FILM
DITES-NOUS TOUT
Auteur(s) : MICHEL BERTROU
Ce film propose davantage que le récit sentimental d’une amitié fusionnelle entre une adolescente et un lion (blanc) dans la lumière dorée de la savane africaine. Par la fiction, Gilles de Maistre veut sensibiliser un public large à une barbarie toujours légale en Afrique du Sud : le canned hunting. Cette lucrative variante de la chasse aux trophées permet à ceux qui en ont les moyens de tirer des animaux sauvages (des lions en majorité) dans un espace clôturé. Les quelque 200 lions abattus ainsi annuellement sont fournis par des fermes (comme celle qui sert de décor au film) qui se gardent d’informer leurs visiteurs de la finalité réelle de leur élevage1. Découvrant la destinée des félins élevés par son père, la jeune héroïne, aidée de son frère, va tenter de sauver le lion avec lequel elle a grandi. Le parti pris de ne pas tricher sur la relation entre ses jeunes interprètes et le lion est la plus belle audace du film. En collaboration avec Kevin Richardson, l’“homme qui murmure aux oreilles des lions”2, le tournage s’est étalé sur trois ans, afin de retracer réellement la croissance parallèle des enfants (de 11 à 14 ans) et du lion (de 0 à 3 ans) et de se donner le temps de créer entre eux une authentique intimité. Alors que l’équipe de tournage s’abritait dans des cages, les prises entre Mia, son frère et le lion devenu adulte ont été réalisées sans trucage. Cette part de réalité dans la fable (qui rappelle le film Roar
3, avec plus de sens ici) donne sa force au propos.
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1 Le documentaire Blood Lions de Bruce Young et Nick Chevallier (2015) dénonce également cette pratique : bloodlions.org.
2 Titre du documentaire de 52 min, également réalisé par Gilles de Maistre en 2013 pour France 2.
3 Voir La Semaine Vétérinaire n° 1750 du 9/2/2018, page 53.
Mia et le lion blanc de Gilles de Maistre, avec Daniah De Villiers, Ryan McLennan, Mélanie Laurent, Langley Kirkwood, le lion Charlie, France-Afrique du Sud, 1 h 37, sortie le 26 décembre.