Le laboratoire de Ploufragan fête ses 60 ans - La Semaine Vétérinaire n° 1788 du 30/11/2018
La Semaine Vétérinaire n° 1788 du 30/11/2018

ANSES

ACTU

Auteur(s) : TANIT HALFON  

Son anniversaire a été l’occasion de revenir sur les missions et les recherches du laboratoire de l’Agence nationale de sécurité sanitaire (Anses) et d’évoquer ses futurs projets.

C’e st un lieu d’excellence, reconnu par l’ensemble de ses partenaires. » Invité pour les 60 ans du laboratoire de Ploufragan-Plouzané-Niort de l’Agence nationale de sécurité sanitaire (Anses) le jeudi 29 novembre, Patrick Dehaumont, directeur général de l’Alimentation du ministère de l’Agriculture et de l’Alimentation, a vivement salué le travail effectué par les équipes du laboratoire. Créé en 1958, il était à l’origine dédié à la filière avicole. À l’époque, les professionnels du secteur avaient sollicité les élus locaux pour qu’ils appuient son développement, aboutissant à la création d’une station expérimentale appliquée. De la même manière, les porcs ont fait leur entrée dans les années 1970. Aujourd’hui, le laboratoire regroupe trois sites : en Bretagne, Ploufragan s’occupe des volailles, des porcs et des lapins, et Plouzané des poissons d’élevage ; en Nouvelle-Aquitaine, Niort est spécialisé dans les ruminants. « En 60 ans, vous avez fait de la Bretagne une région particulièrement productive et performante », a souligné Yves Le Breton, préfet des Côtes-d’Armor, présent pour l’événement.

Le bien-être animal, un axe majeur de recherche

En phase avec la société, le laboratoire étudie les questions du bien-être animal, comme l’a expliqué Virginie Michel, coordinatrice nationale de l’Anses sur cette question : « Un animal moins stressé va être dans un meilleur état de santé. De plus, placer les animaux dans de meilleures conditions d’élevage pourrait permettre de réduire leurs besoins en antibiotiques. » Elle a ainsi présenté plusieurs axes de ses recherches : « Nous étudions l’impact des conditions d’élevage sur la physiologie, le comportement et la production des animaux. Nous travaillons aussi sur l’enrichissement du milieu et sur l’arrêt des mutilations. Par exemple, pour les poulets, nous testons des systèmes qui leur permettent de picorer, afin d’éviter qu’ils le fassent entre eux dans l’hypothèse où nous arrêterions l’épointage. » Au bien-être animal s’ajoute celui des éleveurs. « Dans ce cadre, nous menons, par exemple, des travaux sur la qualité de l’air ou encore la structure des bâtiments d’élevage, a ajouté la chercheuse. Nous nous intéressons aussi à l’amélioration du bien-être du personnel d’abattoir. »

Un laboratoire qui innove

L’anniversaire a été l’occasion d’annoncer le renforcement du partenariat de l’Anses avec le Commissariat à l’énergie atomique et aux énergies alternatives (CEA). « Nous développons des technologies qui intéressent toutes les filières, a ainsi précisé Stéphane Siebert, directeur de la recherche technologique au CEA. Notre ambition avec l’Anses est de concevoir ensemble des outils pour réagir et agir plus vite. » Dans ce cadre, plusieurs projets seront menés, tels que l’évaluation de nanoparticules lipidiques pour délivrer des vaccins ou encore le développement de capteurs d’agents pathogènes directement en élevage. L’autre nouveauté du jour était l’inauguration d’un site consacré à la recherche sur les conditions d’élevage en filière avicole1. Ce bâtiment de six salles indépendantes équipées de huit parquets chacune intègre un cortège d’innovations, notamment un chauffage au sol, des caméras, des appareils de pesée automatique et un système d’air pulsé réchauffé via un échangeur air/eau. De plus, les animaux bénéficieront d’un éclairage naturel et auront accès à un jardin d’hiver.

Un laboratoire ouvert à l’international

Comme l’a souligné Gilles Salvat, directeur général délégué recherche et référence de l’agence, le laboratoire s’ancre aujourd’hui dans une optique internationale. « Nous disposons de quatre mandats de référence de l’Organisation mondiale de la santé animale (OIE) 2 . De plus, nous fournissons des experts à l’Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA). Nous travaillons aussi en collaboration avec l’Organisation mondiale de la santé (OMS) et l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), a-t-il souligné. Le laboratoire développe également des relations avec les institutions homologues étrangères. Enfin, il peut accueillir des étudiants et des chercheurs étrangers, tout comme en envoyer. » Cette ouverture à l’international s’illustre également par la forte présence du laboratoire dans les projets européens. « Actuellement, nous avons 10 projets en cours, dont quatre dans le cadre du programme conjoint européen », a-t-il ajouté. Les travaux du projet3, qui se chiffre à 90 millions d’euros et qui réunit 40 partenaires, sont un préalable, selon lui, aux futures réglementations européennes.

1 Voir bit.ly/2KOzpmJ.

2 Le laboratoire est également référent national pour 16 pathologies ou thématiques (bit.ly/2Qu8XnI).

3 L’objectif du projet est de permettre d’améliorer les connaissances relatives aux zoonoses alimentaires, à l’antibiorésistance et aux risques émergents.