HYGIÈNE
ACTU
Auteur(s) : AURÉLIEN LEOBON
Un article de l’ American Animal Hospital Association décrit des protocoles d’hygiène applicables dans les cliniques vétérinaires pour prévenir les infections nosocomiales.
À l’heure de l’omnipotence de l’e-réputation et du diktat des réseaux sociaux, les effets d’une bévue concernant une éventuelle transmission nosocomiale de parvovirose ou de calicivirose féline systémique, par exemple, peuvent être dévastateurs. Par ailleurs, le praticien est confronté à des zoonoses (leptospirose, teigne, rage, etc.) qu’il convient d’identifier et d’en éviter la contagion. En dépit de toutes les précautions prises, que ce soit en médecine vétérinaire ou humaine, ces entités restent l’une des complications inhérentes à l’exercice. C’est au travers de l’évolution sociétale vers un risque zéro que l’American Animal Hospital Association (AAHA) livre ses recommandations concernant la prévention et la gestion des infections nosocomiales1.
En médecine humaine, les études estiment que 10 à 70 % des infections nosocomiales pourraient être prévenues par des mesures simples. Les objectifs affichés du consensus proposé par le panel d’experts sont de démontrer l’importance d’adopter des règles et de proposer des protocoles facilement applicables dans la pratique quotidienne pour les professionnels de santé. Afin de lutter efficacement contre ces infections nosocomiales, il convient de comprendre de quelle manière elles se transmettent. Les voies de transmission sont au nombre de cinq :
- par contact direct : les micro-organismes pénètrent directement les muqueuses ou par l’intermédiaire de plaies. C’est le cas, par exemple, pour la rage, Microsporum, Leptospira spp., Staphylococcus aureus résistant à la méthicilline et il s’agit de la voie principale de contamination en milieu hospitalier tant pour le personnel que pour l’animal soigné ;
- par voie aérosol : lors de procédures telles que les détartrages, les bronchoscopies, lors d’éternuement ou de toux. Les pathogènes incriminés concernent principalement des transmissions d’animal à animal : Bordetella bronchiseptica, maladie de Carré, etc. ;
- par voie orale : lorsque l’aliment ou la boisson est contaminé (par exemple, par Campylobacter).
- par l’intermédiaire d’un vecteur (tiques, puces, phlébotomes, etc.) ;
- par l’intermédiaire d’objets contaminés (table d’examen, chenil, équipement médical, etc.).
Afin de prévenir la transmission d’un pathogène, il convient de l’identifier le plus précocement possible dans le but de traiter l’animal. Puis de prendre des mesures pour éliminer cet agent pathogène de l’environnement, de protéger le personnel, ainsi que les animaux exposés à ce risque (confinement, équipement à usage unique, etc.). Le panel rappelle qu’il convient d’investir dans la formation du personnel en mettant en place des protocoles, lesquels pourront être amenés à évoluer avec le temps. Afin d’avoir une politique de biosécurité gagnante, il importe de veiller à une formation continue et une implication de tous. Le panel d’experts souligne que des règles de base permettent une lutte efficace : hygiène des mains, nettoyage et désinfection des surfaces, utilisation de matériel à usage unique, identification des sujets à risque et prise de rendez-vous adéquats, mise en place d’un lazaret, standardisation du protocole de désinfection préchirurgicale, etc.
Ce consensus tend à souligner, si besoin était, que, devant l’émergence des bactéries multirésistantes, l’utilisation croissante d’agents de chimiothérapie ou de matériel d’ostéosynthèse en médecine vétérinaire, le praticien doit prendre conscience de la place grandissante de la biosécurité. Il convient de réaliser que de simples procédures avec une formation continue permettent de limiter grandement ce risque. Aussi, il ne devra pas oublier que l’un des dogmes princeps devant guider son exercice est “primum non nocere”.
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1 Stull J. W., Bjorvik E., Bub J. et coll. 2018 AAHA Infection Control, Prevention, and Biosecurity Guidelines, J. Am. Anim. Hosp Assoc. 2018;54(6):297-326. bit.ly/2r5uyo6.