ABEILLES
PRATIQUE MIXTE
L'ACTU
Auteur(s) : TANIT HALFON
Un an après la détection du Varroa destructor à La Réunion, le taux de mortalité des colonies s’élève à 37 %.
Le 3 mai 2017, le parasite Varroa destructor était détecté dans un rucher de l’île de la Réunion. Six mois après, toute l’île était touchée. Afin d’évaluer l’impact du parasite sur les colonies d’abeilles, une première enquête a été menée de mars à juin 2018 auprès de 122 apiculteurs demandeurs d’un appui technique du groupement de défense sanitaire (GDS). Le résultat : 949 colonies déclarées mortes sur 4 179, soit un taux moyen de mortalité de 22,7 %1, atteignant les 64,1 % pour la partie ouest de l’île contre 11,7 % dans le sud. Et ce taux continue de grimper. « L’Agence nationale de sécurité sanitaire (Anses) a procédé à une deuxième enquête, qui a abouti à un taux de mortalité de 37 % pour la période de mai à mi-août 2018 », constate Olivier Esnault, vétérinaire du GDS de la Réunion. Malgré ces résultats et l’inquiétude manifestée par les apiculteurs (610 avaient adhéré au GDS fin 2018 contre 250 au départ2), le protocole de traitement recommandé3 est loin d’être suivi. « En décembre, les colonies étant plutôt populeuses, les apiculteurs n’ont pas traité, explique notre confrère. Maintenant, en janvier, on observe un effondrement des colonies. L’idée est donc de les traiter en février avec une demi-dose d’Apivar ® , une concentration déjà testée et efficace. » Une lutte difficile donc, et pour pallier le manque de connaissances, des travaux de recherche sont prévus sur la sélection d’espèces résistantes, les interactions entre l’abeille Pei et Varroa, et l’impact du parasite sur la diversité des virus de l’abeille réunionnaise.
«
Depuis quatre ou cinq ans, les invasions biologiques sont en hausse à La Réunion, constate Olivier Esnault. Un ravageur des fruits,
Bactrocera dorsalis,
est arrivé la même année que
Varroa
. En 2018, ce sont deux nouvelles espèces de pucerons qui ont été observées. Si on n’a pas encore établi l’origine de ces introductions, nous suspectons une arrivée
via
les navires de croisières ou marchands.
» Parmi les potentielles menaces, on relève également Aethina tumida ou petit coléoptère des ruches, qui est présent sur les îles voisines. «
Pour
Varroa
, nous avons un haplotype commun entre la Réunion, Maurice et Madagascar. Aussi, pour le petit coléoptère, s’il s’avère que la souche de Maurice, présente depuis 2015, est similaire à celle de Madagascar, alors il est très probable qu’elle arrive ici, comme cela a été le cas pour
Varroa
, souligne notre confrère Olivier Esnault. Des tests génétiques sont en cours de lancement pour le vérifier.
» La surveillance est donc de mise à La Réunion, avec l’aide notamment de ruchers écoles équipés de pièges à huile, vérifiés tous les trois mois.
•
1 Cela équivaut à une augmentation de la mortalité de 11 350 % !
2 La Réunion compte 500 à 600 apiculteurs, dont une centaine de professionnels, pour une population estimée de 13 000 à 20 000 colonies.
3 Du thymol en juillet et de l’Apivar® en décembre.