Un master pour mieux lutter contre la cruauté envers les animaux - La Semaine Vétérinaire n° 1788 du 30/11/2018
La Semaine Vétérinaire n° 1788 du 30/11/2018

ITALIE

ACTU

Auteur(s) : BÉNÉDICTE ITURRIA  

Le département de médecine vétérinaire et de productions animales de l’université Federico II de Naples, en Italie, propose, depuis la rentrée 2018, un master de deuxième niveau en science médico-légale vétérinaire 1.

Ce cursus a pour objectif de fournir aux étudiants des connaissances théoriques et pratiques approfondies dans le domaine de la médecine légale, appliquées à l’approche du lieu du crime et aux méthodes de laboratoire. Le but est de former des professionnels et des experts capables d’offrir un soutien précieux aux autorités judiciaires, en leur fournissant des preuves permettant d’identifier les coupables d’actes de cruautés envers les animaux.

Gaetano Oliva, directeur du département de médecine vétérinaire, a déclaré lors d’une interview télévisée : « Je suis fier que ce master en sciences judiciaires et médico-légales ait été créé. La situation actuelle oblige les vétérinaires à devenir des protagonistes, en coopération avec la police, dans l’identification des crimes contre les animaux qui ont jusqu’à présent fait l’objet de très peu d’enquêtes. »

La standardisation d’une procédure

Ce master formera chaque année 25 vétérinaires qui deviendront ainsi des consultants qualifiés pour la police et les magistrats. Il est dispensé le vendredi et le samedi afin d’être plus accessible aux candidats qui exercent déjà leur activité professionnelle. Ce programme multidisciplinaire est dispensé par un panel de spécialistes européens venus d’horizons différents, comme des juges, des avocats, des vétérinaires, des entomologistes, des psychologues, des criminologues, des consultants en balistique pour l’armée. Parmi les nombreux modules enseignés, on retrouve, par exemple, le droit pénal, la législation vétérinaire, le bien-être animal, la toxicologie, la pathologie vétérinaire, l’entomologie forensique, la traumatologie, l’ostéologie médico-légale, la radiologie médico-légale, les techniques d’autopsie, la balistique, la photographie forensique, l’examen et l’analyse d’une scène de crime, l’étude de profils criminels ayant commis des actes envers les animaux, la psychologie et la zooanthropologie de la déviance (encadré). De nombreux exercices pratiques seront proposés tout au long de cette formation.

Le programme vise notamment à développer une check-list des blessures à contrôler sur les animaux qui doivent alerter les praticiens et leur faire soupçonner un acte de cruauté. Pour Gaetano Oliva : « Il s’agit de la standardisation d’une procédure qui favorisera à la fois le travail des vétérinaires et celui des psychologues, des psychiatres et de la police judiciaire. »

Ce master a été mis en place pour répondre aux exigences croissantes d’une société qui considère les animaux comme des êtres sensibles, mais qui ne dispose pas actuellement de compétences professionnelles suffisantes, propres à garantir la justice et à punir les auteurs d’actes criminels commis envers les animaux. Nul doute qu’il s’avérera aussi un outil précieux dans la lutte contre les violences envers les personnes, bien souvent intimement liées à la maltraitance des animaux.

1 bit.ly/2zttJtA.

ZOOANTHROPOLOGIE DE LA DÉVIANCE


La zooanthropologie de la déviance est une branche de la zooanthropologie qui étudie de façon très détaillée les diverses formes de cruauté envers les animaux et se concentre sur les implications zooanthropologiques et psychosociales d'une telle déviance. Son approche scientifique vise à analyser les caractéristiques de la maltraitance envers les animaux et, à travers la notion de Link (le lien entre la maltraitance animale et la violence envers les personnes)1, les caractéristiques de la criminalité et des comportements déviants, avec l'apport de disciplines telles que l'écopsychologie, l'écopédagogie, la psychologie de l'évolution, l'éthologie, la pédagogie et la sociologie de la déviance, la criminologie, la victimologie, la psychiatrie, la psychiatrie criminelle, les sciences d’investigation et la médecine légale vétérinaire.
1 nationallinkcoalition.org.