CONFÉRENCE
PRATIQUE MIXTE
Formation
Auteur(s) : CLOTHILDE BARDE
La dermatite digitée (DD) est l’une des principales maladies responsables de boiteries plus ou moins sévères chez les vaches laitières (96 % des troupeaux)1. L’apparition de cette maladie en élevage nécessite la présence conjointe de certaines bactéries (Treponema) et d’un environnement sale et humide2. Des travaux3 ont ainsi permis de montrer que les bovins atteints agissent comme des réservoirs et, par conséquent, comme des sources potentielles de contamination.
Cette étude5 a été conduite d’octobre 2016 à juin 2017 sur 1 036 vaches (2 072 pieds postérieurs) provenant de 10 troupeaux laitiers de l’Ouest de la France, dans lesquels la maladie était endémique depuis au moins deux ans avec une prévalence supérieure ou égale à 15 % de lésions actives de DD. Pendant 140 jours, les pieds de chaque vache ont été aléatoirement alloués soit au groupe témoin (aucun traitement), soit à l’un des deux différents régimes de traitement collectif par pédiluve : régime intensif (deux jours par semaine pendant les deux premiers mois, puis tous les quinze jours) ou modéré (deux jours par semaine pour le premier mois, puis tous les 15 jours pour le deuxième mois puis une fois par mois). Les pieds (préalablement nettoyés) ont été évalués pour le diagnostic des lésions de DD au moins une fois par mois en salle de traite et les efficacités curative (temps en jours pour guérir) et préventive (temps en jours d’apparition d’une lésion de DD dans le troupeau) ont ensuite été analysées.
Parmi tous les pieds inclus dans les analyses, 21 % ont présenté au moins une lésion de DD et les lésions inactives (142) étaient plus fréquentes que les lésions actives (19).
Les résultats ont montré que le risque de survenue de lésions de DD était supérieur lorsque les pieds des vaches étaient sales. De plus, une corrélation entre les lésions de DD présentes sur les pieds d’une même vache a été mise en évidence. Par ailleurs, la solution Pinkstep® s’est avérée efficace dans l’amélioration de la guérison des lésions actives de DD (régime modéré ou intensif). Pour les lésions inactives, l’efficacité du désinfectant en matière de guérison n’a été démontrée que dans le cas d’un régime modéré. Enfin, aucun effet préventif de la solution biocide n’a été mis en évidence pendant l’étude, probablement en raison d’un effet trop faible de la solution biocide. En effet, dans cet essai, tous les pieds ayant été nettoyés à chaque visite, ce traitement a dû avoir un effet préventif propre en dehors de tout pédiluve.
Cette étude a par conséquent confirmé le rôle crucial de l’hygiène dans la dynamique de la DD et a permis de souligner l’importance de mettre en œuvre simultanément plusieurs mesures de contrôle. La mise en œuvre des pédiluves Pinkstep® représente une stratégie prometteuse pour réduire la persistance des lésions de DD dans les troupeaux affectés. à l’avenir, d’autres essais cliniques sur le contrôle de la DD devraient compléter les données actuelles6 en évaluant les récidives lésionnelles ainsi que les conditions optimales des pédiluves à mettre en place (leurs dimensions, la fréquence de renouvellement et la concentration des biocides).
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1 Solano et coll., 2016 ; Cramer et coll., 2008.
2 Somers et coll., 2005.
3 Döpfer et coll., 2012.
4 Ippolito et coll., 2010.
5 J.-M. Ariza (Bioepar, Inra, Oniris ; Qalian, Neovia Group), K. Oberle (Qalian), N. Bareille, A. Lehebel, A. Relun, R. Guatteo (Bioepar, Inra, Oniris).