La grande ourse - La Semaine Vétérinaire n° 1794 du 19/01/2019
La Semaine Vétérinaire n° 1794 du 19/01/2019

Edito

Auteur(s) : MARINE NEVEUX 

Février, calme et feutré par la neige ? Comme l’ours, nous serions tentés de penser hibernation, réflexion sereine avant la renaissance et l’agitation du printemps. Mais la période n’est pas si paisible, a même quelque chose d’un ours en cage… L’expérience d’un de nos confrères récemment épinglé par un conseil régional de l’Ordre nous y ferait penser. Celui-ci a porté plainte contre un praticien en raison d’actes délégués à son ASV, photo à l’appui, prise par un journaliste et publiée dans un journal local. à ce jour, le jugement n’a pas été rendu, mais l’affaire suscite le débat.

Quelles conséquences si ce jugement venait à faire jurisprudence pour la profession ? Pourquoi aujourd’hui, alors que le livre bleu interroge sur l’entreprise vétérinaire de demain et que parmi les enjeux d’avenir, la formation des auxiliaires, dont la délégation de tâches, y occupe une place importante (réflexion en cours portée par l’Ordre national et le Syndicat national des vétérinaires d’exercice libéral) ? L’enquête de Vetfuturs montrait d’ailleurs que 70 % des vétérinaires y étaient favorables, estimant que s’appuyer sur un corps intermédiaire en interne, pour se consacrer à d’autres développements, promeut l’entreprise vétérinaire, est source de motivation pour les auxiliaires, entre autres points positifs. Un encadrement est dessiné pour que ces actes soient de qualité, adaptés, disposent de contours clairs, et afin d’éviter des initiatives nébuleuses qui pourraient émerger en dehors de toute appréciation vétérinaire. Bien entendu, toutes les structures n’ont pas ce personnel. Pour certains confrères, la délégation est inquiétante et ouvre le spectre d’une perte de revenus ou d’actes (comme l’insémination artificielle en son temps). Indéniablement, le sujet de la délégation est donc complexe. à rabrouer, à envoyer à l’ours, alors ? Ce n’est pas le signe des temps. D’ailleurs, n’est-ce pas plutôt l’expression “prendre le pouls” qu’il conviendrait d’employer ? Pour un politique, au vu de l’agitation de ces derniers samedis, il s’agit là d’un exercice bien plus délicat que pour le vétérinaire, à l’âme de clinicien. En effet, la réflexion sur la délégation des actes ne mérite-t-elle pas d’être poursuivie, construite par le dialogue et la concertation de l’ensemble de la profession ? ●