MÉDICAMENTS VÉTÉRINAIRES
ACTU
Auteur(s) : MICHAELLA IGOHO-MORADEL
Le parcours d’un vaccin, de sa naissance à sa mise sur le marché, est une aventure complexe. Des facteurs extérieurs peuvent en influencer la bonne marche. Boehringer Ingelheim revient sur ces contraintes incompressibles et parfois imprévisibles.
Pourquoi les ruptures ? Cette question se pose tant en santé humaine qu’en santé animale. Pénurie de matières, renforcement de la réglementation, accroissement de la demande, les causes sont nombreuses. Du côté des spécialités vétérinaires, les bonnes pratiques élaborées par l’Agence nationale du médicament vétérinaire (Anses-ANMV) et les acteurs du secteur proposent des clés pour gérer ces ruptures. Objectif affiché : mieux communiquer pour les anticiper1. Pour les laboratoires, cette problématique constitue un défi de tous les instants. Les 24 et 25 janvier, Boehringer Ingelheim a organisé une visite au sein de ses centres de production biologique, de répartition et de conditionnement, afin de faire « découvrir, étape par étape, la vie d’un vaccin, de sa conception à sa mise sur le marché ». L’occasion aussi de faire comprendre que cette dernière, pour un vaccin par exemple, peut être plus longue que prévu.
Les ruptures de stocks et d’approvisionnement de médicaments s’expliquent, plusieurs facteurs peuvent en être la cause. De la fabrication au conditionnement, chaque maillon de la chaîne est complexe et important. Il suffit d’une impureté pour bloquer l’approvisionnement. La visite des sites de Lyon Porte des Alpes et de Lentilly démontre en effet toute la complexité des circuits de fabrication d’un vaccin jusqu’à sa mise sur le marché. Le premier centre regroupe les activités de recherche et développement et de production, le second est un site de répartition, de conditionnement et de stockage. De la naissance d’un vaccin à sa commercialisation, en passant par la formation de ses collaborateurs, l’industriel respecte des normes de qualité nationales et européennes strictes, sans compter les exigences qu’il s’impose. Les équipes d’Assurance Qualité vérifient à chaque étape que ces bonnes pratiques sont appliquées. Un travail minutieux qui permet d’attester de la bonne conformité d’un vaccin. Ainsi, un problème technique, de qualité ou encore un refus de lots pour non-conformité, peut retarder la mise sur le marché d’un produit quand il n’en cause pas la destruction. De même, la chaîne industrielle complexe peut engendrer des risques de ruptures. En effet, l’accroissement et la variabilité de la demande peuvent impacter les délais de réactivité du laboratoire. « Les stocks tampons permettent de pallier ces situations d’urgence, mais ceux-ci doivent répondre à la juste demande, pour ne pas générer de produits à péremption courte », indique la société.
Face à ces situations complexes, le laboratoire met en place des solutions afin de répondre efficacement à l’urgence. L’enjeu est d’abord d’identifier le plus en amont possible les situations de ruptures de stock. Des échanges permanents sont organisés entre les équipes de direction et celles de production sur le terrain. L’objectif est de détecter et de résoudre d’éventuels dysfonctionnements et aussi de faire émerger, le cas échéant, des axes d’amélioration (stockage, sécurité, évolution des locaux). En cas d’urgence, l’entreprise revoit son organisation du travail. Des équipes supplémentaires peuvent être mises en place, un travail de nuit organisé. Autre champ d’action, l’augmentation de sa capacité de production et l’amélioration de sa performance. «
Les équipes de recherche et développement travaillent sur les processus des nouveaux vaccins, afin de réduire les cycles
», souligne le laboratoire. L’entreprise a par ailleurs investi des millions d’euros pour la construction, à Jonage (Rhône), d’un nouveau site industriel de production de vaccins contre la fièvre aphteuse et la fièvre catarrhale. En parallèle, une nouvelle ligne de répartition viendra renforcer le centre de conditionnement et de stockage de Lentilly (Rhône). L’investissement de 20 millions d’euros permettra d’augmenter la capacité de production du site, aussi bien en vaccins liquides (+ 50 %) qu’en vaccins lyophilisés (+ 15 %).
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1 Voir aussi La Semaine Vétérinaire n° 1789 du 14/12/2018, pages 40 à 45.
DEUX QUESTIONS À VINCENT FENARD