PLAN ÉCOANTIBIO
PRATIQUE CANINE
L'ACTU
Auteur(s) : GWENAËL OUTTERS
Les solutions alternatives aux antibiotiques se heurtent à un manque de données in vivo et d’informations permettant l’obtention d’une AMM. Des recherches sont donc encore nécessaires.
L’antibiorésistance est un enjeu majeur et mondial de santé publique, avec une augmentation continue de la résistance bactérienne en parallèle d’un faible développement de nouveaux antibiotiques. Cela implique la nécessité d’un usage prudent, responsable et raisonné des antibiotiques et la recherche de solutions alternatives. Cette problématique fait ainsi l’objet, depuis plusieurs années, d’un module dédié au congrès de l’Afvac.
« Les mesures zootechniques restent la principale alternative aux antibiotiques », rappelle Damien Bouchard, expert en évaluation des médicaments chimiques à l’Agence nationale de sécurité sanitaire (Anses). Elles sont déjà associées aux vaccins, à la phytothérapie, aux peptides ou aux immunomodulateurs. Quant aux nouvelles thérapies, « elles vont amener de nouveaux problèmes, la réglementation n’étant pas adaptée », souligne l’expert. L’obtention d’une autorisation de mise sur le marché (AMM) est en effet soumise à des questions de qualité pharmaceutique, d’innocuité, d’efficacité et de pertinence en tant qu’alternative.
Les bactériophages sont des virus capables d’entraîner la destruction de bactéries ou de les sensibiliser à un antibiotique. En médecine vétérinaire, les publications sur le sujet sont nombreuses ; la majorité d’entre elles portent sur les animaux producteurs de denrées. Des résistances, acquises ou naturelles, des bactéries aux bactériophages sont décrites. La recherche fondamentale est nécessaire pour apporter du crédit scientifique aux données disponibles : maîtrise génomique du phage, évaluation de l’innocuité pour l’animal (chocs anaphylactiques décrits), l’utilisateur, le consommateur et l’environnement, étude de la résistance, identification des bactériophages spécifiques d’une bactérie, connaissance des protocoles d’administration.
L’Organisation monsiale de la santé (OMS) définit les probiotiques comme des micro-organismes vivants, qui, lorsqu’ils sont administrés en quantité adéquate, exercent une action bénéfique sur la santé de l’hôte. Ils agissent sur l’équilibre des microbiomes de l’organisme (compétition avec la flore pathogène, stimulation des défenses de l’hôte et autres mécanismes). Ils sont actuellement reconnus en médecine vétérinaire comme des additifs alimentaires (quatre médicaments en médecine humaine) et exercent un effet positif sur la santé (allégation santé et non thérapeutique). Leurs effets sont essentiellement étudiés sur la filière d’animaux producteurs de denrées (amélioration de la croissance, de la fermentation et de l’absorption intestinale, réduction de la colonisation par des flores pathogènes aux niveaux gastro-intestinal, urogénital ou mammaire, limitation des diarrhées, etc.). Les études naissantes chez les chats et les chiens montrent les mêmes impacts sur la santé. Ils sont susceptibles de transmettre des résistances aux antibiotiques.
Ces peptides sont synthétisés naturellement pour agir comme défense contre les maladies provoquées par divers micro-organismes. Il existe une résistance naturelle et acquise. Des produits d’hygiène auriculaire à base de peptides antimicrobiens existent en médecine vétérinaire (sans allégation thérapeutique). Ces peptides ont une très courte demi-vie in vivo, ce qui explique des investigations en faveur d’un usage topique plutôt que systémique. Ils sont plutôt indiqués pour des lésions superficielles, car franchissent peu la barrière cutanée. Ils présentent une cytotoxicité qu’il est nécessaire d’investiguer. Leur coût de production est élevé.
In vitro, les huiles essentielles ont démontré des propriétés antimicrobiennes, anti-inflammatoires et antioxydantes. Leur développement en médecine vétérinaire se heurte à la difficulté d’obtention d’AMM en raison de la complexité de leur composition (de 100 à 150 molécules), de leur variation en fonction de facteurs intrinsèques et extrinsèques des matières premières et du manque de connaissance sur leur innocuité, leur protocole d’emploi (voie, dose, durée, etc.) et leur effet clinique, explique Damien Bouchard. Ainsi, ces molécules ne pouvant être brevetées, les financements de projets sont restreints. Actuellement, seul Cothivet® possède une AMM.
Les médecines alternatives utilisent des substances contenant souvent plusieurs molécules dans un abord global du malade et de la maladie et intégrant une notion de terrain. Ces médecines (phytothérapie, homéopathie, acupuncture, etc.) peuvent être une alternative et/ou une aide à la limitation de l’utilisation des antibiotiques, souligne Richard Blostin, président du groupe d’études en biothérapie de l’Afvac.
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IMPORTANCE DE L’ORIGINE D’UNE HUILE ESSENTIELLE
LES HUILES ESSENTIELLES SONT-ELLES EFFICACES ET INOFFENSIVES ?