radiothérapie palliative apporte une médiane de récidive de 20 mois aux sarcomes au site d’injection microscopiques.
- Elle est également utilisée dans les carcinomes des sacs anaux, primaires ou ganglionnaires, avec des survies assez longues.
- Enfin, elle apporte souvent de bons résultats dans la gestion palliative des tumeurs intranasales.
•