SENSIBILISATION
PRATIQUE CANINE
L'ACTU
Auteur(s) : CHARLOTTE DEVAUX
Les vaccins font l’objet d’une défiance de la part du public, entre peur des effets secondaires et remise en question de leur efficacité. Une série de conférences a été présentée lors du dernier congrès de l’Afvac pour démêler le vrai du faux.
La médecine vétérinaire n’échappe pas aux mêmes doutes qu’en médecine humaine quand il est question de vaccination. Stéphane Paul, chef de service en immunologie clinique au centre hospitalier universitaire (CHU) de Saint-Étienne (Loire) fait ainsi le point sur les différents types de vaccins et les données de la science à leur égard. Les vaccins vivants atténués (varicelle, rotavirus) induisent une affection asymptomatique qui procure une protection proche de l’infection naturelle. Ils sont efficaces en une seule dose et ne nécessitent pas de rappel. En revanche, en cas d’immunodépression (par exemple, chez la femme enceinte), ils peuvent provoquer une maladie vaccinale. C’est pourquoi le vaccin rougeole-oreillons-rubéole (ROR) et celui contre la tuberculose sont contre-indiqués dans ce cas.
Les vaccins inertes sont plus sûrs, ils sont totalement dépourvus de pouvoir infectieux. En revanche, ils sont moins immunogènes (coqueluche). Ils nécessitent des adjuvants pour stimuler l’immunité et il est nécessaire de répéter les injections. Le pathogène est inactivé par la chaleur ou le formol. Des effets indésirables peuvent se produire si l’inactivation est incomplète. La vaccination fonctionne sur le principe de l’“immunité de troupeau” : obtenir un certain pourcentage de la population vaccinée permet d’empêcher la circulation du pathogène et de protéger en même temps les non-vaccinés.
Dix-neuf études ont étudié le lien entre vaccination antigrippale et maladie de Guillain-Barré : 17 ont montré une absence de corrélation et de causalité, et deux un risque augmenté. De même, la littérature dément l’augmentation de ce syndrome après la vaccination contre le méningocoque et la poliomyélite. Aucune preuve non plus d’un lien entre sclérose en plaques et vaccination contre l’hépatite B. Concernant l’autisme, l’étude à l’origine de l’incrimination du ROR a été retirée. L’augmentation des cas d’autisme serait plutôt liée au développement des outils diagnostiques en parallèle de la généralisation de la vaccination. De plus, les troubles du spectre autistique étant des perturbations du développement d’origine neurobiologique, la piste actuelle est plus une origine génétique que vaccinale.
L’un des effets secondaires correctement documenté est la narcolepsie. En 2014, lors de la campagne de vaccination avec le vaccin H1N1 adjuvé dans les pays nordiques, un lot de vaccins produit dans une usine allemande a provoqué des cas de narcolepsie sur des personnes présentant une prédisposition génétique. C’est l’adjuvant qui a été incriminé.
Concernant l’aluminium, sa balance bénéfice/risque a été déclarée positive par le comité technique sur la vaccination, qui est cependant régulièrement dénoncé pour conflits d’intérêts.
La décision de se faire vacciner et de faire vacciner ses enfants ou ses animaux est sujette à hésitations. 41 % des Français pensent que les vaccins ne sont pas sûrs et 17 % estiment qu’ils ne sont pas efficaces. 60 % hésitents et réclament des précisions pour pencher d’un côté ou de l’autre : «
Si nous ne leur donnons pas ces informations, ils iront sur Google
», prévient Ludovic Freyburger, qui a développé le programme de médecine préventive Prévention Vet chez SantéVet. Quelles données avons-nous à partager ? D’après les données nord-américaines, les effets secondaires des vaccins vétérinaires sont de 38 cas pour 10 000 chez le chien et de 51 cas pour 10 000 chez le chat. Le vaccin L4 provoque 7 incidents pour 10 000 doses, tandis que le L2 est à 2 incidents pour 10 000 doses, les deux sont donc dans le même ordre de grandeur. C’est lorsque l’incidence de la maladie diminue que les effets secondaires de la vaccination font plus peur que la maladie elle-même. Pour prévenir celle-ci, il convient aussi de prévenir les clients que le vaccin ne protège que pour la souche qu’il contient. Un chien vacciné contre la toux du chenil pourra développer une toux du chenil à adénovirus puisqu’il est vacciné contre Bordetella et parainfluenza. De même, un chien vacciné contre la parvovirose pourra en déclencher une juste après le vaccin et même en mourir si la souche est différente de la souche vaccinale. Il existe alors une corrélation sans causalité. Il convient aussi de garder à l’esprit qu’un vaccin ne fonctionne pas à 100 % sur 100 % des vaccinés : il peut aussi y avoir des mauvais répondeurs (c’est le cas pour la coqueluche en santé humaine).
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