MÉDICAMENTS VÉTÉRINAIRES
ACTU
Auteur(s) : MICHAELLA IGOHO-MORADEL
Fabrication, cascade, prescription, antibioprévention, base de données, pharmacovigilance, vente en ligne… La transcription du règlement européen sur les médicaments vétérinaires est en marche. Après plusieurs années de bataille et de négociations, un nouveau chapitre s’ouvre pour les acteurs du médicament vétérinaire.
C’est parti ! Le nouveau règlement sur les médicaments vétérinaires a été publié le 7 janvier au Journal officiel de l’Union européenne (UE). Le 28 janvier 2022, plusieurs de ses dispositions entreront en vigueur sans aucune transposition en droit national. Le texte constitue un pas en avant particulièrement encourageant pour la pratique vétérinaire au sein de l’UE, malgré quelques points à approfondir. « La phytothérapie reste un sujet sur lequel nous espérions voir des avancées. La Commission a botté en touche. Nous attendons son rapport avec impatience. Cette problématique fait partie des dossiers qui figurent sur la table de notre groupe de travail médicaments. Nous serons moteur sur ce dossier car nous savons que ces produits sont largement utilisés en Europe et ce, sans l’avis ou le regard d’un vétérinaire », affirme Thierry Chambon, président de l’Union européenne des vétérinaires praticiens (UEVP). « Nous sommes déçus que notre demande d’encadrer les médicaments à base de plantes ait eu comme seule réponse un rapport de la Commission en 2027 », regrette à son tour Marie-Anne Barthélémy, secrétaire générale du Syndicat de l’industrie du médicament et réactif vétérinaires (SIMV).
Pour l’UEVP, la transcription de ce texte en droit national ne sera pas une révolution, mais constitue une réelle avancée pour la pratique vétérinaire. La prescription des médicaments vétérinaires doit être faite par un vétérinaire. Le texte intègre ce principe. « Nos préoccupations prioritaires ont trouvé une issue favorable, à commencer par le découplage, qui a définitivement été écarté du texte. Ce sujet reste à la charge des é tats membres. Nous sommes parvenus à convaincre le Parlement et le Conseil, notamment, que le découplage n’était pas la solution, indique Thierry Chambon. De même, la lutte contre l’antibiorésistance repose d’abord sur un problème de responsabilité dans la prescription, et le fait que la délivrance soit dans les mains des vétérinaires aide beaucoup. Ainsi, la prescription des médicaments vétérinaires par un vétérinaire est un dossier pour lequel nous nous sommes battus », ajoute-t-il. Autre sujet d’importance pour l’UEVP : le principe de la cascade est assoupli. Le praticien ne sera pas obligé de l’appliquer de façon stricte. Pour les industriels, ce texte constitue aussi une avancée considérable. « Ce texte a été adopté par un très large consensus (plus de 95 % des parlementaires), ce qui est suffisamment rare pour être souligné », relève Marie-Anne Barthélémy, qui ajoute que plusieurs dispositions du règlement n’auront pas d’impact réel avant au moins trois ans pour l’industrie.
De nouvelles dispositions encouragent l’innovation, telle la protection des données allongée pour les espèces mineures. La Commission européenne doit encore prendre 27 actes d’exécution, qui donneront les détails nécessaires à la transcription de ces dispositions en droit national. Un gros travail reste à faire. «
Les experts de notre groupe de travail médicaments suivront ce dossier et ont des interactions avec les autorités compétentes. La Commission européenne publiera une liste d’antibiotiques réservés à la santé humaine. Nous veillerons à ce que l’arsenal thérapeutique vétérinaire ne soit pas réduit. D’autres sujets seront suivis de près, tels que la vente en ligne, pour laquelle nous ne souhaitons pas de dérogations supplémentaires. Nous veillerons à ce que la Commission définisse clairement la forme qu’elle devra prendre ainsi que son contenu, à l’instar de l’ordonnance vétérinaire, qui sera reconnue au sein de l’Union européenne
», souligne Thierry Chambon. De son côté, l’industrie se lance aussi dans une course contre la montre. Plusieurs sujets retiendront particulièrement son attention. Marie-Anne Barthélémy cite notamment la pharmacovigilance, les listes relatives aux antibiotiques critiques ou encore la constitution des bases de données européennes sur les médicaments vétérinaires.
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Voir aussi La Semaine Vétérinaire n° 1791 du 11/1/2019, page 12.
« CE TEXTE DÉMONTRE QUE LE VÉTÉRINAIRE FRANÇAIS S’INSCRIT DANS UN CONTEXTE EUROPÉEN »