Les réseaux vétérinaires, la vision de la médecine vétérinaire de demain ? - La Semaine Vétérinaire n° 1792 du 06/01/2019
La Semaine Vétérinaire n° 1792 du 06/01/2019

PRATIQUE CANINE

L'ACTU

Auteur(s) : LAURENT MASSON 

Le congrès de l’Afvac a été l’occasion d’identifier plusieurs visions d’un monde vétérinaire organisé en réseaux de cliniques. Seul l’avenir dira vers quel schéma se dirige la profession, même si le modèle du vétérinaire libéral isolé semble voué à disparaître…

Preuve que le modèle du vétérinaire libéral isolé est menacé, le développement exponentiel des groupements d’intérêt économique (GIE) au cours des dix dernières années. Certains ont d’ailleurs élargi leurs activités, ne se contentant plus d’une simple négociation pour chaque membre auprès des laboratoires, fabricants d’aliment et centrales d’achat. L’objectif est de proposer un niveau de remise identique pour tout le monde, quel que soit le chiffre d’affaires réalisé par l’une ou l’autre des structures adhérentes. Afin de se distinguer des autres, certains GIE aident maintenant leurs vétérinaires adhérents à développer leurs activités en proposant une vitrine d’achat et un site de rendez-vous en ligne, avec des SMS de rappel pour les clients, des plans de prévention (solutions sur mesure avec prix et contenus), des audits et formations (notamment dans le domaine des ressources humaines et de la communication), voire des contrats d’assurance animalière. En contrepartie, le praticien peut perdre indirectement ou non une partie de sa liberté de prescription, de communication, de marges… et, à terme, son indépendance ? Le rachat de structures vétérinaires par des réseaux semble l’étape suivante. Deux modèles émergent en France : tout d’abord une fédération de vétérinaires qui ont la volonté de travailler en réseau, tout en conservant l’esprit entrepreneurial des vétérinaires libéraux. Ainsi, avec l’appui d’un investisseur privé (Platina), qui reste minoritaire et sans désir de dividendes, Univet est propriétaire à 100 % de chacune de la trentaine de structures de tailles différentes. La société, contrôlée par les vétérinaires, suit mensuellement la comptabilité analytique des cliniques et cabinets pilotés par des vétérinaires libéraux associés, responsables de leurs sites. Ces derniers sont rémunérés selon la rentabilité du site, mais sont dégagés d’une partie des fonctions administratives comme la gestion du personnel. Ils gardent la possibilité de revendre leur part à Univet ou à un nouvel associé. La volonté des administrateurs vétérinaires est de créer un réseau, pas une mise sous tutelle…

L’arrivée de “poids lourds” européens

Autre modèle : celui des rachats à 100 % par des sociétés détenues par des vétérinaires comme FamilyVets ou MonVéto, avec un développement surtout locorégional. Mais des “poids lourds” européens, comme Anicura et Evidensia, semblent lorgner la France... Créé en 2012 en Suède, Evidensia était présent au congrès de l’Afvac. Après s’être développé en Norvège, en Finlande, au Pays-Bas, en Allemagne et en Suisse, il a fusionné avec le réseau de clinique IVC, au Royaume-Uni, en 2017. Depuis, Evidensia veut se développer en Belgique et surtout en France, compte tenu de l’importance de la population d’animaux de compagnie. Enfin, Evidensia envisage plutôt de débuter son implantation à partir de cliniques de référés plutôt que des cabinets généralistes. Le plus souvent, les praticiens vendeurs deviennent salariés du groupe (clinic manager), avec un salaire compétitif, la possibilité de mobilité au sein du groupe, mais aussi des objectifs à atteindre.

Dans tous les cas, toute nouvelle structure intégrée à un réseau vétérinaire fait l’objet d’une étude financière et d’une évaluation de son potentiel avant son intégration au sein du groupe. Pour le moment, ces réseaux cherchent à créer un maillage national autour de structures de référence.

Seul l’avenir dira ce que le monde vétérinaire français deviendra. Mais ce qui pourrait faire la différence, c’est la réglementation française sur la possession des structures vétérinaires par une société non vétérinaire. Jusqu’à quand ?