Les libéraux, dont font partie les vétérinaires, ont été confrontés à un flot de réforme en quelques mois : loi Pacte (plan d’action pour la croissance et la transformation des entreprises), réforme fiscale du travail, du prélèvement à la source, suppression du Régime social des indépendants (RSI), application du règlement général sur la protection des données personnelles (RGPD), etc.
L’utilisation du numérique est aussi au cœur des enjeux de la profession vétérinaire, qui est en pleine mutation. Les confrères évoluent vers une nouvelle façon de pratiquer, à l’ère du big data, et leur implication devrait s’accroître à l’heure des nouvelles technologies. Télémédecine, téléconseil, téléexpertise, téléconsultation, télésurveillance médicale émergent.
L’entreprise vétérinaire intègre également ces innovations et se réinvente. Lors du forum de l’association Ergone à Lyon (Rhône), le 11 octobre, le nouveau mode de recrutement et l’atout de la marque employeur ont été mis en avant. «
Nous sommes une profession avec une formidable capacité d’adaptation aux évolutions de nos activités, expliquait Pierre-Marie Cadot. Le “savoir-faire”
vétérinaire suit un développement exponentiel et s’enrichit des nouvelles technologies avec l’intelligence artificielle, les objets connectés et les nouveaux modes de communication, qui sont autant d’apportunités de devenir des vétérinaires
“augmentés”.
»
Vetfuturs a publié son livre bleu pour «
comprendre et anticiper les mutations de la profession vétérinaire
». Le document fait un état des lieux et expose les pistes de réflexion. Il s’intéresse au maillage territorial et aux attentes des clients. Ainsi qu’ à l’avenir : quels nouveaux facteurs de fidélisation pour les vétérinaires ? Quelle place avec Internet pour être la référence en matière d’information sur la santé animale ? Une autre partie aborde les « aspirations et évolutions » des vétérinaires et une dernière se penche sur les chantiers stratégiques retenus.
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C’est le sujet du moment dans la filière canine. Après la prise de position d’instances professionnelles internationales (WSAVA, Fecava1) et de nombreuses initiatives nationales, c’est au tour de l’Académie vétérinaire de France de se prononcer, en 2018, sur la lutte contre les hypertypes canins. L’Institution n’hésite pas à qualifier les troubles liés à la production d’animaux hypertypés de « maltraitances programmées » et enjoint tous les acteurs de la filière à se mobiliser, dont les vétérinaires.
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1 World Small Animal Veterinary Association, Federation of European Companion Animal Veterinary Associations.
ENBREF
Jean-François Rousselot succède à Éric Guaguère à la présidence de l’Association française des vétérinaires pour animaux de compagnie (Afvac).
Jean-Luc Angot est nommé président du Comité du codex alimentariussur les principes généraux.
Jean-Roch Gaillet est nommé directeur général de l’Institut français du cheval et de l’équitation (IFCE)
Laurent Perrin est le nouveau président du Syndicat national des vétérinaires d’exercice libéral (SNVEL), dès 2019. Il succède à Pierre Buisson.
Le premier étiquetage sur le bien-être animal voit le jour en France en 2018. Depuis le 5 décembre, des produits Casino adoptent un étiquetage indiquant les conditions de vie, de transport et d’abattage des animaux. Cette démarche est le fruit de la collaboration de Casino et de trois associations de protection animale :Compassion in World Farming (CIWF) France, la Fondation droit animal, éthique et sciences (LFDA) et l’Œuvre d’assistance aux bêtes d’abattoirs (OABA).
L’Association contre la maltraitance animale et humaine (Amah) est créée avec l’impulsion de notre consœur Anne-Claire Gagnon. L’Association a pour ambition de comprendre le lien entre la violence faite aux animaux et celle faite aux personnes, et de fédérer et sensibiliser tous les acteurs concernés.
Le virus West Nile aura maintenu en alerte le sud de la France et la Corse avec des cas chez des chevaux durant l’été.
RÉGLEMENTATION
MÉDICAMENTS : UN TOURNANT IMPORTANT
De l’adoption du règlement européen sur le médicament vétérinaire à la suspension de solutions injectables de flunixine en passant par la prescription obligatoire du chlorure de sodium, l’année 2018 s’achève avec son lot de faits marquants.
L’actualité autour du médicament vétérinaire a été riche en 2018. D’abord pour les eurodéputés, l’année écoulée marque un tournant important. Après plusieurs années de discussion, le règlement européen sur le médicament vétérinaire a été adopté le 25 octobre et sera applicable d’ici 2022. Il prévoit une refonte de la législation européenne sur le médicament vétérinaire. Le texte écarte le découplage et autorise entre autres la vente en ligne de médicaments vétérinaires non soumis à prescription. Au niveau national, 2018 fut sans aucun doute l’année des dossiers brûlants. En février, la Cour de cassation sanctionne avec autorité une société d’exercice vétérinaire pour le non-respect des règles relatives à la prescription hors examen clinique. Elle rappelle les conditions exigées (bilan sanitaire d’élevage, protocole de soins, visites et soins réguliers) pour qu’un vétérinaire prescrive des médicaments sans examiner un animal. Presque dans le même temps, la Direction générale de l’alimentation (DGAL) publie, en avril, une note de service qui donne une définition de l’ayant droit, dont le vétérinaire. Elle revient avec précision sur les conditions pour être considéré comme tel. À noter qu’un vétérinaire d’exercice libéral n’est pas nécessairement un ayant droit. En mai, un arrêté classe le chlorure de sodium sur la liste I des substances vénéneuses. Conséquences pour les praticiens : les solutés de chlorure de sodium administrés par voie parentérale sont désormais soumis à prescription vétérinaire obligatoire, également lorsque c’est le praticien qui en fait usage. À la même période, c’est l’Agence nationale du médicament vétérinaire (Anses-ANMV) qui publie un rapport sur les alternatives aux antibiotiques. Si l’agence retient que ces produits ne doivent pas être considérés comme des médicaments vétérinaires, elle encourage à ce qu’un statut propre leur soit dédié. Procédure spécifique aussi pour les éleveurs qui souhaitent importer légalement des médicaments vétérinaires. En juin, un décret paru au Journal officiel permet désormais aux éleveurs de déposer des demandes d’autorisations d’importations parallèles auprès de l’ANMV. Une procédure simplifiée est créée, mais soumise à des exigences peu encourageantes. Entre juillet et août, l’ANMV suspend pour 12 mois les autorisations de mise sur le marché (AMM) de 12 médicaments vétérinaires contenant de la diéthanolamine comme excipient. En décembre, l’agence publie des bonnes pratiques de gestion de ruptures des médicaments vétérinaires, problématiques rencontrées par de nombreux praticiens.
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Michaella Igoho-Moradel
ENBREF
En février, un groupement d’intérêt économique (GIE) est sanctionné par la Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes (DGCCRF), à hauteur de 20 800 €, pour avoir lancé un boycott anticoncurrentiel à l’égard de médicaments nécessaires à l’élevage fabriqués par le laboratoire Bayer Healthcare. Quelques mois plus tard, en juillet, c’est l’Autorité de la concurrence qui sanctionne lourdement les centrales pour ententes lors de la crise sanitaire de la fièvre catarrhale ovine (FCO). Elle reproche également à certaines centrales d’avoir mis en place des pactes de non-agression.
En avril, de nouvelles autorisations de mises sur le marché (AMM) sont octroyées par l’Agence nationale du médicament vétérinaire (Anses-AMNV) pour des solutions injectables de tramadol pour les chiens.
En octobre, Boehringer Ingelheim annonce se séparer du site de Merial-Coophavet situé à Saint-Herblon (Loire-Atlantique). Le laboratoire hollandais Dopharma est connu comme l’acquéreur. En décembre, l’entreprise allemande annonce la suppression de plusieurs postes au sein de sa division santé animale. Un peu avant, en novembre, le laboratoire Bayer indique, quant à lui, réfléchir à la cession de son activité santé animale d’ici 2019.
En octobre, après plusieurs mois de discussions, le projet de loi pour l’équilibre des relations commerciales dans le secteur agricole et alimentaire et une alimentation saine, durable, a été définitivement adopté. Des dispositions concernent le secteur vétérinaire : la fin des remises sur certains biocides, ainsi que les promotions encadrées sur le pet food.
En novembre, l’Association française des vétérinaires pour animaux de compagnie (Afvac) décerne les premiers prix de l’innovation vétérinaire, avec le soutien du Syndicat de l’industrie du médicament et réactif vétérinaires (SIMV).
En décembre, la chambre nationale de discipline de l’Ordre des vétérinaires précise les conditions d’exercice des sites de vente en ligne d’aliments et d’accessoires vétérinaires.
ALIMENTS
LES INSPECTIONS VÉTÉRINAIRES, AU CŒUR D’UNE CRISE SANITAIRE
Le 2 décembre 2017, à la suite du signalement d’un nombre inhabituel de salmonelloses tous liés à la même souche, Salmonella Agona, chez de jeunes enfants âgés de moins de 6 mois, une contamination commune via de la poudre de lait infantile contaminée, provenant de l’usine Lactalis de Craon (Mayenne), avait été mise en évidence par les inspecteurs de la direction départementale de la cohésion sociale et de la protection des populations de la Mayenne (DDCSPP 53). Cette crise sanitaire a permis de révéler que seules des inspections partielles régulières par les services vétérinaires sont obligatoires dans les établissements agroalimentaires agréés. Mis à mal par cette affaire, le ministère de l’Agriculture et de l’Alimentation s’est emparé du problème en annonçant, en janvier 2018, la mise en place d’un plan de contrôle renforcé du niveau d’hygiène des établissements fabricant ou conditionnant des poudres de lait infantile entre février et mai 2018. Gage d’une volonté de transparence, les résultats obtenus ont ensuite été publiés sur le site internet du ministère. Certaines mesures de sanction ont été prises et l’Agence nationale de sécurité sanitaire (Anses) travaille sur les données collectées pour établir une évaluation du risque inhérent à ce type de production.
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Clothilde Barde
ÉPIDÉMIOSURVEILLANCE
LA FIÈVRE CATARRHALE OVINE PERSISTE EN EUROPE
Depuis le 1er janvier 2018, la totalité du territoire de la France continentale a été placée en zone réglementée pour les sérotypes 4 et 8 de fièvre catarrhale ovine (FCO) et le début de la période de circulation virale a été fixé au 1er juin 2018 pour la saison 2018-2019, date à laquelle la surveillance officielle est événementielle. Hors de nos frontières, la maladie était aussi encore bien présente en 2018 et de nouveaux foyers ont fait leur apparition : en octobre en Italie (sud de la Sardaigne, sérotype 3) et le 12 décembre dernier en Allemagne (FCO-8), par exemple. Enfin, certains sérotypes viraux ont émergé de nouveau, tel que le sérotype 2 en Tunisie, en octobre 2018.
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Clothilde Barde
BIEN-ÊTRE ANIMAL
L’ANSES PROPOSE UNE NOUVELLE DÉFINITION DU BIEN-ÊTRE ANIMAL
En s’appuyant sur une mise en perspective pluridisciplinaire du concept de bien-être animal, les experts de l’Agence nationale de sécurité sanitaire (Anses) en ont proposé une nouvelle définition. Centrée sur l’état mental de l’individu dans son environnement, cette dernière tient compte de l’évolution des connaissances scientifiques sur le sujet. En parallèle, une synthèse des réflexions des experts sur les méthodes nécessaires à son évaluation a aussi été remise.
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Clothilde Barde
ÉTATS GÉNÉRAUX DE L’ALIMENTATION, UN TEXTE DE LOI FINALEMENT ADOPTÉ
Après avoir fait l’objet d’un long débat et de plus de 5 500 amendements, le projet de loi pour l’équilibre des relations commerciales dans le secteur agricole et de l’alimentation saine et durable, issu des États généraux de l’alimentation, a enfin été définitivement adopté le mardi 2 octobre par le Parlement.
Faisant suite à de fortes attentes des agriculteurs pour une rémunération plus juste de leur travail, le texte adopté prévoit certaines avancées sociales comme la définition en concertation entre les industriels et les interprofessions d’indicateurs de prix ou l’encadrement des promotions. Concernant le volet bien-être animal, même si certaines attentes sont restées à l’état expérimental (vidéosurveillance en abattoir, abattoirs mobiles), on note toutefois un renforcement des outils de poursuite et de sanction des mauvais traitements aux animaux, notamment lors du transport et de l’abattage, l’interdiction de la mise en production de tout bâtiment d’élevage (nouveau ou réaménagé) de poules pondeuses élevées en cage, le financement de projets de recherche pour le sexage des œufs en couvoirs industriels et, enfin, le renforcement de la surveillance des conditions de transport des animaux depuis le territoire national à destination des pays membres et des pays tiers de l’Union européenne.
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Clothilde Barde
LES INTERPROFESSIONS ENGAGÉES EN FAVEUR DU BIEN-ÊTRE ANIMAL
Parmi les grands chantiers définis par le gouvernement dans le cadre des États généraux de l’alimentation, la mise en place des plans filière était une priorité pour 2018. C’est chose faite à présent avec des engagements des différents acteurs dans certains domaines comme le bien-être animal et l’environnement. Dans le même temps, les interprofessions viande et lait de la filière bovine (Interprofessionnelle du bétail et des viandes [Interbev] et Centre national interprofessionnel de l’économie laitière [Cniel]) ont décidé d’aller plus loin en 2018, avec la mise en place de « démarches de responsabilité sociale » innovantes. En effet, des grilles d’évaluation du bien-être animal sont actuellement en cours de finalisation et les projets environnementaux ambitieux (Life Carbon Dairy et Life Beef Carbon) avancent.
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Clothilde Barde
FILIÈRE BOVINE
DERMATOSE NODULAIRE CONTAGIEUSE BOVINE : UNE SITUATION STABLE
Alors que le dernier foyer de dermatose nodulaire contagieuse bovine (DNCB) déclaré en Europe datait du 10 octobre 2017 au Monténégro, aux frontières de l’Europe la maladie persiste. Ainsi, en Turquie, six foyers ont été confirmés le 25 juillet 2018, dont un situé à proximité proche de la frontière grecque. Même si très peu de cas ont été déclarés dans ce pays depuis mi-2016, mais la maladie est toujours présente et circule à bas bruit.
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Clothilde Barde
GESTION DES MALADIES
TUBERCULOSE BOVINE : UNE SURVEILLANCE À POURSUIVRE
En 2018 la répartition géographique des foyers de tuberculose est restée très similaire à celle de 2017 sur le territoire français. La majorité des foyers ont été détectés dans le cadre de la prophylaxie, ce qui permet une détection à un stade plus précoce de l’infection par rapport à la surveillance systématique à l’abattoir. Au total, l’incidence de la tuberculose bovine reste faible, mais des efforts rigoureux, tant en surveillance qu’en assainissement pourrait permettre d’améliorer encore la situation de certains départements dans lesquelles la maladie persiste encore selon les experts (plateforme d’épidémiosurveillance en santé animale, ESA). Des travaux récents ayant montré que la faune sauvage joue un rôle de réservoir de la maladie, une meilleure gestion de cette dernière est une des pistes à envisager pour y parvenir.
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Clothilde Barde
PLUSIEURS FOYERS DE FIÈVRE CHARBONNEUSE AU COURS DE L’ÉTÉ
Au cours du mois de juillet 2018 plusieurs foyers de fièvre charbonneuse ont été rapportés dans des cheptels bovins allaitants du département des Hautes-Alpes, à la suite de mortalités brutales observées fin juin. Il s’agissait d’une résurgence multifocale, dont l’origine commune était les conditions climatiques très favorables (sécheresse) à la remontée de spores de Bacillus anthracis et leur ingestion ensuite par les animaux.
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Clothilde Barde
POLITIQUE AGRICOLE COMMUNE
UNE FUTURE POLITIQUE AGRICOLE COMMUNE EN COURS D’ÉLABORATION
Pour répondre aux enjeux économiques et environnementaux, mais aussi plus largement à la demande sociétale croissante vis-à-vis du secteur agricole pour une alimentation plus sûre et plus durable, les ministres ont travaillé en 2018 à un projet pour la future politique agricole commune (PAC) 2021-2027. Cependant, le budget qui lui sera alloué fait encore l’objet de nombreuses discussions. Il reste maintenant à attendre la décision finale, qui sera prise au printemps 2019 par le Conseil et le Parlement européen.
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Clothilde Barde
ENVIRONNEMENT
UNE SÉCHERESSE RECORD EN ÉLEVAGE
La tendance est évidente : les cinq dernières années ont été les plus chaudes jamais enregistrées, selon la National Oceanic and Atmospheric Administration (NOAA), qui a coordonné en 2018 un rapport de référence sur le climat rédigé par plus de 80 scientifiques de 12 pays. Et la sécheresse qui a touché toute l’Europe durant l’été 2018 en témoigne. Face aux conséquences économiques désastreuses pour de nombreuses filières d’élevage (manque de foins, décapitalisation des animaux), des aides d’urgence ont dû être débloquées. Cependant, une des perspectives d’avenir envisagée actuellement par les experts et chercheurs est le recours à l’agroécologie. Et cette voie est encouragée par le gouvernement car, comme l’a indiqué le ministre de l’Agriculture et de l’Alimentation, Didier Guillaume, dans son discours du 12 décembre 2018 à l’occasion de la COP24 : « Il est aujourd’hui plus que jamais nécessaire et urgent d’apporter une réponse globale au défi climatique en encourageant la transition vers des systèmes agricoles plus résilients et plus durables (…) comme l’agro-écologie ».
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Clothilde Barde
MÉDECINE FÉLINE
UNE “FÉLINISATION” DE LA PROFESSION EN MARCHE
L’année 2018 a été placée sous le signe du chat pour la médecine vétérinaire et continuera en 2019. La population française compte de plus en plus de cat lovers, alors que la proportion de chat allant au moins une fois par an chez le vétérinaire ne semble pas évoluer depuis 10 ans… Face à ce constat, les laboratoires se sont ainsi mobilisés pour former les praticiens à l’accueil et aux soins adaptés à cette espèce (programmes Cat Academie de Boehringer Ingelheim, Cat Expertise de Ceva, CATtitude de MSD, Cats Welcome de Virbac, La Semaine du chat de Royal Canin, etc.), des initiatives reconduites au cours de l’année à venir. Le Groupe de réflexion et d’intérêt félin (Grif) a également vu le jour, sous l’impulsion d’un groupe de praticiens sensibles à la médecine féline souhaitant diffuser les bonnes pratiques de médicalisation du chat et rassurer une clientèle exigente.
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Valentine Chamard
DISCIPLINE
LA MÉDECINE PRÉVENTIVE SOUS LES FEUX DE LA RAMPE
La médecine préventive ne se cantonne plus aujourd’hui à la visite vaccinale et aux traitements antiparasitaires. Elle suit l’évolution de la société sur la place de l’animal dans les foyers et tend vers une médecine de plus en plus personnalisée de l’animal. Pour le praticien, cette approche ne s’improvise pas et demande une formation et une implication de toute l’équipe. Pour accompagner les praticiens dans cette évolution, l’Association française des vétérinaires pour animaux de compagnie (Afvac) a lancé en 2018 son plan modulaire de formation en médecine préventive qui continuera en 2019 et verra même cette année la création d’un nouveau groupe d’étude dédié. Des sociétés comme Santévet (programme Prévention Vet) se mobilisent également sur le sujet et des plans de prévention sont aussi proposés dans ce cadre.
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Valentine Chamard
SÉLECTION
LA MODE DES HYPERTYPES, UN FLÉAU À COMBATTRE
Valentine Chamard
ÉTHIQUE
LES VOIX S’ÉLÈVENT CONTRE LES COLLIERS ÉLECTRIQUES
À l’heure où le bien-être animal n’a jamais été aussi prégnant dans la société, le recours au collier électrique pour le dressage des chiens apparaît d’un autre temps. L’European Society of Veterinary Clinical Ethology (ESVCE) a pris position en 2018, arguments à l’appui, pour l’interdiction de la vente de ces dispositifs, aux multiples effets néfastes tant d’un point de vue éthique que sur la santé des chiens. Plusieurs pays européens ont d’ores et déjà décidé de les interdire ou d’en limiter l’utilisation.
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Valentine Chamard
SERVICE
LA PREMIÈRE UNITÉ DE SOINS DÉDIÉE À LA DOULEUR VOIT LE JOUR
Une unité vétérinaire d’évaluation et de traitement de la douleur (UVETD) a ouvert en juin 2018 au CHV Advetia (Vélizy-Villacoublay, Yvelines), en partenariat avec CAP douleur. Ses missions sont d’accueillir les animaux atteints de douleurs chroniques, d’être un pôle de formation dédié à l’analgésie et un centre de recherche clinique, de collaborer avec un centre de lutte contre la douleur en médecine humaine, tout en gardant une proximité avec les praticiens généralistes référents. Un cahier des charges exigeant (en particulier l’aspect pluridisciplinaire) prévaut au fonctionnement de ce type d’unité, qui devrait se dupliquer dans d’autres cliniques (sept sont actuellement candidates) en 2019.
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Valentine Chamard
CRÉATION DE CAP WELFARE
Le groupe de réflexion CAP Welfare, émanant de Cap douleur et créé en 2018, s’est donné pour mission de « comprendre les besoins des animaux de compagnie, partager leurs émotions», d’apporter des regards croisés et d’inscrire la profession vétérinaire dans ce sujet sociétal pour lequel « l’expertise vétérinaire ne va pas de soi ». Le groupe a lancé en fin d’année une enquête dont l’objectif était de cerner la place et les attentes des vétérinaires sur le sujet. Si tous les répondants se sentent concernés par le bien-être animal, seule la moitié d’entre eux estiment que le vétérinaire peut être considéré comme un expert sur cette question. Des formations devraient prochainement être proposées pour répondre à cette attente.
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Valentine Chamard
ÉPIZOOTIE
LA PESTE PORCINE AFRICAINE EST AUX PORTES DE LA FRANCE
Sévissant en Europe de l’est depuis 2007, la peste porcine africaine a été détectée le 13 septembre dernier dans la commune belge d’Étalle, à moins de 10 km de la frontière française. À la suite de cette découverte, les autorités sanitaires françaises ont défini un plan de lutte basé sur des mesures à mettre en place dans une zone réglementée incluant les départements les plus proches de la zone infectée en Belgique, à savoir les Ardennes, la Meurthe-et-Moselle, la Moselle et la Meuse. Ce plan incluait notamment la mise en œuvre de mesures de biosécurité et leur contrôle via des visites d’élevage par le vétérinaire sanitaire. De plus, initialement interdite, la chasse est, dès le mois d’octobre, de nouveau autorisée sous certaines conditions le long de la frontière, l’objectif étant de réduire les populations de sangliers. La lutte sera finalement étendue à l’ensemble du territoire, avec l’obligation de mettre en place un plan minimal de biosécurité dans les exploitations détenant des suidés pour toute la France. En Belgique, au 7 janvier 2018, 288 cas de peste porcine africaine étaient déclarés, tous concernant des sangliers.
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Tanit Halfon
FILIÈRE APICOLE
L’OBSERVATOIRE DES MORTALITÉS ET DES AFFAIBLISSEMENTS DES COLONIES D’ABEILLES TIRE SON BILAN
Afin de suivre l’évolution des mortalités des colonies d’abeilles domestiques, un nouveau dispositif, l’Observatoire des mortalités et des affaiblissements de l’abeille mellifère (OMAA), est en phase de test depuis l’été 2017 dans les régions Bretagne et Pays-de-la-Loire. Le principe : tout événement de santé observé dans un rucher est déclaré auprès d’un guichet unique régional géré par des vétérinaires apicoles volontaires. Ces derniers orientent ensuite les cas vers les dispositifs étatiques de surveillance des dangers sanitaires de première catégorie (DS1) ou des mortalités massives aiguës (MMA), ou vers le dispositif “autres troubles”. Ainsi, du 1er août 2017 au 31 juillet 2018, les régions Bretagne et Pays-de-Loire ont totalisé 274 et 165 déclarations, à raison de 13 DS1, 19 MMA et 97 “autres troubles” pour la Bretagne et 12 DS1, 13 MMA et 139 “autres troubles” pour le Pays-de-Loire. 127 et 81 cas ont fait l’objet d’une investigation, respectivement en Bretagne et dans les Pays-de-la-Loire. La phase pilote est prévue pour une durée de deux ans.
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Tanit Halfon
ZOONOSES ALIMENTAIRES
LA SURVEILLANCE DES SALMONELLES EN FILIÈRE POULES PONDEUSES SE DURCIT
Depuis le 1er août dernier, tout troupeau de poules pondeuses détecté positif pour Salmonella, y compris à la suite des autocontrôles, ou fortement suspectés de l’être, est directement placé sous arrêté préfectoral portant déclaration d’infection (APDI). De plus, l’absence de pousse sur milieu de culture invalide tout résultat d’analyse, rendant obligatoire la réalisation de nouveaux prélèvements. Dans ce cas, les exploitations concernées sont placées sous contrôle officiel renforcé, et l’absence de pousse sur le prélèvement de confirmation pourra conduire à la mise sous APDI du troupeau. Enfin, le sérotype Salmonella Kentucky, ajouté cet été à la liste des dangers sanitaires de première catégorie pour les espèces Gallus gallus et Meleagris gallopavo, est intégré de fait au nouveau plan de lutte. Sa détection entraînera obligatoirement la recherche de son profil d’antibiorésistance.
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Tanit Halfon
GOUVERNEMENT
DIDIER GUILLAUME, NOUVEAU MINISTRE DE L’AGRICULTURE
Le 16 octobre dernier, Stéphane Travert passait les rennes du ministère de l’Agriculture et de l’Alimentation à l’ancien sénateur de la Drôme, Didier Guillaume. Ce dernier se présente comme un défenseur de la ruralité et de l’agriculture. Récemment, il s’est défini comme « le bouclier face à l’agri-bashing. »
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Tanit Halfon
SOCIÉTÉ
LE BIEN-ÊTRE DES PORCS D’ÉLEVAGE RENTRE DANS LE CODE TERRESTRE
En mai dernier, les délégués de l’Organisation mondiale de la santé animale (OIE) ont validé l’incorporation dans le Code terrestre d’un chapitre dédié au bien-être des porcs dans les systèmes de production commerciale, en bâtiments, plein air et mixtes. Ce texte s’ajoute à celui sur le bien-être animal dans les systèmes de production de bovins à viande, de bovins laitiers et de poulets de chair.
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Tanit Halfon
ENSEIGNEMENT
LES ÉTUDES VÉTÉRINAIRES SE PENSENT EN COMPÉTENCES
Au début de l’année 2018, le nouveau référentiel de l’enseignement vétérinaire était dévoilé. Remplaçant celui de 2008, il met en avant les compétences que doit acquérir chaque étudiant, suivant la même approche que l’Association européenne des établissements d’enseignement vétérinaire. Ainsi, les écoles devront-elles définir de nouvelles modalités d’évaluation éloignées du classique cloisonnement par champs disciplinaire, l’acquisition des compétences étant forcément progressive tout au long du cursus.
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Tanit Halfon
ÉPIDÉMIOLOGIE
INFLUENZA AVIAIRE : LE DÉPISTAGE DES PALMIPÈDES EST ANNUALISÉ
Depuis mai dernier, le dépistage de l’influenza aviaire des lots de palmipèdes avant mouvement d’un site d’exploitation vers un autre est obligatoire chaque année, du 15 novembre au 15 mars. Néanmoins, dans le cadre d’une étude lancée par l’Agence nationale de sécurité sanitaire (Anses) visant à identifier les différentes souches d’influenza aviaire faiblement pathogène présentes en élevages de palmipèdes, la période d’autocontrôle a été étendue, pour cette année, du 1er juin 2018 au 31 mai 2019 sans interruption. À noter que, depuis juillet dernier, dans les exploitations de moins de 800 palmipèdes, ce dépistage peut être effectué jusqu’à 21 jours avant le déplacement des animaux, et non plus 10 jours, à condition que la salle de gavage ne soit pas à plus de 80 km de l’exploitation.
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Tanit Halfon
RÉGLEMENTATION
LA MALADIE HÉMORRAGIQUE VIRALE DU LAPIN PASSE EN DANGER SANITAIRE DE 2E CATÉGORIE
Au printemps dernier, le génotype RHDV2 de la maladie hémorragique virale du lapin (RHD pour rabbit hemorrhagic disease) a été ajouté à la liste des dangers sanitaires de 2e catégorie. Cette catégorisation s’inscrit dans le plan de lutte de la filière contre la maladie, qui inclut notamment la mise en place de mesures de biosécurité dans les élevages et d’outils de surveillance de la maladie. Depuis 2016, l’épizootie s’est renforcée avec, en 2017, 25 % d’élevages touchés.
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Tanit Halfon
IDENTIFICATION
LA FAUNE SAUVAGE DOIT ÊTRE ENREGISTRÉE
Depuis juin dernier, un fichier national d’identification des animaux d’espèces non domestiques détenus en captivité, l’I-fap, est accessible en ligne. Sa création découle d’un décret de 2017 rendant obligatoire l’enregistrement, sur un fichier national, des identifiants des animaux de la faune sauvage. Avant ce décret, seul le marquage des espèces non domestiques inscrites sur une liste était requis.
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Tanit Halfon