Le palmarès 2018 des Lauriers de l’Inra dévoilé - La Semaine Vétérinaire n° 1790 du 14/12/2018
La Semaine Vétérinaire n° 1790 du 14/12/2018

RECHERCHE

PRATIQUE MIXTE

L'ACTU

Auteur(s) : CLOTHILDE BARDE 

La 13 e cérémonie des Lauriers de l’Inra visant à récompenser six lauréats et leurs équipes pour leur engagement dans différents domaines de la recherche agronomique s’est tenue à Paris le 10 décembre.

La recherche agronomique doit faire face au défi majeur de l’alimentation de la planète dans un contexte de dérèglement climatique et de croissance soutenue de la population », a annoncé Philippe Mauguin, directeur de l’Institut national de recherche agronomique (Inra), pour introduire ces cérémonies. « Pour répondre à ces grands enjeux, les équipes de chercheurs de l’Inra tentent de comprendre les mécanismes fondamentaux en jeu et essayent d’y répondre par des innovations », a-t-il ajouté. C’est donc « cette conjugaison de talents, souvent méconnue du grand public, que les Lauriers de l’Inra [NDLR : remise de prix annuelle] s’emploient à rendre visible ».

Des défis agronomiques variés

Cette année, outre les prix Appui à la recherche décernés à deux chercheurs pour leurs parcours originaux, ce sont des travaux portant sur les grandes problématiques agronomiques actuelles qui ont été récompensés par un jury international. Le grand prix de la recherche agronomique a ainsi été attribué à Isabelle Oswald (ci-contre) pour ses découvertes sur les mycotoxines (toxines fongiques), véritable enjeu de santé publique. De même, les recherches menées sur le prion, agent pathogène situé à l’interface de la santé de l’homme et de l’animal, ont reçu le prix collectif Impact de la recherche (ci-dessous). Par ailleurs, dans le contexte actuel de bouleversement climatique, le prix Espoir scientifique a permis de distinguer les travaux portant sur la volatilité des prix agricoles de Christophe Gouel1 et le prix Innovation pour la recherche a été remis à Dominique Ripoche pour les avancées techniques obtenues au sein de l’unité Agroclim d’Avignon (Vaucluse). Enfin, Abdelhafid Bendahmane a reçu le prix Défi scientifique pour son travail de recherche fondamentale en génomique des plantes.

1 Unité économie publique (Écopub), centre Inra Ile-de-France-Versailles-Grignon.

ISABELLE OSWALD,  GRAND PRIX DE LA RECHERCHE AGRONOMIQUE 

LA CHERCHEUSE (UMR TOXICOLOGIE ALIMENTAIRE) A ÉTÉ RÉCOMPENSÉE POUR SON TRAVAIL SUR LES MYCOTOXINES.

Quelles sont les connaissances actuelles sur les mycotoxines et en quoi est-ce une problématique d’actualité ?
Les mycotoxines sont des métabolites secondaires naturels des champignons que l’on retrouve dans près de 50 % des denrées alimentaires produites. Or, seulement 20 % d’entre elles sont connues et il est très difficile de les détruire. Il y a donc encore de nombreux travaux à mener sur ce sujet. De plus, avec le réchauffement climatique actuel, le risque de les retrouver dans notre alimentation est accru. Ainsi, la mycotoxine aflatoxine (produite par Aspergillus flavus), agent cancérogène naturel le plus puissant produit par les champignons connus actuellement et normalement présente exclusivement dans les zones tropicales, est présente depuis 2003 en Europe. En parallèle, les effets combinés des mycotoxines entre elles ou avec d’autres contaminants naturels comme les métaux lourds vont être étudiés pour mieux comprendre les risques associés à notre alimentation diversifiée.

VINCENT BÉRINGUE,  PRIX COLLECTIF IMPACT DE LA RECHERCHE 

LE BIOCHIMISTE (UR VIM DE JOUY-EN-JOSAS) A REÇU CE PRIX COLLECTIF RÉCOMPENSANT LA COLLABORATION DE QUATRE ÉQUIPES POUR LEURS TRAVAUX SUR LES PRIONS.

Quelles sont les grandes avancées scientifiques obtenues sur les prions au sein de l’Inra au cours des dernières années ?
À la suite de la crise de l’encéphalopathie spongiforme bovine (ESB) et de l’apparition du variant de la maladie de Creutzfeldt-Jakob chez l’homme en 1996, les chercheurs de l’Inra ont développé des outils biophysiques et des modèles transgéniques in vitro et in vivo (lignées transgéniques) pour étudier la diversité des prions et leurs capacités de transmission interespèces, les mécanismes pathogènes chez l’homme et l’animal, les facteurs génétiques de susceptibilité de ces hôtes et, au plan moléculaire, la structure des prions. Ces travaux ont eu des impacts économiques importants comme le programme génétique national de sélection des ovins résistants à la tremblante classique, qui a permis d’économiser entre 50 et 100 millions d’euros.