État des lieux de l’usage du numérique en élevage bovin laitier - La Semaine Vétérinaire n° 1793 du 13/01/2019
La Semaine Vétérinaire n° 1793 du 13/01/2019

NOUVELLES TECHNOLOGIES

PRATIQUE MIXTE

L'ACTU

Auteur(s) : CLOTHILDE BARDE  

Les résultats de l’observatoire, mis en place en 2018 et portant sur les usages, les freins et les facteurs d’adoption du numérique par les éleveurs de bovins laitiers, viennent d’être publiés.

Quels sont les usages et les impacts de l’agriculture numérique en élevage bovin laitier ? Comment accompagner la profession ? Telles sont les principales questions qui ont été posées par les membres de l’Institut convergences agriculture numérique #DigitAg1 et par ceux de la chaire entreprenariale AgroTIC2, dans le cadre d’un observatoire des usages de l’agriculture numérique3, mené au cours de l’été 2018 auprès d’un échantillon de professionnels de la filière (120 éleveurs de vaches laitières de plus de 60 animaux, localisés principalement en Bretagne, et 20 techniciens). Depuis 2016, les observatoires mis en place s’étaient intéressés exclusivement aux usages du numérique dans les filières végétales et viticoles. C’est pourquoi, pour caractériser l’évolution de la profession et ainsi pouvoir répondre au mieux à ses attentes, l’attention s’est portée, en 2018, sur les enjeux relatifs aux technologies connectées dans les filières animales, et plus spécifiquement dans les élevages de bovins laitiers.

En effet, comme le confirme une étude4 menée en 2015 par l’Institut de l’élevage (Idele), ces nouveaux outils ont pris progressivement une place majeure en élevage, principalement dans la filière lait : deux tiers des éleveurs bretons possédaient déjà au moins un appareil connecté en 2015. En 2018, la nouvelle étude révèle que, si la plupart utilisent les outils numériques classiques (logiciels informatiques de prévision météo, de gestion de troupeau et des intrants, réglementaire, technico-économique et comptable), 40 % d’entre eux disposent aussi de capteurs fixes ou mobiles pour réaliser le suivi sanitaire des animaux (détection des mammites, des boiteries, etc.). De plus, l’élevage bovin laitier semble être en avance en matière d’usage d’outils connectés, mais aussi de robots. Ceux-ci sont de plus en plus employés et plébiscités : en 2018, 10 % des éleveurs se servent de robots de traite5 et leurs intérêts en la matière, ainsi qu’en alimentation et nettoyage sont évoqués.

Un métier en « pleine évolution »

Par ailleurs, leur vision d’un métier en « pleine évolution » confirme cet attrait pour le numérique. Ainsi, les termes “modernité”, “avenir” et “progrès” sont les plus cités pour qualifier les nouveaux types d’élevage. Selon les éleveurs interrogés, l’utilisation des nombreux objets connectés a un impact fort sur leur activité au quotidien. Il s’agit pour la majorité d’entre eux (> 50 %) d’un changement plutôt positif du métier. Leur travail est ainsi simplifié et modernisé. De plus, ces systèmes leur permettent de mieux communiquer, de connaître davantage leurs animaux (50 %) et, enfin, de répondre aux nouveaux enjeux réglementaires (42 %), de productivité et de bien-être animal.

Des craintes persistantes

Cependant, certaines craintes quant au risque de transformation trop radicale de leur métier (perte du lien à l’animal, isolement, dépendance à ces outils, défauts de sécurisation et de confidentialité des données) persistent. De même, le coût élevé de ces nouvelles technologies reste un frein majeur à leur utilisation pour un quart des éleveurs sondés.

Face à ces réticences, le rapport de l’observatoire souligne le rôle clé que peuvent jouer les principaux interlocuteurs des éleveurs en matière d’accompagnement, de formation et d’acceptation. Ainsi, le conseiller technique peut répondre aux contraintes d’installation et de maintenance des éleveurs. De plus, face au manque d’accompagnement et de formation déploré par plus de 50 % des éleveurs interrogés, il devra jouer un rôle d’information. Le vétérinaire, quant à lui, pourra contribuer à la sensibilisation aux intérêts de ces outils, notamment en matière de gestion sanitaire et alimentaire des troupeaux.

1 hdigitag.fr/fr. Cet Institut regroupe près de 400 scientifiques, chercheurs et enseignants-chercheurs.

2 agrotic.org. Cette chaire réunit des établissements d’enseignement et de recherche, ainsi que des entreprises du secteur numérique agricole.

3 agrotic.org/observatoire.

4 Étude connectivité 2015, Idele (772 répondants).

5 Observatoire des usages des robots en agriculture, campagne 2018.