Le scoring, pour détecter un risque de défaillance de sa clinique - La Semaine Vétérinaire n° 1790 du 14/12/2018
La Semaine Vétérinaire n° 1790 du 14/12/2018

FINANCES

ÉCO GESTION

Auteur(s) : JACQUES NADEL  

Facile à interpréter, le score de défaillance est un indicateur prédictif pour les faillites des entreprises. L’analyse de ce risque est à la portée de n’importe quel dirigeant, celle-ci étant réalisée à partir des documents comptables.

Le principal avantage des systèmes de scoring est l’obtention d’un diagnostic rapide et à moindre coût. En effet, compte tenu des volumes à traiter, des annexes souvent incomplètes, ces outils n’utilisent, pour la plupart, qu’un bilan et un compte de résultat. Donc, pour pouvoir utiliser cette méthode, la première démarche est de se rapprocher de son expert-comptable.

Quel est le principe des scores ?

La méthode des scores est une technique d’analyse des comptes de l’entreprise destinée à déterminer préventivement son risque de défaillance. L’entreprise est notée par rapport à ce risque.

Il existe différents types de notations ayant pour objectif d’évaluer la solvabilité ou les difficultés des entreprises. La plus connue est celle de la Banque de France, mais elle est trop généraliste et peu exploitable pour une petite entreprise telle qu’une clinique vétérinaire.

En règle générale, les notations reposent sur une comparaison des ratios financiers (rentabilité, endettement, fonds de roulement, etc.) par rapport à des moyennes sectorielles.

Dans l’exemple ci-contre (page 41), Emmanuel Delaubert, expert-comptable du cabinet Lecœur, Leduc et associés (LLA) experts-comptables, présente un projet de scoring de clinique vétérinaire, basé sur une référence Xerfi (base statistique nationale).

Quelles sont les limites du scoring ?

Les avantages de la méthode sont la simplicité et la rapidité du diagnostic. Elle a aussi des limites. L’approche de ce type de cotation est axée essentiellement sur les aspects financiers et comptables, donc sur des comptes passés. Par exemple, une clinique vétérinaire désendettée, mais aux perspectives d’avenir sombres, pourrait obtenir une bien meilleure cotation qu’une autre très endettée mais aux possibilités d’évolutions meilleures.

L’utilisation du scoring seul ne suffit donc pas pour avoir une idée claire de la situation de la clinique vétérinaire, car il n’est qu’un élément de diagnostic parmi d’autres : approche qualitative, évaluation de l’environnement, etc. Par conséquent, l’établissement d’un prévisionnel sincère reste le meilleur moyen pour détecter un risque de défaillance.

« Une méthode de scoring n’offre, comme toutes les autres, que des probabilités, jamais de certitudes. Elle ne peut pas se substituer à l’expertise de l’analyste financier », prévient Emmanuel Delaubert. En revanche, « elle participe au faisceau d’éléments qui permettent d’affiner l’évaluation financière de l’entreprise ».

Comment procéder pour évaluer votre cotation ?

Il convient de se doter des documents de gestion de la clinique vétérinaire (comptes passés et prévisionnels) et, éventuellement, de se faire accompagner de son expert-comptable pour appréhender une certaine terminologie financière qui pourrait apparaître absconse.

Ensuite, il importe de sélectionner les critères, ratios économiques et financiers à introduire dans le modèle (tableau sous Excel). Onze indicateurs sont proposés par Emmanuel Delaubert pour apprécier le risque de défaillance d’une clinique vétérinaire : la rentabilité nette des capitaux engagés, le crédit client, la trésorerie globale, le taux d’endettement, l’évolution du chiffre d’affaires (CA), de la marge, du taux de marge, de la fréquentation, la rentabilité (excédent brut d’exploitation, EBE), la capacité d’autofinancement, le pourcentage du personnel sur la valeur ajoutée.

Pour certains de ces ratios, le dirigeant vétérinaire doit prévoir également un système de pondération des notes en fonction de l’évolution, bonne ou mauvaise, de son entreprise (résultat à pondérer suivant l’accentuation de l’évolution du CA, de la marge, du taux de marge, de la fréquentation).

Pour chaque ratio étudié, une note de 1 à 10 est attribuée, la meilleure étant 10 et la plus mauvaise, 1. Par exemple, une clinique vétérinaire dont la capacité d’autofinancement est excellente (absence de dépendance vis-à-vis de la banque) aura une note de 10 pour le critère basé sur le ratio CAF.

« Il est important de connaître les ratios moyens du secteur vétérinaire, notamment par taille et typologie de clinique, pour donner une note juste, souligne cet expert-comptable. Mais comme dans toute analyse comparative par rapport à des statistiques, il faut garder à l’esprit que ce scoring n’est que le résultat d’une interprétation. »

De plus, la cotation ne résulte pas d’une simple arithmétique des données financière et laisse la place au cas par cas, à la nuance, aux perspectives… Aussi, l’exercice vise avant tout à ce que les vétérinaires se posent les bonnes questions et agissent en conséquence (mise en place de mesures correctives).

Une fois toutes les notes attribuées par indicateur, on en fait le total que l’on divise ensuite par 11 (le nombre d’indicateurs choisis dans notre exemple) pour obtenir une cotation moyenne. Cette note finale sur 10 permet d’évaluer le risque de défaillance de l’entreprise.