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ACTU
Auteur(s) : CHANTAL BÉRAUD
Il a l’apparence d’un bébé phoque, mais c’est un robot “émotionnel” ! Grâce à sept moteurs, Paro bouge la tête, cligne des yeux, actionne ses nageoires… Il pourrait devenir un partenaire des animaux bien vivants utilisés en thérapie.
Les Français vont-ils bientôt, à l’instar des Japonais, considérer les robots comme “des amis inestimables” ? Toujours est-il qu’un robot phoque est quotidiennement utilisé dans 11 établissements d’hébergement pour personnes âgées dépendantes (Ehpad) de la Mutualité française Loire Haute-Loire SSAM. Des lieux qui accueillent également des activités de zoothérapie. Dans ce contexte, Paro devient-il un concurrent aux bêtes bien vivantes employées en médiation animale ? Quelques premiers éléments de réponse sont donnés dans une observation scientifique de son utilisation in situ durant 18 mois (encadré). De fait, il apparaît que Paro est « très éloigné des pratiques de médiation animale. En effet, même s’il n’est pas assimilé à un robot, les personnes âgées ne le prennent pas réellement pour un animal, et surtout pas pour un phoque ». De plus, « contrairement à un animal, il est plus ou moins prévisible, maîtrisable. Mais il est aussi lourd, débranchable, fragile et coûteux ». En définitive, Paro « est approprié comme un être hybride (animal-machine), ambigu et largement utilisé comme un doudou ».
Didier Vernay, neurologue, responsable du diplôme universitaire Rama1, adorerait réaliser une étude comparative qui mélangerait robots “émotionnels” et médiation animale. Et d’observer : «
Les nouvelles générations de robots permettent d’initier des illusions de complicité intéressantes. Encore faut-il que l’émotion que l’être humain prête au robot intervienne au bon tempo !
» Et d’ajouter : «
À mon sens, la robotique ne doit pas être un prétexte pour enlever du vivant à l’intérieur des hôpitaux, des maisons de retraite, des prisons… Mais des raisons pratiques peuvent sans doute justifier qu’on y ait recours, comme outil complémentaire
». Un avis que partage Marine Grandgeorge, docteur en psychologie humaine et maître de conférences en éthologie : «
De par mon expérience de collaboration avec des chercheurs en robotique, je pense que les robots sont intéressants à introduire dans les endroits où l’hygiène est un frein à la venue d’un animal vivant ou quand le personnel est très réticent à leur introduction. De plus, le robot a l’avantage de travailler sans se fatiguer, et donc d’être utilisable quotidiennement auprès d’un nombre élevé de patients.
» Dans le cas de troubles très importants du comportement humain, mieux vaut peut-être mettre les personnes en contact avec des robots afin d’éviter tout cas de maltraitance animale ? La question se pose désormais, avec les progrès de cette robotique dite “bio-inspirée”, où les chercheurs étudient le développement des liens affectifs.
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1 Relation d’aide par la médiation animale.
LE ROBOT ANIMAL, UN OUTIL INTÉRESSANT EN CAS DE TROUBLES COGNITIFS ?