ALIMENTATION
PRATIQUE MIXTE
L'ACTU
Auteur(s) : CHANTAL BÉRAUD
Lab To Field, une société de recherche, de conseil et de formation en nutrition équine, a organisé, fin novembre, à Dijon (Côte-d’Or) des conférences pour mettre en lumière l’importance de certaines fibres pour le bien-être et la santé des chevaux.
Une centaine de participants (dont 49 % d’industriels, 14 % de chercheurs et 10 % de vétérinaires) ont assisté, lors du congrès qui s’est tenu les 27 et 28 novembre, à huit conférences1 sur l’intérêt des concentrés riches en fibres dans la nourriture pour les chevaux. « Notre objectif, commente Samy Julliand, un agronome expert en physiologie de la digestion du cheval et en nutrition du cheval athlète, est de servir ainsi de relais aux informations scientifiques qui émergent à travers le monde à ce sujet. En effet, grâce aux recommandations alimentaires régulièrement révisées, les prévalences des maladies d’origine alimentaire devraient chuter. Malheureusement, force est de constater sur le terrain que leur nombre se maintient, voire même augmente pour certaines maladies, comme les maladies métaboliques équines ! C’est pourquoi ma société, Lab To Field, organise ce congrès ».
Le sens de l’olfaction et du goût a été très peu étudié chez le cheval. Loïc Briand, chercheur au Centre des sciences du goût et de l’alimentation, révèle cependant que « 1 066 récepteurs olfactifs ont été identifiés dans son génome, ce qui constitue un nombre important. Par comparaison, l’homme en a 380, et le champion toute catégorie qu’est l’éléphant en possède 1 948 ! » On sait aussi que le cheval présente une appétence au goût sucré (via le récepteur T1R2/T1R3), qu’il n’aime pas l’amer (via 22 récepteurs à l’amer, TAS2Rs), qu’il est aussi attiré par le sel et « qu’on se sait pas comment il réagit au goût umami ». A-t-il un goût particulier pour les fibres ? « Pour le savoir d’un point de vue scientifique, il faudrait faire des tests cellulaires sur les récepteurs équins », avance Loïc Briand. Et d’ajouter : « Des tests d’édulcorants pourraient aussi être envisageables ».
On l’aura compris : pour savoir comment donner envie de manger à un cheval malade, la recherche conserve une marge considérable de manœuvre devant elle ! En effet, complète Loïc Briand, « la découverte de ces récepteurs a ouvert la voie à des approches de biotechnologie permettant la découverte de nouvelles molécules intéressantes pour leur capacité à masquer ou, au contraire, à se comporter comme des exhausteurs de goût ».
Concernant la nutrition du cheval athlète, dont les besoins énergétiques augmentent, Samy Julliand note que «
classiquement, ces chevaux au travail (en courses notamment) reçoivent des quantités abondantes de céréales ou d’aliments concentrés riches en amidon et sucres simples. Pourtant, des apports importants sont associés à une augmentation des maladies gastriques, intestinales, musculaires et métaboliques, ainsi qu’à des déviances marquées du comportement. C’est pourquoi les concentrés riches en fibres hautement digestibles représentent une solution d’avenir. En effet, l’intérêt des foins enrubannés et de la pulpe de betterave déshydratée sur la performance sportive a déjà fait l’objet de plusieurs études internationales concluantes. Car il est notamment constaté que, grâce à de tels régimes riches en fibres, l’acétate du cheval est largement utilisé comme substrat énergétique, ce qui a pour effet de limiter la mobilisation des réserves glycogéniques
».
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1 Prochain article à paraître dans La Semaine Vétérinaire : « Ce que l’on sait de la digestion des fibres chez le cheval », par Pauline Grimm.