Revisiter son protocole de désinfection vis-à-vis des parvovirus - La Semaine Vétérinaire n° 1787 du 23/11/2018
La Semaine Vétérinaire n° 1787 du 23/11/2018

CONFÉRENCE

PRATIQUE CANINE

Formation

Auteur(s) : PIERRE DUFOUR  

Le parvovirus est un virus nu, sans enveloppe lipidique, ce qui lui confère une grande résistance dans l’environnement (plusieurs mois). Il résiste au froid, à la chaleur, à des pH variant de 3 à 9, à des solvants organiques comme l’acétone ou le glycérol, mais également à de nombreux désinfectants, tels que les ammoniums quaternaires.

Contamination des animaux

Après le contact contaminant, la période d’incubation est de 3 à 5 jours. L’excrétion commence avant la phase symptomatique et atteint son maximum 6 jours après l’exposition, majoritairement dans les selles, le pelage souillé par celles-ci, mais aussi dans la salive ou l’urine. Après la guérison, l’excrétion perdure de plusieurs jours à quelques semaines. La contamination se fait par voie directe, principalement horizontale par voie orofécale, mais aussi verticale ou indirecte, lors de contamination manu-portée par l’équipe soignante. « Les mains sont les principales voies de contamination dans la structure soignante, mais il y a aussi le matériel comme le thermomètre, les gamelles, le bac à litière, etc. L’objectif est de limiter les infections liées aux soins, c’est-à-dire sur des animaux ne présentant pas de signes avant l’hospitalisation », souligne la conférencière.

Mesures de protection

La première mesure est la création d’un secteur contagieux, clairement identifié, qui respecte le principe de la marche en avant. Les animaux sont classés en quatre niveaux : du niveau 1, qui correspond à un animal avec un système immunitaire déficient, au niveau 4, pour un animal hautement contagieux. Cette salle doit être peu encombrée, avec du matériel spécifique, souvent jetable. Des équipements de protection individuelle (EPI) comme des sur-chaussures, des blouses et des gants jetables sont réservés à ce secteur. Un pédiluve peut être utilisé (attention toutefois à l’évaporation du désinfectant et à la réduction de son efficacité par la présence de matière organique). « La plupart des affections nosocomiales sont manuportées, l’hygiène des mains est essentielle, avec un savon doux d’usage professionnel, avant et après avoir touché un animal », souligne notre consœur. La friction hydroalcoolique, recommandée par l’Organisation mondiale de la santé (OMS), ne fonctionnant que sur les surfaces cutanées propres, est la mieux tolérée. Avant d’entrer dans le secteur, une double paire de gants est mise en place après une friction hydroalcoolique, la première paire pouvant être souillée dans le secteur.

Une fois le risque évalué, le protocole de désinfection est préparé. Trois types de produits existent. Le nettoyant retire la matière organique et lutte contre le biofilm, réduisant de 3 log la population bactérienne ; le désinfectant, lui, permet de la faire baisser d’au moins 5 log, et sera appliqué après nettoyage ; et enfin le nettoyant désinfectant. « Les germes qui sont les plus résistants dans l’environnement sont aussi ceux qui ont le risque infectieux le plus élevé. Concernant le parvovirus, le nettoyant désinfectant n’est pas suffisant », insiste notre consœur. La substance active doit l’être sur le virus, mais à une concentration suffisante en respectant le temps de contact. Les produits prêts à l’emploi ont un temps de contact court, adapté pour les cages, tandis que ceux à diluer le sont plus pour les sols et les grandes surfaces. « N’oublions pas que la cohésion d’équipe est la clé pour réussir un bon protocole », conclut notre consœur.

Christelle Debordeaux Chef de produits chez Axience. Article rédigé d’après une présentation faite par Axience au congrès FranceVet à Paris, en juin 2018.