SmartPharm, au service de l’observance des traitements - La Semaine Vétérinaire n° 1790 du 14/12/2018
La Semaine Vétérinaire n° 1790 du 14/12/2018

NOUVELLES TECHNOLOGIES

PRATIQUE MIXTE

L'ACTU

Auteur(s) : LORENZA RICHARD  

Une application, bientôt disponible sur smartphone, permettra d’automatiser le suivi de la totalité des traitements vétérinaires réalisés par les éleveurs porcins.

Mise en place par les ingénieurs et les vétérinaires de l’Ifip, Institut du porc, et l’entreprise d’automatismes en élevage Asserva, l’application SmartPharm, pour “pharmacie intelligente”, est sur le point de voir le jour. « Le principe est l’automatisation du suivi des traitements », explique Michel Marcon, ingénieur à l’Ifip, qui participe au développement de l’élevage de précision1. Avec son smartphone, l’éleveur scanne un code sur le médicament qu’il souhaite utiliser. « La fiche de ce dernier apparaît telle qu’elle existe dans l’index des médicaments autorisés en France, géré par l’Anses 2 . Puis l’application se met en attente d’affectation du traitement à une salle, à une case ou à un animal particulier. » L’éleveur scanne alors une carte NFC (Near Field Communication), qui identifie la salle ou la case concernée, ou encore la puce électronique de l’animal à traiter. Selon le cas, des alertes peuvent être reçues, concernant, par exemple, le délai d’attente avant l’abattoir.

Carnet de santé électronique

Le médicament administré, la posologie, le motif du traitement et la date sont enregistrés dans la base de données de l’exploitation. L’éleveur a alors accès via son PC à des tableaux de bord qui synthétisent le nombre d’animaux traités, le type de traitement, la quantité de doses administrées par animal, etc. « L’originalité est que ces indicateurs ne sont pas donnés pour une période de gestion technique, c’est-à-dire sur un mois ou un an, mais ils sont disponibles pour chaque bande », précise Michel Marcon. Ainsi, l’éleveur accède en temps réel à ces indicateurs sur la bande en cours et sur les cinq dernières, et peut voir l’évolution des traitements. « Ce système permet une traçabilité totale des traitements réalisés : c’est le carnet de santé électronique de l’élevage. » De plus, si l’exploitant accepte de transmettre ses informations à l’Ifip, il peut également comparer les indicateurs de traitements de ses animaux à des références nationales. Enfin, l’identification individuelle (l’éleveur peut choisir de n’identifier que les porcs qui reçoivent un traitement) pourrait permettre de valoriser un animal en filière “sans antibiotique”, par exemple.

Toutes ces informations sont remontées dans la base de données GVET3, qui stocke également les données enregistrées dans le module sanitaire d’Isagri.

Suivi automatisé de l’observance

La première version du prototype a été installée pour les tests préliminaires à la station expérimentale de Romillé (Ille-et-Vilaine), et le rapport des modifications à apporter vient d’être rédigé avec l’aide d’Anne Hémonic, vétérinaire à l’Ifip. En décembre 2018, une seconde version du prototype verra le jour et sera installée en janvier 2019 dans cinq à 10 élevages tests de trois groupements de producteurs de Bretagne, pour des études complémentaires. Les retours des éleveurs des exploitations équipées de ce système sont attendus dans le courant de l’année 2019. « Des réunions seront alors organisées avec les vétérinaires, annonce Michel Marcon. Le but est en effet de mettre au point une troisième version du prototype, qui fournisse un accès à toutes ces données pour les vétérinaires, afin qu’ils puissent vérifier l’observance de leurs prescriptions. » Les attentes et besoins des éleveurs et des vétérinaires seront recueillis afin d’établir un nouveau cahier des charges des modifications à apporter aux indicateurs pour mettre au point une application satisfaisante à la fois pour les éleveurs et les praticiens.

1 Voir La Semaine vétérinaire n° 1728 du 15/7/2017, page 34.

2 Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail : ircp.anmv.anses.fr.

3 Base de données de Gestion des traitements vétérinaires en élevage lancée, dans le cadre du plan ÉcoAntibio 2017, par l’Ifip, l’Anses et Isagri.