PROTECTION ANIMALE
PRATIQUE CANINE
L'ACTU
Auteur(s) : BÉNÉDICTE ITURRIA
L’Égypte compterait quelque 22 millions de chiens errants et 1,3 million de personnes auraient été mordues entre 2014 et 2017, dont 231 seraient décédées. En octobre dernier, la vice-présidente de la commission parlementaire des droits de l’homme, la députée Margaret Azer, a proposé une solution pour gérer cette surpopulation. Plutôt que de tuer les chiens à la carabine ou de les empoissonner comme cela se pratique, elle a suggéré une technique « plus humaine » : les exporter vers des pays asiatiques qui consomment de la viande de chiens. Elle a déclaré avoir eu cette idée après s’être entretenue avec des responsables sud-coréens. Cela pourrait de plus, selon elle, stimuler l’économie égyptienne. Cette idée a bien sûr fait réagir les défenseurs des animaux. L’Égypte dispose de peu de textes réglementaires en matière de bien-être animal. Fin 2017, le Syndicat des vétérinaires égyptiens avait annoncé la rédaction de la première loi de protection des animaux élaborée dans le pays1. Mais elle n’a toujours pas été votée au Parlement.
Coïncidence ou non avec la proposition de la députée, le porte-parole du ministère de l’Agriculture, Hamed Abdel Dayem a annoncé, le 21 novembre dernier, que son ministère avait récemment approuvé l’exportation de 4 100 chats et chiens. Selon l’Autorité générale des services vétérinaires, ces autorisations ont été accordées conformément aux réglementations internationales. Ces animaux, principalement « récupérés dans les rues », ont été testés et vaccinés contre la rage et ont reçu un certificat de l’Institut de la santé animale attestant qu’ils sont sains. Hamed Abdel Dayem n’a pas précisé dans quels pays ils seront exportés et a ajouté qu’il n’existait aucune condition particulière pour décider de leur destination.
La semaine précédente, le Parlement égyptien avait entamé un “dialogue sociétal” pour discuter des moyens proposés pour tenter de résoudre le problème de la surpopulation d’animaux errants. L’annonce de ces exportations a de nouveau suscité l’indignation des associations de protection animale. Elles craignent que ces animaux soient envoyés dans des pays où le bien-être animal est peu respecté et qu’ils servent l’industrie de la viande, du cuir et de la fourrure. Les protestations affluent désormais sur les réseaux sociaux. Utilisant le hashtag “Non à la violation des droits des animaux” et “Contre l’exportation de chiens”, des activistes et des personnalités publiques ont appelé le gouvernement à abandonner ce projet. Face à ces vives réactions, Hamed Abdel Dayem a infirmé ses déclarations antérieures : «
Le ministère de l’Agriculture n’importe ou n’exporte ni chiens ni chats, mais ap
plique certaines mesures aux animaux accompagnant les voyageurs
». La députée Nadia Henry a présenté au Parlement une demande urgente en vue de préparer un projet de loi criminalisant l’exportation de chiens et de chats en dehors de l’Égypte. Elle a auparavant soumis au ministre de l’Agriculture des propositions visant à lutter contre la propagation des chiens errants. Elle a également suggéré des solutions au problème des ordures répandues dans les rues qui constituent la principale source de nourriture de ces animaux et favorisent leur prolifération.
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1 La Semaine Vétérinaire n° 1747 du 19/1/2018, page 18.