Contrôle aux frontières : vers un renforcement des effectifs ? - La Semaine Vétérinaire n° 1789 du 07/12/2018
La Semaine Vétérinaire n° 1789 du 07/12/2018

BREXIT

ACTU

Auteur(s) : TANIT HALFON 

Le ministre de l’Agriculture, Didier Guillaume, estime que la hausse, votée pour 2019, du nombre d’agents dédiés aux contrôles vétérinaires aux frontières, reste insuffisante.

Auditionné par la commission spéciale Brexit de l’Assemblée nationale sur la question des contrôles phytosanitaires et vétérinaires aux frontières, Didier Guillaume, ministre en charge de l’agriculture, a reconnu qu’il manquait du personnel1. Si 40 équivalents temps plein sont déjà inscrits au budget 2019 pour répondre à l’augmentation du volume des contrôles aux frontières à la suite du Brexit, « ils ne suffiront pas », a souligné le ministre à la commission. Et pour lui, dans un pays à haut niveau de sécurité sanitaire, « il est hors de question de baisser la garde ».

Mais le ministre ira-t-il assez loin ? En effet, ce sont pas moins de 100 000 camions en plus qui devront être contrôlés, à raison de 15 à 45 minutes accordées pour un lot de trois camions. Olivier Lapôtre, président du Syndicat national des inspecteurs en santé publique vétérinaire (SNISPV), estime qu’il faudrait recruter 200 personnes en plus, dont 15 à 20 % de vétérinaires, quand, actuellement, seule une quinzaine de personnes assurent les contrôles dans les postes d’inspection frontaliers (PIF), dans les ports de la Manche, des produits et animaux provenant de pays tiers. Où trouver les vétérinaires manquants ? Le ministre a indiqué qu’une des solutions envisagées serait de recruter des vétérinaires étrangers.

« Les rétablissements des contrôles vont se faire sur neuf points d’entrée (…). À ce jour, il n’y a pas d’infrastructures dédiées aux services d’inspection vétérinaires et phytosanitaires sur les sites de Calais, Caen-Ouistreham, Dieppe, Cherbourg, Saint-Malo ou Roscoff, a-t-il précisé. Les points de contrôle de Dunkerque, du Havre et de Brest devront aussi faire évoluer les infrastructures de contrôle existantes ».

Se préparer au no deal

La priorité est donnée à Calais et à Dunkerque, où transitent 80 % des marchandises d’origines végétale et animale. « Nous avons réalisé une enquête en interne sur nos services pour nous préparer au scénario du no deal, a expliqué Didier Guillaume. Ce qui a permis de donner aux gestionnaires des points d’entrée les éléments leur permettant de dimensionner les infrastructures temporaires 2 mises en place d’ici le 30 mars et d’estimer très précisément les be soins en ETP des neuf points d’entrée. » La nécessité d’aménagement de ces infrastructures en urgence n’a été prise en compte que depuis quelques mois, a déploré Olivier Lapôtre. Par conséquent, en cas de Brexit dur, la situation risque d’être très tendue. Et le président du SNISPV d’ajouter : « Il aurait mieux valu connaître plus tôt les modalités précises des contrôles à venir ; le report du vote au parlement britannique complique encore le dossier. »

1 bit.ly/2zUdwOy.

2 Le ministre a précisé que les ports avaient déjà entrepris des travaux, et qu’ils étaient parés pour le stockage des véhicules.